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Jean
Louvet Dramaturge
Moustier-sur-Sambre 28.09.1934 - |
Ce texte est extrait de
l'ouvrage
Cent Wallons du siècle
Institut Jules Destrée,
Charleroi, 1995
Index |
Jean Louvet reste profondément marqué par son
enfance vécue dans un milieu de mineurs et d'ouvriers. Engagé à l'armée durant trois
ans afin de pouvoir financer ses études en philologie romane à l'ULB (licence en 1957),
il est ensuite nommé professeur de français à l'Athénée de Morlanwelz. Mais
l'écrivain de théâtre, le dramaturge du quotidien qui bouscule le "ronron"
intellectuel ne tarde pas à s'exprimer.
A l'instar des surréalistes hennuyers surpris par
la question sociale au moment des grèves de '32, Louvet vit la grève de 60-61 comme un
choc. En attente d'histoire depuis une brève expérience existentialiste qui ne l'avait
pas convaincu, Louvet innove en construisant son oeuvre à partir de la question sociale,
dans son imbrication avec l'histoire wallonne et l'évolution des mentalités ouvrières.
Louvet remet en cause les schémas qui ont dominé l'Après-Guerre.
Il participe à la création du Théâtre
prolétarien de La Louvière qui regroupe des ouvriers et des intellectuels, et y
présente son premier écrit (1962). Dans la foulée, il signe L'an I qui est
monté en 1964 à Bruxelles par le Théâtre national, puis à Berlin-Est et en Flandre.
Pour des raisons politiques, idéologiques et culturelles, Louvet rencontre des
difficultés à être joué en Wallonie et, longtemps, il ne peut compter que sur le
mouvement "Jeune Théâtre" à Bruxelles pour donner corps à son oeuvre. Auteur
dramatique original, dont l'écriture est issue de sa terre natale, ce promoteur du
Manifeste pour la Culture wallonne (1983) est mieux connu en France que chez lui.
Sur fond de grève de 60, Le Train du bon dieu
montre l'échec des ouvriers qui ne savent pas manipuler le langage. Dans L'an I,
un ouvrier arrivé à la retraite fait le bilan afin de commencer sa vraie vie. Avec la
fermeture de son charbonnage, Julien T. se sent libéré d'un travail harassant, mais la
reconversion est pénible et l'homme s'interroge sur les bienfaits réels - ou le
désastre - qu'occasionnent les progrès technologiques (Mort et résurrection du
Citoyen Julien T.). Dans L'Homme qui avait le soleil dans sa poche, Lahaut, le
héros communiste assassiné, voit ses messages - qui ont jadis soulevé les foules -
tomber à vide et son sens du devoir tourné en dérision. Le Grand complot mêle
les événements présents à ceux qui se sont déroulés à Roux, en 1886, lors du
mouvement social qui souleva tout le bassin industriel wallon.
Pour
une biographie plus complète, on se reportera à la notice qui lui est consacrée
dans l’Encyclopédie du Mouvement wallon, sous la direction scientifique
de Paul Delforge, Philippe
Destatte et Micheline
Libon, Charleroi, 2000, tome 2, p.
1047-1048.
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