Achille Chainaye naît à Liège dans la maison
familiale que ses parents possèdent au quai des Tanneurs. En 1877, il entre
à l’Académie des Beaux-Arts où il ne tarde pas à se révéler un sculpteur de
talent. Toutefois, à bout de ressources, il se lance dans le journalisme où
il signe sous le pseudonyme de Champal, nom d’un hameau situé près de
Poilvache. Après avoir écrit en 1884 dans Le Wallon des articles sur
l’art – à l’invitation de Célestin Demblon – , il rédige l’année suivante
une chronique artistique dans Le National belge avant de
devenir critique d’art à La Réforme où il signe ses premiers articles
vers 1886. Avec un constant souci de l’information en primeur, il fait
figure d’innovateur en mettant l’accent sur l’interview et en introduisant
le style direct dans des articles d’informations qu’il voulait rapides.
C’est aussi lui qui introduit l’idée d’apporter des illustrations dans le
journal. En décembre 1895, avec son frère Hector, il prend la direction de
La Réforme que vient d’abandonner Émile Feron. La même année, Achille
Chainaye en devient l’administrateur-délégué, poste qu’il occupe jusqu’à la
disparition de ce quotidien en janvier 1907. Sous la direction des frères
Chainaye, cet organe de la démocratie libérale plaide pour l’union entre
progressistes et doctrinaires. Vis-à-vis des socialistes, il préconise des
coalitions en période électorale. Durant ses dernières années d’existence,
il ouvre de plus en plus ses colonnes à la défense de la cause wallonne.
Ensemble, les frères Chainaye ont restructuré le journal et lui ont donné
une ligne politique strictement radicale qui les a écartés des principaux
responsables politiques libéraux. Après la liquidation de La Réforme,
Achille Chainaye travaille comme chroniqueur à La Meuse et au
Petit Bleu ; il représente ce dernier à la tribune de la presse de la
Chambre. Chroniqueur financier au quotidien La Chronique, il
collabore aussi à L’Autorité financière. Réfugié en Angleterre avec
sa famille en 1914, il se consacre à des œuvres de bienfaisance et collabore
à divers journaux dont La Belgique nouvelle et L’Indépendance
belge.
Achille Chainaye prend une part active au
congrès wallon de 1906, organisé à Bruxelles, par la Ligue wallonne du
Brabant. Il y présente un rapport dans lequel il s’oppose au projet
d’entente hollando-belge que préconisent à l’époque quelques propagandistes
et hommes de lettres flamands. Il réfute les arguments tant d’ordre
économique que militaire plaidant pour une telle union. Selon lui, la
Belgique n’a nullement besoin du concours des Pays-Bas pour continuer à
prospérer. En outre, cette entente ne manquerait pas de minoriser davantage
l’élément wallon au sein de l’État belge. Par la suite, il prend la plume à
diverses reprises pour combattre ce projet d’alliance comme en témoignent
ses articles publiés dans La Réforme du 11 août 1906 et dans La
Lutte wallonne des 6 et 13 août 1911.
En 1910, Achille Chainaye succède à Alfred
Colleye comme président de la Ligue wallonne du Brabant. Achille Chainaye
participe à la seule réunion de travail du Comité d’Études pour la
Sauvegarde de l’Autonomie des Provinces wallonnes, tenue à Bruxelles le 27
janvier 1911. Ce comité avait été constitué à l’initiative de la Ligue
wallonne de Liège en vue d’étudier la question de la séparation
administrative. En quelque sorte, il préfigurait l’Assemblée wallonne qui
sera créée en 1912 à l’issue du Congrès wallon de juillet.
Philippe Carlier