Après des études au Collège Saint-Servais à Liège, Émile Jennissen entre à
l’Université de Liège où il décroche un doctorat en droit (1902). C’est là
que naît son attachement pour la France, sa langue, sa culture et sa
civilisation. Il perfectionne d’ailleurs sa formation en droit en
accomplissant un stage chez un avocat de Paris, où il vit plusieurs mois et
fréquente le Palais et les Conférences littéraires (1906). Introduit dans
certains cercles politiques, où il côtoie notamment René Viviani et
participe à ses côtés à la bataille électorale de 1906, Émile Jennissen ne
cache pas ses affinités pour le parti Radical, républicain et anticlérical.
Dans les grandes revues françaises de l’époque, Jennissen signe quelques
articles où il évoque sa Wallonie.
Sans
être membre du comité organisateur, le jeune Jennissen participe au Congrès
wallon organisé à Liège à l’occasion de l’Exposition universelle, par la
Ligue wallonne présidée par Julien Delaite. S’il adopte la plupart des
résolutions proposées, il s’abstient cependant lorsqu’il s’agit d’imposer
l’apprentissage du français dans les écoles flamandes : il dit ne pas
comprendre comment la Wallonie peut se permettre d’imposer le français aux
Flamands. Par son opposition conjuguée à celle d’Albert Mockel et d’Oscar
Colson, notamment, il sème le doute parmi les congressistes wallons et
empêche les assises wallonnes de se terminer par une condamnation unanime de
la loi dite d’égalité de 1898. La sauvegarde de l’unilinguisme de la
Wallonie impose-t-elle le bilinguisme en Flandre ? Le congrès wallon de
1906, pas plus que celui de 1905, ne parviendra pas à répondre à cette
question.
En
1906 justement, Émile Jennissen publie un livre curieux et prophétique qui
s’intitule Le spectre allemand - France et Wallonie ; il y dénonce le
danger pangermaniste et son cri d’alarme s’adresse surtout à la Wallonie et
à Paris. En 1907, avec Hector Chainaye, Albert du Bois et Alfred Colleye,
Émile Jennissen lance Le Réveil wallon, un des premiers hebdomadaires
de défense wallonne. Organe de combat au service de la Fédération des forces
wallonnes, Le Réveil wallon, dans son programme inaugural, affirme
vouloir exposer et défendre les orientations des Congrès wallons de Liège en
1905 et de Bruxelles en 1906. Il détaille ensuite certains aspects qui lui
paraissent essentiels : affirmer la prédominance de la langue française ;
lutter pour que la Wallonie bénéficie de l’instruction primaire obligatoire
et gratuite ; protester contre la manière dont est tue ou mutilée l’histoire
de la Wallonie dans les manuels d’histoire officielle, etc. La dernière
partie du programme révèle la francophilie déclarée du Réveil wallon.
Durant les quelques mois d’existence du journal dont il a le titre de
directeur, Jennissen s’occupe d’une chronique destinée à mieux faire
connaître aux Wallons la France, sa vie culturelle et économique. De 1908 à
1910, Jennissen est secrétaire de rédaction de La Revue française,
dont Colleye est le rédacteur en chef.
Avocat à la Cour d’Appel de Liège, Jennissen fonde, dans cette ville,
l’association des Amitiés françaises (1909). Ce geste est loin d’être banal
à une époque où Guillaume II inspire un respect servile et où, surtout, la
troisième République subit les sarcasmes des nationalistes belges. Un peu
plus tard, il participe aux travaux du Comité d’Études radicales
franco-belge. Comme l’écrit René Pouret (L’Action libérale, juin
1949), il a été, sa vie durant, et jusqu’à son dernier souffle, un soldat
de l’idée française aux marches de l’est ; et un défenseur du libéralisme
démocratique, issu du grand mouvement de 89. En 1927, il se retire du
secrétaire général des Amitiés françaises pour l’ensemble de la Belgique,
mais il conserve la direction de la section liégeoise, très active dans
l’Entre-deux-Guerres.
