|
Joseph
Jongen Compositeur et chef d'orchestre
Liège 14.09.1873 - Sart-lez-Spa 13.07.1953 |
Ce texte est extrait de
l'ouvrage
Cent Wallons du siècle
Institut Jules Destrée,
Charleroi, 1995
Index |
Elève au Conservatoire de Liège (il eut comme
maîtres Théodore Radoux, Sylvain Dupuis et Charles Daneels), il joue de la fugue et du
piano mais il se fait surtout remarquer par ses dons d'improvisation à l'orgue. En 1897,
le Prix de Rome de Composition (avec la cantate Comala) couronne de brillantes
études et le conduit dans divers pays d'Europe. Il rencontre notamment Richard Strauss.
Professeur à Liège (1902-1920) puis à Bruxelles (1920-1939), il devient directeur du
Conservatoire de Bruxelles (1925-1939). Directeur artistique de la Société des Concerts
spirituels (1919- 1925), répétiteur à la Société des Concerts populaires, il se
réfugie à Londres pendant la Première Guerre mondiale. Pour assurer son existence, il
donne de nombreux concerts de musique de chambre avec le Belgian Quartet qui lui valent un
très grand succès.
Pianiste, organiste, chef d'orchestre, il participe
à de nombreux concerts sans arrêter de composer. Son oeuvre comprend à la fois des
pièces symphoniques et de musique de chambre, ces dernières étant les plus nombreuses.
Il se consacre autant au piano qu'à la musique vocale, à l'orgue qu'à la musique
sacrée. Influencé d'abord par Richard Strauss puis par l'impressionnisme français avant
de se diriger vers le néo-classicisme, Joseph Jongen est considré comme un musicien
"post-franckiste". Il suit les schémas formels de l'école de César Franck
tout en y introduisant sa propre ingéniosité et originalité, mais à l'écart de la
musique moderne. Il se pose d'ailleurs de graves questions sur l'avenir de sa musique
lorsqu'il entend du Stravinsky, du Prokofiev ou du Schönberg.
La musique de Jongen est wallonne, et elle l'est
triplement : par son inspiration, par son esprit et par sa conception formelle. Les titres
seuls de certaines partitions, parmi les plus célèbres, en attestent déjà : Fantaisie
sur deux Noëls wallons (1902), Deux rondes wallonnes (1912), Impressions
d'Ardennes (1913), Hymne à la Meuse (1938), Deux paraphrases sur des Noëls
wallons (1941). C'est aussi sous la direction de Joseph Jongen que le Chant de la
Wallonie, dont Albert Mockel avait écrit les paroles et la musique, fut exécuté, lors
de la toute première réunion de l'Assemblée wallonne (1912).
Dans ses compositions, Jongen impose un esprit, une
ambiance "de chez nous", sans pour cela faire systématiquement appel au
folklore. Son écriture, si personnelle, est faite de logique et de distinction, de charme
et de vigueur, de mélancolie et de fougue, mais surtout de certains procédés qui font
dire immédiatement : "c'est du Jongen".
Ernest Closson aura pour lui cet éloge : On se
sent en présence d'un art infaillible, d'oeuvres sans fissure, écrites avec une sûreté
imperturbable : on reprocherait presque à l'auteur de "ne jamais rien rater".
|