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Godefroid Kurth Historien
Arlon 11.05.1847- Bruxelles 04.01.1916 |
Ce texte est extrait de
l'ouvrage
Cent Wallons du siècle
Institut Jules Destrée,
Charleroi, 1995
Index |
Né dans une région frontalière de la province de
Luxembourg, Godefroid Kurth pratique l'allemand jusqu'à l'âge de 8 ans. Instruit ensuite
en français, il sort de l'Ecole normale des Humanités de Liège (1868). Nommé
professeur de français à l'Athénée de Liège (1869-1872), il succède à Adolphe
Borgnet dans la chaire d'Histoire médiévale et d'Histoire de Belgique de l'ULg, peu
avant de décrocher un doctorat spécial en sciences historiques (1873). Alors que, depuis
longtemps, l'Allemagne avait développé les cours pratiques, l'enseignement de l'histoire
demeurait, en Belgique, fort théorique. D'initiative, Kurth est le premier à ouvrir de
tels cours à l'ULg. Cette véritable révolution sera ensuite imitée partout. En 1906,
il renonce à son enseignement et est nommé à l'Institut historique belge de Rome.
Sa réputation scientifique est consacrée par la
sortie de son premier grand ouvrage : Les Origines de la civilisation moderne
(1886), où il développe une thèse qui se retrouvera dans l'ensemble de ses travaux :
civilisation et christianisme sont inséparables. Historien de Liège, il a attribué à
Regnier de Huy la paternité des fonts baptismaux et développé un mémoire sur les
origines de la ville de Liège, sur Notger et trois volumes sur Liège au Moyen Age.
Membre (1898) puis secrétaire de la commission royale d'Histoire (1898), cofondateur de
la revue Archives belges (1899), spécialiste des Francs et des Mérovingiens, il
s'interroge sur les origines de la frontière linguistique. Sa thèse étayée par la
toponymie ne résistera ni au temps ni aux progrès de la science historique. Unioniste
convaincu, G. Kurth profite de sa démonstration pour mettre en garde contre les querelles
linguistiques qui pourraient être mortelles. Il rassemble d'ailleurs toutes ses idées
sur la Belgique dans La Nationalité belge.
Godefroid Kurth s'est fait le défenseur de
l'enseignement catholique. Il est aussi le fondateur du Deutscher Verein (1893),
association des Allemands de Belgique pour la défense de leurs droits linguistiques dans
les arrondissements frontaliers (Verviers, Bastogne, Arlon). En suivant l'Abbé Pottier et
à la suite de la publication de l'encyclique Rerum Novarum, il fait figure de
pionnier de la Démocratie chrétienne; il se présente aux élections législatives de
1894 et de 1903.
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