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Ernest
Solvay Chimiste, industriel
Rebecq -Rognon 16.04.1838 - Ixelles 26.05.1922 |
Ce texte est extrait de
l'ouvrage
Cent Wallons du siècle
Institut Jules Destrée,
Charleroi, 1995
Index |
Le jeune Solvay est un esprit curieux, mais une
maladie l'empêche d'entrer à l'Université. Il débute alors dans l'usine à gaz de son
oncle. Il y apporte maints perfectionnements, notamment la récupération de l'ammoniaque.
Une expérience lui permet d'obtenir du carbonate de soude. Conscient du parti qu'il peut
tirer de cette découverte, il prend un premier brevet (1861). Après d'innombrables
démarches et l'aide financière d'Eudore Pirmez, il réussit à mettre en route, à
Couillet, la fabrication industrielle du carbonate sodique, ce qu'on appela dès lors la
Soude Solvay, pouvant remplacer dans l'industrie le carbonate de sodium trop rare à
l'état naturel (1865). Après un départ difficile, la Société Solvay & Cie prend
progressivement une dimension internationale et devient l'un des géants de l'industrie
chimique. De 200 kg en 1865, la production journalière passe à 3 tonnes en 1867.
Son procédé nécessite du calcaire, de la houille
et du chlorure de sodium. Tout naturellement, Solvay fonde des usines là où il rencontre
ces matériaux. En Lorraine française d'abord, le brevet Solvay est ensuite exploité en
Angleterre, en Allemagne, aux Etats-Unis, en Autriche. C'est tout un empire industriel et
commercial qui est créé, novateur aussi dans ses méthodes : collaboration étroite
entre les diverses usines, contrôles stricts à chaque stade de la fabrication.
Grand capitaine d'industrie, il prend également
des initiatives sociales hardies: retraites ouvrières (1899), limitation du temps de
travail à 8 heures (1908), congés payés (1913), recyclage professionnel... Créateur de
nombreuses oeuvres sociales, mécène, il fonde le Comité national de Secours et
d'Alimentation (1914), qui joue un rôle considérable dans le ravitaillement de la
Belgique pendant la Grande Guerre.
Fondateur de l'Institut de Physiologie et de celui
de Sociologie à l'ULB, ainsi que des Instituts internationaux de Physique et de Chimie,
il est convaincu que le bonheur des hommes ne peut provenir que de la diffusion du savoir.
Tous les 3 ans, il réunit à Bruxelles un Conseil d'une vingtaine de spécialistes qui
discutent, entre eux, pendant une semaine, d'un problème d'actualité soigneusement
préparé par d'éminents rapporteurs. Ainsi, en 1911, le Conseil de Physique réunit-il
onze Prix Nobel (notamment Marie Curie, Einstein, de Broglie, Langevin, Rutherford).

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