Blessé à Anvers en 1914, le jeune Jules Mathieu
s’engage dans l’armée coloniale, devient auditeur militaire et termine la
guerre au rang de gouverneur militaire de l’Uganda. Au lendemain de l’Armistice,
il est l’un des leaders du “ Fusil brisé ” et fondateur de Jean Prolo.
Fils du Bâtonnier Frédéric Mathieu, docteur en
droit lui-même, avocat, banquier, Jules Mathieu devient conseiller communal
socialiste de Nivelles (1921), bourgmestre (18 septembre 1921-31 décembre
1926 ; 1er janvier 1933-13 avril 1937), député de Nivelles 16
novembre 1919-14 juin 1937), secrétaire de la Chambre (20 décembre 1921 - 6
décembre 1928) puis gouverneur de la province de Liège du 14 avril 1937 à sa
mort en 1943 ; Jules Mathieu s’était préoccupé du carillon et de la plaine
des sports de Nivelles, de la dépollution de la Vesdre, de la construction
du barrage d’Eupen, d’urbanisme et de tourisme en province de Liège. En
1935, il fut chargé par Léopold III de former le gouvernement dont Pierlot
deviendra le “ premier ministre ”. Ses querelles avec Paul-Henry Spaak sont
homériques. En 1940, à Toulouse, il est Commissaire royal aux Réfugiés.
Jusqu’à sa mort, en 1943, il reste l’un des rares interlocuteurs des Alliés
en pays occupé.
Dès 1920, Jules Mathieu défend des idées
proches du fédéralisme : Nous sommes prêts à vous laisser régler entre
vous le statut flamand de la Flandre ; laissez-nous régler comme nous
l’entendons le statut français de la Wallonie. Membre de l’Assemblée
wallonne en 1921, où il représente l’arrondissement de Nivelles, il est
l’auteur d’un rapport favorable au recrutement régional à l’armée (1923). Il
avait déjà affirmé son choix dans les colonnes du Peuple, en juin
1921. La discussion des conclusions de son rapport sera l’une des causes
immédiates du départ des fédéralistes de l’Assemblée wallonne. Jules Mathieu
accompagnera d’ailleurs les Jules Destrée, Émile Jennissen et autre Auguste
Buisseret au sein de la Ligue d’Action wallonne dont il partage les options
fondamentales : autonomie pour la Wallonie dans le cadre de la Belgique. En
1925, il dépose un projet de loi instaurant le recrutement régional à
l’armée.
Membre du comité de patronage du premier
congrès de la Concentration wallonne (Liège, septembre 1930), Mathieu
apparaît comme un défenseur ferme et tenace des droits et des intérêts des
fonctionnaires wallons. Lors de la discussion de la loi linguistique en
matière judiciaire, Jules Mathieu utilise une formule qui fera florès :
La Wallonie veut être jugée et administrée non seulement dans sa langue mais
par des gens de son terroir. Maire de la localité, il se fait un honneur
d’accueillir le Congrès de Littérature et d’Art dramatique wallons qui se
tient à Nivelles en 1926 ; il y accueille aussi le congrès de la
Concentration wallonne en 1935. Gouverneur de Liège, il reçoit les
congressistes wallons au palais provincial en 1938. Cette année-là, il est
membre du comité de patronage du premier Congrès culturel wallon qui se
tient à Charleroi.
Paul Delforge