Auxiliaire social diplômé de l’Institut d’Études sociales de la province
de Liège, Gilbert Mottard travaille pendant vingt-deux ans à la ville de
Liège et devient auxiliaire social en chef ; élu conseiller communal
socialiste (1952), il devient d’emblée bourgmestre de sa commune de
Hollogne-aux-Pierres (1953-1970) et, à 26 ans, est alors le plus jeune
bourgmestre de Wallonie.
Vice-président du comité de Hollogne-aux-Pierres du Mouvement populaire
wallon (septembre 1961-1965), il est élu président du bureau
d’arrondissement du Mouvement (janvier 1964), au lendemain du
pétitionnement auquel il a apporté son concours. Défenseur des réformes
de structure et du fédéralisme, il participe à de nombreux meetings
wallons ; il dénonce la mise au frigo du pétitionnement par le
gouvernement, réclame le retour des Fourons en Wallonie et défend le
principe suivant lequel le MPW n’est ni un parti ni un syndicat
(hiver-printemps 1964). Il est aussi présent lors du congrès organisé à
Jambes, le 1er mars 1964. Lors d’une assemblée générale de la
fédération de Liège du Parti socialiste belge, Gilbert Mottard réclame
une fédéralisation des structures internes de son parti (1964).
Après la
chute du gouvernement Vanden Boeynants sous les cris de Walen buiten,
des élections anticipées sont organisées le 31 mars 1968. Gilbert
Mottard se laisse convaincre par André Cools de figurer sur les listes
du PSB dans l’arrondissement de Liège. Il est élu député
mais ne remplit ce mandat que durant trois années. Trois années
importantes cependant puisqu’il
contribue
avec son parti à la transformation de la Belgique unitaire.
Membre de la Commission des Affaires économiques, G. Mottard a notamment
été amené à examiner le projet 125 de planification et de
décentralisation économiques.
Comme député, il adopte la loi de décentralisation économique, dite Loi
Terwagne (15 juillet) qui
dote
notamment la
Wallonie d’un Conseil économique régional, d’une Société de
Développement régional et crée la section wallonne du Bureau du Plan.
Avec les autres parlementaires formant la majorité des deux tiers, il
adopte en décembre les nouvelles dispositions de la Constitution, comme
les articles 32 bis (création de groupes linguistiques au
Parlement), 38 bis (procédure de la sonnette d’alarme), 59
bis (reconnaissance des conseils culturels), 59 ter
(conseil culturel de langue allemande), 86 bis (parité
dans la composition du Conseil des ministres), 91 bis (statut
des secrétaires d’État), 107 quater (reconnaissance de trois
régions) ou 132 portant sur le transfert de l’Université catholique de
Louvain.
Bourgmestre de Hollogne, Gilbert Mottard contribue à la fusion
volontaire de Hollogne et de Grâce-Berleur et devient le premier
bourgmestre de Grâce-Hollogne (1971). Il entendait ainsi montrer
l’exemple. Depuis plusieurs années, en effet, surtout depuis le début
des années ’60, le
principe de la fusion était maintes fois évoqué lors de la constitution
des gouvernements, mais sa réalisation tardait à venir. Elle va
s’inscrire dans le prolongement de la réforme constitutionnelle de 1970.
Le 23 juillet 1971, le socialiste Harmegnies a fait adopter une loi qui
donne au gouvernement la mission de dresser le plan des fusions que
devra ratifier le Parlement. En quelque sorte, l’exécutif dispose en
cette matière de pouvoirs spéciaux. L’estocade est donnée. En août, un
« plan Costard », du nom d’un directeur au ministère de l’Intérieur,
réalisé par l’administration, est éventé dans la presse et est
rapidement mort-né. C’est à ce moment que Gilbert Mottard présente lui
aussi un projet, au nom de l’Union des Villes. Il n’a pas plus de
succès. Édouard Close ira aussi de sa proposition avant que l’équipe
Tindemans (composée de ministres catholiques, libéraux et du
Rassemblement) inscrive le projet de fusion dans sa Déclaration
gouvernementale et que le ministre de l’Intérieur de l’époque, le tenace
Joseph Michel, ne réussisse à faire passer le nombre des communes belges
de 2.359 à 589.
Entre-temps, le 29 septembre 1971 exactement, Gilbert Mottard a été
désigné comme gouverneur de la province de Liège (1971-1990), en
remplacement de Pierre Clerdent. Il abandonne alors son mandat de député
et sa fonction de bourgmestre de Grâce-Hollogne (qui sera reprise par
Alain Van der Biest après la fusion de Grâce-Hollogne avec
Bierset,
Horion-Hozémont et Velroux).
Membre du Conseil économique régional de Wallonie (1971), président et
administrateur d’une série d’institutions, le gouverneur s’interroge
notamment sur le rôle et l’utilité des provinces (1973 et 1980) et des
gouverneurs (1977), et contribue à l’organisation des festivités de la
principauté de Liège (1979-1980). En 1990, il démissionne de sa fonction
provinciale (Paul Bolland lui succède) et il devient ministre des
Pensions (2 mai 1990-7 mars 1992) où il succède à Alain Van der Biest,
lui-même appelé à succéder à André Cools comme ministre de la Région
wallonne.
Il
est le père de Maurice Mottard (bourgmestre de Grâce-Hollogne).
Paul
Delforge
Encyclopédie du Mouvement wallon,
Charleroi (Institut Destrée), t. II, 2000 |