Pendant de longues années (1905-1912), Jennissen multiplie aussi les actions
pour empêcher le détournement des trains express internationaux par
Visé, Louvain et Anvers, au détriment de Verviers et de Liège. Ses efforts
seront finalement couronnés de succès. En 1911, il affirme son respect à
l’égard des revendications flamandes même s’il ne partage pas du tout leur
orientation. Opposé au bilinguisme, il attire cependant l’attention des
Wallons sur les dangers de leur ignorance du flamand : ils seront écartés à
la fois des fonctions dirigeantes et seront de plus en plus étrangers à la
Flandre. Et Jennissen de se demander si la séparation administrative ne
serait pas la meilleure solution (1911).
Mesurant l’ampleur et la profondeur du Mouvement flamand, Émile Jennissen
élabore un projet de séparation politique et administrative des Wallons et
des Flamands, mesure essentiellement patriotique qui rétablira l’Union
après les déchirements. C’est ce projet qu’il défend au sein de la
section franco-belge présidée par Julien Delaite du congrès des Amitiés
françaises, qui se tient à Mons en septembre 1911, et lors de l’important
Congrès wallon de Liège, en juillet 1912. Le projet d’Émile Jennissen, que
l’on peut qualifier de fédéraliste, prévoit notamment la création d’un
Parlement flamand et d’un Parlement wallon. La séparation lui paraît
inévitable sauf une improbable régression du flamingantisme : Je ne veux
pas rechercher si les Flamands y trouveront leur compte mais il est bien
certain que les Wallons, maîtres de leur culture intellectuelle et de leur
argent, y auront d’énormes avantages. Le hideux “ bilinguisme ” d’à
présent les diminue, tandis qu’une Wallonie intangible qui fortifiera par
une éducation uniquement et profondément française les aptitudes raciques de
ses enfants, sera mieux armée pour l’effort concurrent de toutes les races.
Au Congrès wallon de 1912, il marque son accord sur le projet de
séparation administrative de la Wallonie et de la Flandre, en vue d’une
extension de son indépendance vis-à-vis du pouvoir central et de la libre
expansion de son activité propre. Il intervient au Congrès
(essentiellement culturel) de la Ligue wallonne de Liège, en 1913, parallèle
à l’Assemblée wallonne, où il présente un projet détaillé avec Julien
Delaite.
La
séparation, Émile Jennissen la justifie par des raisons morales, politiques,
économiques et linguistiques. Il considère que les aspirations de la
Wallonie sont méconnues et son essor entravé. Elle supporte depuis 1882
un gouvernement réactionnaire, qu’elle désavoue régulièrement à chaque
élection aux deux tiers de ses votes. Elle est écartée de la direction des
ministères, et des chiffres précis la montrent dépouillée de ses ressources
aussi bien que de son influence. Jennissen estime qu’il lui est
impossible de concevoir une Wallonie, riche et éclairée, acceptant
indéfiniment l’autorité d’une Flandre arriérée et hostile.
À
Bruxelles, Émile Jennissen fonde le Comité national wallon qui prépare la
présence des Wallons aux élections législatives. Quand la guerre de 1914
éclate, il gagne Paris, où Raymond Colleye le rejoint. Ensemble, ils fondent
le journal La Wallonie, puis L’Opinion wallonne (1917-1918,
1920-1921). Jennissen y signe ses articles sous le pseudonyme de Borgueres.
Particulièrement actif, il rencontre et revoit à Paris des parlementaires
français et contribue à la création du Centre franco-wallon. Il entre aussi
en contact avec quelques leaders flamands avec lesquels il établit les
prémices d’une entente wallo-flamande sur une base fédéraliste.
