Après une année
de droit à Paris et l’obtention du titre de docteur en droit de l’Université
de Liège (1934), Pierre Clerdent devient le collaborateur de Paul Tschoffen
et s’inscrit comme avocat près de la Cour d’Appel de Liège (1934-1945). Au
soir des élections de 1939, le député Antoine Delfosse est nommé ministre et
il choisit Pierre Clerdent comme secrétaire particulier. Lorsque la Seconde
Guerre mondiale éclate, Pierre Clerdent est délégué du ministre à l’INR et
dirige son Comité permanent. Réfugié en France, il en revient en juillet
1940 et, à l’initiative d’Antoine Delfosse, il fonde l’Armée de Libération
dont il devient le chef national. Colonel de Résistance, président de
l’Union nationale et du Conseil national de la Résistance, résistant de
premier plan, il est nommé par le gouvernement belge à Londres,
administrateur de la Radiodiffusion nationale belge en territoire occupé. Au
lendemain du conflit, Pierre Clerdent tente l’expérience d’un nouveau parti,
l’Union démocratique belge, qui compte trois ministres sans avoir le moindre
élu. Suite à son échec électoral important, en février 1946, l’UDB est
dissoute.
Présent au
Congrès national wallon d’octobre 1945, Pierre Clerdent est surtout sensible
aux problèmes économiques de la Wallonie. Il contribue à la naissance et au
développement du Conseil économique luxembourgeois au moment où il est
gouverneur du Luxembourg (1946-1953). Gouverneur de la province de Liège
(1953-1971), il fonde la SPI (Société provinciale d’Industrialisation).
Président du Comité européen pour l’Aménagement de la Meuse, il est appelé à
présider le Conseil économique wallon à partir de 1962 et jusqu’à sa
première modification de structure institutionnalisant la concertation
régionale (1968). En tant que président du CEW, il lance un appel à l’union
de tous les Wallons car il estime que seul un front commun des Wallons
permettra de redresser l’économie wallonne (1965). En juin 1969, il lance un
appel à un nouveau civisme régional, non exclusif, largement ouvert au monde
extérieur et spontanément réceptif aux facteurs de progrès.
Car il est temps maintenant de bâtir
notre avenir autour
d’un programme et de définir, à partir de ses traits propres, la vocation de
la Wallonie.
En juin 1970, au Conseil économique de la province de Liège, il dénonce la
lenteur imposée à la Wallonie dans la création de centres de recherches et
de technologies nouvelles.
Son intérêt pour
l’économie ne l’empêche pas de se préoccuper des aspects culturels et
politiques de la question wallonne. Membre du comité de patronage du
deuxième Congrès culturel wallon qui se tient à Liège en octobre 1955, il
assure aussi la vice-présidence du CACEF. Au début des années soixante,
celui dont la mère est née à Mouland et le père à Visé, est interpellé par
la problématique fouronnaise. Président de la Députation permanente de
Liège, il organise une consultation populaire auprès des habitants de
Fourons (1963) mais, malgré le succès populaire et le résultat favorable au
maintien des Fourons en province de Liège, il doit se résoudre à voir
transférer six communes de “ sa ” province à celle du Limbourg.
Ayant démissionné
de son poste de gouverneur en 1971 pour des raisons de santé, Pierre
Clerdent est appelé à présider le conseil d’administration de la SA
Cockerill (1971-1981) ainsi que celui de l’Union minière et industrielle
(1973). Élu sénateur de Liège sur les listes du PRL (1981-1988), défenseur
du principe de solidarité Wallonie-Bruxelles, Pierre Clerdent devient le
défenseur le plus acharné du projet de passage du TGV en Wallonie et plus
particulièrement de son arrêt à Liège.
Paul Delforge