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Jean-Maurice
Dehousse Homme
politique
Liège 11.10.1936 - |
Ce texte est extrait de
l'ouvrage
Cent Wallons du siècle
Institut Jules Destrée,
Charleroi, 1995
Index |
Après des humanités traditionnelles à l’Athénée de Liège I (1948-1954),
Jean-Maurice Dehousse étudie à la Beverly Hills School (Californie 1955), puis
obtient le titre de docteur en droit à l’Université de Liège (1960) et est
porteur d’une licence spécialisée en hautes études internationales de la John
Hopkins University (1961). Aspirant FNRS (1962-1965), assistant à l’Institut
d’Études juridiques européennes de l’Université de Liège (1966-1971) et
professeur à l’École supérieure de traduction de Bruxelles (1965-1971), il est
délégué syndical FGTB du personnel scientifique de l’Université de Liège (avec
Guy Mathot et Urbain Destrée). C’est d’ailleurs en tant que représentant de la
FGTB qu’il participe à la préparation du Congrès de Verviers des socialistes
wallons et qu’il fait partie du groupe de travail animé par Freddy Terwagne. Le
Congrès revendique, notamment, la régionalisation de la Belgique.
Fils de Fernand Dehousse et de Rita Lejeune, Jean-Maurice Dehousse assure, dès
1961, le secrétariat de la Commission politique préparatoire au Congrès de
fondation du Mouvement populaire wallon. En 1962, il est vice-président de la
section de Liège Centre et membre du comité des Étudiants de Liège du Mouvement
populaire wallon. Lors du Congrès des socialistes wallons qui se tient à
Verviers (26 novembre 1967), il est très applaudi lorsqu’il utilise cette
formule : Nous disions socialistes d’abord, wallons toujours ! A présent,
nous disons : wallons d’abord... Signataire du manifeste La Wallonie dans
l’Europe (mars 1968), membre du Groupe de réflexion Bastin-Yerna créé en
1968, il répond à l’appel au rassemblement des progressistes lancé par Léo
Collard en participant à la rédaction du livre Quelle Wallonie ? Quel
socialisme ? (1971).
Attaché aux Services de Programmation de la Politique scientifique (décembre
1969), Jean-Maurice Dehousse est détaché au Cabinet de Freddy Terwagne, où il
devient chef de Cabinet-adjoint du ministre des affaires communautaires
françaises (1970). À la suite du décès de ce dernier et du départ de René
Godefroid, il devient chef de Cabinet de Fernand Dehousse (1971). Il participe
ainsi aux travaux de la première réforme de l’État qui inscrit dans la
Constitution le principe de la reconnaissance de l’existence des régions et des
communautés.
Élu député de Liège en 1971, il est dans l’opposition au moment de l’application
de la régionalisation provisoire. Il mène alors le combat à la fois contre ses
adversaires politiques au gouvernement - et notamment le Rassemblement wallon -
et contre ceux qui, au sein de son propre parti, manifestent des positions
wallonnes timorées. Percevant l’intérêt de certaines dispositions de la loi
d’août 1974, il se refuse à mener une politique d’opposition radicale,
contrairement à la FGTB wallonne. Très actif lors du congrès doctrinal que son
parti organise en novembre 1974, il encourage une régionalisation accrue de son
parti et apporte aussi une forte contribution à l’élaboration des projets de
réforme institutionnelle au sein du comité permanent des Fédérations socialistes
wallonnes. Wallon résolu, il contribue à l’orientation fédéraliste du PSB. En
février 1976, il prône un rapprochement entre le Rassemblement wallon et le PSB
et la constitution d’un large front fédéraliste wallon.
Devenu ministre de la culture française (1977-1978), Jean-Maurice Dehousse
actualise la loi sur les bibliothèques publiques, encourage la réalisation de
centres culturels et sportifs, et fait adopter un décret réglementant la
subsidiation des fédérations sportives ainsi qu’un décret réformant la RTB qui
devient RTBf. Parallèlement, dans l’entourage d’André Cools, avec Léon Hurez et
Guy Spitaels, il participe aux longues négociations portant sur la réforme de
l’État. Spécialiste en droit constitutionnel, disciple d’un fédéralisme dont les
principes fondamentaux ont été établis par Denys de Rougemont, Alexandre Marc et
Guy Héraud, héritier des hautes réflexions de son père Fernand Dehousse et de
celles de Freddy Terwagne, Jean-Maurice Dehousse contribue à faire inscrire dans
la Constitution une partie importante des revendications du Mouvement wallon.
Dans le premier gouvernement de Wilfried Martens et les diverses coalitions qui
se succèdent (avril 1979-septembre 1981), Jean-Maurice Dehousse devient ministre
des Affaires wallonnes et président de l’Exécutif wallon, alors composé à
l’intérieur du gouvernement national. Si l’on fait abstraction de la
régionalisation provisoire (1974-1977), il peut être considéré comme le premier
président d’un officiel gouvernement de la Wallonie. A ce titre, il contribue à
la mise en place de l’administration wallonne à Namur. Il s’agit alors de doter
la Wallonie de l’ensemble des instruments destinés à concrétiser les décisions
politiques wallonnes.
Défenseur de la cause fouronnaise, membre de Wallonie Région d’Europe (1987),
défenseur acharné d’une plus grande autonomie pour la Wallonie, il est désigné
ministre de la Politique scientifique dans le gouvernement Dehaene, en 1991.
Au sein du Parti socialiste, Jean-Maurice Dehousse se pose davantage encore à
partir de 1988 comme le leader d’un courant renardiste, préconisant un maximum
de compétences aux régions. Son influence se ressent dans les accords dit de la
Saint-Michel et de la Saint-Quentin qui modifient les structures de l’État, en
1993, dans un sens fédéral. Il assume d’ailleurs pendant cette réforme la
fonction officieuse de ministre francophone des Affaires communautaires.
Désigné bourgmestre de la ville de Liège, le 1er janvier 1995, il
abandonne le portefeuille de ministre de la Politique scientifique pour se
consacrer exclusivement à ses nouvelles fonctions maïorales. Élu député wallon
lors des premières élections directes au Parlement wallon, il renonce à ce
mandat pour la même raison. En juin 1999, il se présente comme premier suppléant
sur la liste socialiste aux élections européennes et, suite à la nomination de
Philippe Busquin comme Commissaire européen, devient député européen (15
septembre). Dans le même temps, il démissionne de ses fonctions de bourgmestre
de la ville de Liège et pose sa candidature à la présidence du PS. C’est Élio Di
Rupo qui est élu.
Paul
Delforge
Pour une
biographie plus complète, on se reportera à la notice qui lui est consacrée dans
l’Encyclopédie du Mouvement wallon, sous la direction scientifique de
Paul Delforge, Philippe
Destatte et Micheline
Libon, Charleroi, 2000, tome 1, p.
423-425.
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