Membre de l’Assemblée wallonne (1912-1914, 1919-1923), il est, avec Jules
Destrée, à la tête des fédéralistes qui en démissionnent en juin 1923. Il
préconise la reconnaissance de deux régions autonomes (hormis en politique
extérieure) et Bruxelles ville libre. Si la Flandre refuse de s’allier
politiquement et militairement avec la France, Jennissen demande que la
Wallonie prenne ses dispositions pour éviter une revanche germanique. C’est
d’ailleurs sur sa proposition de statut linguistique à l’armée, déposée à la
Chambre en avril 1923, que la rupture s’est opérée avec les unionistes de
Joseph-Maurice Remouchamps. Fervent défenseur de la langue française,
Jennissen entend d’abord lutter pour sauver la Wallonie des menaces que font
peser sur elle les revendications flamandes. Lorsque la Wallonie sera de
civilisation française bien nette (…) alors elle exercera une
influence sur le pays flamand, et alors seulement Jennissen acceptera de
s’occuper des francophones de Flandre (La Terre wallonne, t. 1, n° 4,
1920, p. 176-179). Membre-fondateur de la Ligue d’Action wallonne
(1923), Jennissen rejoint l’équipe du journal La Barricade dont il
devient membre du comité directeur. Son modèle fédéral est clairement
défini : deux régions autonomes, excepté en politique extérieure, et
Bruxelles, ville libre. La Wallonie purement française et la Flandre…
ce qu’elle veut.
Après l’Armistice, Émile Jennissen se montre toutefois plus modéré
qu’avant-guerre. La guerre est venue, qui a changé beaucoup de choses. Il
n’y a plus de gouvernement de droite, les ministères ne sont plus
monopolisés par les Flamands, le suffrage universel est instauré, les
réformes morales et sociales sont en cours. Il ne reste plus, contre notre
légitime influence, que le flamingantisme (…). Dès lors, Jennissen
affirme que la séparation ne se fera que si le peuple flamand rejette
délibérément toute influence française et wallonne, si ses mandataires,
exagérant ses droits à l’égalité, le dressent hargneusement contre nous,
comme un peuple élu qui voudrait en imposer à un peuple décadent. (…)
Il reste des possibilités de salut pour la Belgique unitaire : elles
résident toutes dans le respect de l’intégrité linguistique de la Wallonie,
dans le partage loyal des influences au centre des pouvoirs et dans le
développement libre de la langue française en Flandre, sans préjudice du
perfectionnement là-bas de la culture néerlandaise.
En
1926, soutenu par la Ligue d’Action wallonne, dont il est membre du comité,
Émile Jennissen dépose à la Chambre un projet de rectification de la
frontière linguistique. Présent à l’ensemble des Congrès d’Action wallonne
(1924-1930), il contribue à la définition du programme de la Ligue d’Action
wallonne. Lors du deuxième congrès (Liège, 1925), il présente un rapport
consacré aux Accords économiques franco-belges. En 1928, il s’oppose
à Georges Truffaut (partisan d’un rapprochement de la Wallonie à la France)
et parvient à faire adopter son projet, fédéraliste, par le congrès de la
Ligue d’Action wallonne. Convaincu que les lois linguistiques votées en
faveur des Flamands n’ont été que des apéritifs qui ont saoulé un
Mouvement flamand devenu négation de l’unité belge, Émile Jennissen ne
voit que dans l’autonomie, au moins culturelle, des deux peuples qui forment
la Belgique le salut de cette dernière (1929). À l’occasion du septième et
dernier congrès de la Ligue d’action wallonne (1930), la motion finale
reprend l’idée de Jennissen relative à la nécessité de constituer
dans les deux Chambres un bloc wallon qui agisse au-delà des partis sans se
soumettre à aucun intérêt gouvernemental ou antigouvernemental. Prônant
l’option fédéraliste, il souligne qu’il s’agit là de la dernière chance de
la Belgique, avant de laisser les courants plus radicaux prendre le dessus
(1930).
