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Eugène
Ysaye Violoniste
Liège 16.07.1858 - Bruxelles 12.04.1931 |
Ce texte est extrait de
l'ouvrage
Cent Wallons du siècle
Institut Jules Destrée,
Charleroi, 1995
Index |
Entré au Conservatoire de Liège à l'âge de 7
ans, il en est chassé quatre ans plus tard en raison de ses critiques envers
l'enseignement qui y est dispensé. Le hasard conduit Vieuxtemps à rencontrer le jeune
Eugène Ysaye. Impressionné par son talent, le maître verviétois le fait réadmettre au
Conservatoire, dans la classe de Rodolphe Massart. A quinze ans, Ysaye remporte son
Premier Prix au Conservatoire de Liège. Grâce à Vieuxtemps, qui lui octroie une bourse,
il part travailler à Paris sous sa direction (1877). Ensuite, à Bruxelles, il suit les
leçons de Wieniawski, soliste de la cour de St-Pétersbourg. Ysaye sera en fait le
continuateur de Vieuxtemps et, devenu célèbre, il défend et impose la musique de ses
amis et des jeunes qu'il aura, à son tour, reconnus. Il exerce ainsi une influence
déterminante sur la musique de son temps en Wallonie.
Organisateur d'un quatuor, créateur de l'Orchestre
des Concerts Ysaye, de la Société de Concerts symphoniques, Ysaye parcourt l'Europe et
l'Amérique à partir de 1883; il donne cent concerts par saison, comme chef d'orchestre
et violoniste virtuose; mais il repasse constamment par sa ville natale, par Bruxelles
(où il professe 12 ans au Conservatoire), par sa maison de campagne à Godinne-sur-Meuse.
Il a les plus grands comme partenaires : les Rachmaninov, Rubinstein, Clara Haskil, Pablo
Casals. Véritable étoile internationale, interprète de Bach et de Beethoven, il crée
les oeuvres les plus représentatives de son temps; il écrit de nombreuses pièces pour
violon mais ce sont surtout ses Six Sonates pour violon seul, qui constituent le
chef-d'oeuvre d'un homme à la fin de son automne, qui sait tout sur le violon et qui en
renouvelle la technique en même temps que l'expressivité. En 1937, il donne son nom au
concours qui deviendra le Concours Reine Elisabeth (1951).
Des problèmes de santé mettent un terme à sa
carrière de concertiste, mais non à celle d'enseignant et de compositeur. Resté veuf,
il épouse en secondes noces une jeune élève de 45 ans sa cadette qui le pousse à
réaliser un projet qui lui tient à coeur : la composition d'un opéra inspiré d'un
incident tragique auquel il a assisté dans sa jeunesse lors de violentes grèves à
Liège. Une femme avait été tuée en tentant d'éloigner une bombe placée par son mari
sous la fenêtre du patron. L'opéra Pier li Houyeu, dont le livret est en wallon,
est créé au Théâtre royal de Liège en 1931.

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