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Arthur
Masson Ecrivain
Rièzes-lez-Chimay 22.02.1896 - Namur 28.07.1970 |
Ce texte est extrait de
l'ouvrage
Cent Wallons du siècle
Institut Jules Destrée,
Charleroi, 1995
Index |
Fils de douanier, Arthur Masson passe sa jeunesse
le long de la frontière. A Forges, l'une des mutations de son père, la famille reçoit
la visite d'Alphonse Bayot, professeur de l'UCL qui s'intéresse au dialecte de la
région. Son influence sur l'orientation universitaire de Masson n'est pas négligeable.
Arthur Masson défend une thèse de doctorat sur La Bruyère (UCL 1922). Professeur à
l'Athénée et à l'Ecole normale de Nivelles (1922- 1946), il s'installe dans cette
ville. C'est là qu'il commence à écrire son Toine Culot. Un personnage qui
devient rapidement très populaire peu avant la guerre. Masson décrit des gens simples,
au grand coeur, de la Wallonie, plus spécialement de la vallée du Viroin. Partant de son
sol wallon, il atteint souvent à l'universel par la profondeur de ses analyses. Des
événements de sa vie se retrouvent dans son oeuvre : Toine dans la Tourmente
évoque clairement le sort qu'il partage avec une centaine d'otages lorsque, en décembre
1942, il est emprisonné à la citadelle de Huy, à la suite de l'assassinat d'un rexiste.
Il est relâché en février 1943.
Romancier profondément optimiste, son style
direct, clair, imagé fait souvent appel à des expressions wallonnes au suc
intraduisible. Il n'hésite pas à mélanger le style littéraire au langage parlé. Il
utilise une langue riche en adjectifs et en adverbes. Son récit est plein d'une
drôlerie bien populaire mais piquante et de bon goût, écrit notamment La Libre
Belgique, où il publie son oeuvre en feuilleton. Toine Culot est la partie la
plus connue de l'oeuvre de Masson qui hésite longtemps entre la poésie et le conte. Mais
parmi d'autres livres, Un Gamin terrible fut le plus grand succès de librairie en
1967. Installé dans la région namuroise après la guerre (Tailfer 1946), il écrit un
livre par an, et ce jusqu'à sa mort en 1970.
Toine Culot, que Arthur Masson fait naître
en 1888, est un Ardennais bien en chair, héros d'une saga en sept volumes, sortie de son
imagination nourrie de beaucoup d'observations de son environnement immédiat. Autour de
Toine, qui deviendra maïeur de son village de Trignolles (alias Treignes), gravite tout
un petit monde qui est à la Wallonie ce que sont à Marseille Fanny, César, Marius ou
Topaze : Tchouf-Tchouf, le médecin, Adhémar Pestiaux, le droguiste, l'Abbé Hautecoeur,
et T. Déome, le cousin, secrétaire communal, marchand de grains et chantre-amateur...
L'oeuvre d'Arthur Masson élabore une définition
du Wallon qui soit valable pour différencier les peuples de l'Europe occidentale, écrit
Marcel Lobet. A travers 20 livres savoureux, on discerne une intelligence wallonne où il
y a de la finesse et de l'esprit critique. Ces tendances rejoignent finalement le fonds
d'une humanité libre de s'affirmer et de se dépasser en sauvegardant un art de vivre
plus proche de la latinité que de la germanité.

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