Militant de la Concentration wallonne, Jennissen prend la parole lors de
plusieurs congrès. Il est l’un des trois rares parlementaires à participer
au premier congrès de la Concentration wallonne en 1930. Son intervention
sera particulièrement remarquée ; s’en prenant au groupe du Tocsin
qui a noué des liens avec le groupe flamand Internatia, Jennissen soutient
l’idée que la Wallonie possède en elle-même la force nécessaire à son
émancipation et qu’elle n’a nul besoin d’appuis extérieurs. Le salut est
en nous. Savoir ce que nous voulons, voilà notre mot d’ordre, conclut-il
avant d’être longuement applaudi. À la suite du congrès, il devient membre
de la commission créée par ce mouvement afin de rechercher, dans le cadre de
la Belgique, la forme institutionnelle destinée à solutionner le différend
wallo-flamand. Après quelques mois de travaux, le choix de la Commission se
porte sur le projet fédéraliste, seul moyen d’encore maintenir unis, dans
le cadre de la Belgique, les deux peuples, en fait séparés. Le projet
élaboré se présente comme un simple contrat à établir entre Wallons et
Flamands. Il prévoit la reconnaissance de deux régions, la Wallonie et la
Flandre, et du territoire fédéral de Bruxelles ; séparée par la frontière
linguistique, chaque région est autonome et délègue au pouvoir central les
seules compétences de la politique étrangère, de la défense nationale, de
l’administration de la colonie et de l’établissement d’un système douanier ;
quant à l’accès aux plus hauts grades de la hiérarchie administrative, il
est permis avec la seule connaissance d’une des deux langues régionales.
Lors du deuxième congrès de la Concentration wallonne (Liège, 18 octobre
1931), c’est Émile Jennissen, représentant la Ligue d’Action wallonne de
Liège, qui présente et défend le choix de la commission : un loyal essai de
vie commune. Il incite d’ailleurs les congressistes à se prononcer
rapidement sur un texte qui définit enfin le fédéralisme souhaité par les
Wallons.
Au
moment de sa création, il adhère à la Société historique pour la Défense et
l’Illustration de la Wallonie et participe aux travaux du comité de celle-ci
(1938-1940). Militant très actif tant par la plume que lors de conférences,
il n’a jamais cessé d’écrire que ce soit dans Le Journal de Liège
(1908), dans le Bulletin trimestriel du Comité d’Action wallonne de l’Arrondissement
de Liège (1923), La Barricade (GWA), Midi, La Patrie
française, Le Tocsin (1930), L’Action wallonne, La
Bataille wallonne (1932), Noss’Pèron, Quatorze Juillet…
Présent aux pèlerinages de Waterloo, Jennissen fait notamment une
intervention importante en 1933. Il donne aussi une multitude de conférences
à travers la Wallonie, avec une rare éloquence, un talent apprécié et des
attitudes d’homme cultivé et raffiné. Dans un style très “ Vieille France ”,
il expose ses vues qui constituent une doctrine nette et radicale ; sa
fidélité à une politique très rectiligne ne lui permettra cependant pas
d’occuper de hautes fonctions ministérielles.
Appelé à succéder à Paul Van Hoegaerden décédé, Émile Jennissen devient
député de Liège (18 octobre 1922-1939) ; membre du parti libéral où il
représente le courant des démocrates progressistes (défenseur du suffrage
universel, de l’école laïque et du service personnel), Jennissen ne manque
aucune occasion de défendre la cause wallonne et fédéraliste. Il convient de
souligner que c’est contre l’avis de son parti que Jennissen a soutenu au
Parlement le projet de recrutement régional à l’armée (1928). Pressenti pour
succéder à François Bovesse, devenu gouverneur de Namur (13 avril 1937), au
poste de ministre de la Justice, Jennissen est écarté au profit de Victor de
Laveleye ; le militant wallon Jennissen ne paraissait pas correspondre au
profil ministériel nécessaire pour défendre la loi d’amnistie finalement
votée (juin 1937). Lors de la formation du gouvernement Spaak en mai 1938,
le président de la fédération des libéraux de Liège est refusé par Léopold
III qui considère que Jennissen n’est pas représentatif des libéraux wallons
(Stengers J.,
L’action du roi en Belgique, 1996, p. 54).
