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Maurice
Carême Poète
Wavre 12.05.1899 - Anderlecht 13.01.1978 |
Ce texte est extrait de
l'ouvrage
Cent Wallons du siècle
Institut Jules Destrée,
Charleroi, 1995
Index |
Poète à 15 ans, instituteur à 19 ans,
Maurice Carême renonce à sa deuxième vocation (1943) pour s'adonner tout entier
à la première. Poète de renommée internationale, il a vu son œuvre traduite en
de nombreuses langues.
Après s'être occupé de La Revue
indépendante, Carême collabore à la revue Anthologie de Georges Linze puis entre
à La Revue sincère (1922). Il y côtoie Max Elskamp, Adolphe Hardy, Georges
Simenon, Jean Tousseul, notamment, et publie son premier recueil, 63
Illustrations pour un jeu de l'Oie, dont les premiers poèmes remontent à 1917.
Après une période empreinte de surréalisme puis de futurisme (1926-1930), Carême
en revient à une poésie simple, enfantine et exquise. Cette voie-là, il ne
l'abandonnera pas : Poèmes de gosses (1933) mais surtout Mère (1935), son livre
fétiche, bien que d'un style hors mode et qualifié de "supernaïvisme",
recueillent un succès considérable (Prix triennal de Poésie 1937). Nombreux sont
ses poèmes qui ont été mis en musique par Albert Gossiaux (le tout premier),
Paul Gilson, Darius Milhaud, Francis Poulenc, Jean Absil (5 poèmes de la
Lanterne magique sous le titre Printemps), Raymond Chevreuille, notamment, et
largement diffusés par le disque.
Après la Seconde Guerre mondiale, Carême
poursuit dans la même veine et le même succès avec Femme, La Lanterne magique et
La Maison blanche. Les années 50 sont faites de tristesse pour le poète qui
retravaille son style. Sa poésie essentiellement simple décrit le monde, mais
interroge aussi souvent les mystères de l'homme. Du Prix Verhaeren (1927) au
Prix européen à Trente pour l'ensemble de son œuvre (1976), Carême a
pratiquement connu tous les honneurs. Peu avant sa mort, a été créée une
Fondation Maurice Carême (1975) qui publie une revue (1978).
On surprend le poète à chanter son Brabant
natal, lié au souvenir du père, où il se plaît à reconnaître une double
attirance culturelle :
Brabant de cœur wallon, au visage latin,
Mais à l'âme tournée vers le Nord légendaire.
(La maison blanche, 1949).
Semeur de rêves, voleur d'étincelles,
chemineau fantasque, fabulant à longueur d'année, Maurice Carême, sacré Prince
en poésie à Paris, est resté fidèle au roman pays qui lui avait conféré la
sérénité en même temps qu'une certaine gravité volontiers dissimulée. Ayant
toujours adhéré à diverses associations de défense wallonne (Fondation Plisnier,
Société des Amis de l'Art wallon...) comme il avait adhéré à celles de la
résistance clandestine sous l'occupation, il se reconnaissait volontiers une
identité wallonne, en ce sens qu'elle était éprise de justice et de liberté.
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