|
Louis Scutenaire Ecrivain
Ollignies 29.06.1905 - Bruxelles 15.08.1987 |
Ce texte est extrait de
l'ouvrage
Cent Wallons du siècle
Institut Jules Destrée,
Charleroi, 1995
Index |
Docteur en Droit à l'ULB (1924), il s'inscrit au
Barreau et plaide au pénal (1931-1944). Il défend les délinquants. Après la guerre, il
entre comme fonctionnaire au Ministère de l'Intérieur où il reste jusqu'à l'âge de la
retraite, réussisant à ne pas perdre sa vie à la gagner. En fait Scutenaire ne
s'intéresse foncièrement qu'à l'écriture, surtout depuis 1926, année où il découvre
le surréalisme et surtout Paul Nougé.
Collaborateur à la revue surréalisre Distance,
il publie son premier recueil de poésie en 1927. Il rencontre Magritte, Marcel Lecomte et
Irène Hamoir..., la poétesse qui devient sa femme et qu'il célèbre à de nombreuses
reprises dans son oeuvre. Esprit insoumis, révolutionnaire, violent, destructeur de
tabous, toujours en révolte contre la société vache, il trouve dans le groupe
surréaliste de Bruxelles le lieu d'expression de ses pulsions. Un de ses moyens d'action
est l'écriture automatique.
Membre de l'Association culturelle révolutionnaire
(1933), collaborateur à Documents 34, il conduit poétiquement des entreprises
anti-littéraires, en usant du collage et du plagiat. En mai 40, Scutenaire fuit en
compagnie de sa femme, de Magritte et d'Ubac dans le sud de la France, à Carcassonne, où
ils retrouvent quelques grands artistes et intellectuels eux aussi en fuite. Scutenaire
rédige alors une sorte de journal de bord, rassemblant des historiettes, des maximes ou
des déclarations de sympathie pour la bande à Bonnot et le communisme : Gallimard
publiera le premier volume de Mes inscriptions (1945). Quatre autres volumes
sortiront trente ans plus tard.
Déçu du communisme dont il attendait beaucoup
(1947), il l'abandonne totalement et n'épargne pas Staline; déçu du surréalisme, dont
il regrette le côté commercial et le fait qu'il soit devenu une école, il s'en écarte
quelque peu : s'il est un mouvement qui fait penser à l'industrie sucrière, c'est
bien le surréalisme : peu de suc, beaucoup de pulpe. Collaborateur de la revue Les
Temps Mêlés que dirige le pataphysicien André Blavier, il écrit aussi pour Rhétorique,
Lèvres Nues et Vocatif. Outre ses Inscriptions, Scutenaire n'écrit
pratiquement plus que pour ces revues. Son oeuvre passe même inaperçue lorsque, en 1962,
Fréderic Dard prend sa défense et le réhabilite. Le Grand Prix spécial de l'Humour
noir viendra couronner en 1985 l'entreprise anti-littéraire de cet anarchiste de la
langue.
|