En
raison de son désaccord par rapport à la politique économique générale du
gouvernement Spaak et au projet d’extension de la couverture de l’assurance
chômage, Max-Léo Gérard, ministre libéral des Finances, démissionne le 2
décembre 1938 et est remplacé à ce poste par le libéral bruxellois
Albert-Édouard Janssen. Suite au remaniement ministériel et à la
redistribution des portefeuilles (Joseph Merlot ne conservait que ses
fonctions de Ministre de l’Intérieur), il est fait officiellement appel à
Émile Jennissen qui accepte le poste de ministre de la Santé publique. Il
ignore à ce moment-là qu’un tourbillon va emporter le gouvernement et
surtout ses espoirs de faire avancer les dossiers wallons. En effet, bien
que le gouvernement ait nommé, le 7 novembre 1938, les membres de l’Académie
de médecine, ce n’est que le 21 janvier, jour de l’inauguration des
Académies flamandes, et de l’entrée en fonction de Jennissen, que l’opinion
publique apprend la nomination de l’ancien activiste Adriaan Martens. Les
lecteurs de L’Action wallonne connaissaient cependant la nouvelle
depuis le 15 janvier. Le libéral Mundeleer interpelle le gouvernement mais
Paul-Henri Spaak persiste dans sa politique. Le 2 février, la Chambre vote
une motion de confiance où, par 88 voix (majorité flamande) contre 86 et 7
abstentions, le gouvernement est mis en difficulté. Le 8 février, les
présidents libéraux de la Chambre et du Sénat exigent la démission du
docteur Martens. Le 9, les trois ministres libéraux du gouvernement
démissionnent, un cabinet Pierlot est formé le 21 février ; Émile Jennissen
n’en est pas. Non seulement il n’aura été qu’un ministre éphémère mais, en
plus, l’acceptation, par forme de solidarité gouvernementale, de la
déclaration ministérielle favorable au maintien du docteur Martens au sein
de l’Académie flamande, lui vaudra son élimination au poll du Parti libéral
liégeois, précédant les élections d’avril 1939. Enfin, il est à noter que le
ministre libéral Jennissen s’est rallié à la large majorité qui a voté, à
l’instar de tous ses amis libéraux notamment, contre la prise en
considération, le 2 février 1939, de la proposition de révision de la
Constitution déposée par Georges Truffaut, François Van Belle et Joseph
Martel.
Depuis son départ du Parlement, à la veille de la guerre, Émile Jennissen
cesse toute participation active au sein du Mouvement wallon. Pendant la
Seconde Guerre mondiale, il craint pour sa vie, traqué en tant que
franc-maçon par l’occupant et ses zélés collaborateurs. Auteur d’une
Brève histoire de l’Entre-Deux-Guerres (fin 1939 !), ouvrage dans lequel
il manifeste clairement son attachement à la France, il accepte néanmoins,
dans la clandestinité de participer à la préparation du congrès national
wallon de l’après-guerre (1943-1945). C’est lui notamment qui rédige le
texte de la première invitation. Membre du comité organisateur, en tant que
juriste, il a rassuré ses amis quant à leur liberté constitutionnelle
d’envisager le rattachement de la Wallonie à la France. Jusqu’en 1947, il
fait partie du Comité permanent du Congrès national wallon.
Conseiller communal de Liège (1926-1949), échevin à trois reprises, il est
révoqué par l’occupant allemand en date du 4 juin 1941 en même temps qu’Auguste
Buisseret. Le 7 septembre 1944, il retrouve un échevinat et est chargé de l’Instruction
publique. Émile Jennissen fait adopter par le conseil communal l’orthographe
définitive du nom de la ville de Liège. Jusqu’alors l’accent voguait entre
grave et aigu. Membre de Wallonie libre, il apporte sa contribution à son
journal et se montre un collaborateur actif du Gaulois. Au moment de
la suspension de ce quotidien wallon, il prend part à un meeting de
protestation organisé à Liège et prend la tête d’un cortège qui se rend
devant le Perron liégeois. Ses Tribunes libres dans L’Express
attestent de l’opiniâtreté du combat de Jennissen ; considéré comme un guide
moral par les jeunes militants wallons, Émile Jennissen s’éteint en laissant
un dernier article à L’Action libérale, dans lequel il traitait de
l’application du recensement et des nouveaux dangers courus par une Wallonie
définitivement minoritaire dans l’État belge.
Paul Delforge