C’est à la CGER qu’Eugène Pauly accomplit toute
sa carrière professionnelle. C’est là aussi que commence son militantisme
wallon. En 1931 déjà, Eugène Pauly décèle des risques de flamandisation
croissante de l’administration. Avec une poignée de Wallons décidés, il crée
alors l’Association wallonne du Personnel de l’État. Eugène Pauly devient
président, dès 1932, de sa section à la CGER. Il est aussi parmi les
fondateurs du Cercle wallon de Watermael-Boitsfort. Par ailleurs, il adhère
à la Ligue d’Action wallonne, où il est attiré par les idées de Georges
Truffaut, et il participe, au sein de l’Avant-garde wallonne, à une série de
meetings que donne l’abbé Mahieu en 1939 (Bruxelles, Jemelle, etc.). Avec
Maurice Bologne et Aimée Lemaire, avec Max Roos et Marcel Semal, il est
aussi l’un des dirigeants de la Jeune Garde wallonne de Bruxelles,
association de jeunes qui assurent la protection de l’abbé Mahieu pendant
ses déplacements (1938-1939).
Son action au sein de la section de l’Association
wallonne du Personnel de l’État à la CGER va croissant et, en 1938,
déplorant l’activité des syndicats traditionnels, Eugène Pauly participe à
la création du Syndicat wallon Chemins de fer – Finances – PTT – CGER et
devient président de son comité technique des Services publics. Il est
responsable de la propagande du Syndicat wallon et de son journal, La
Voix des Wallons. Mobilisé en 1939, Eugène Pauly est fait prisonnier de
guerre mais parvient à rentrer de captivité le 1er février 1941 ;
il est alors contacté par les dirigeants de la Wallonie libre clandestine et
il entre dans la Résistance. Durant son absence, le Syndicat wallon a été
dissous de même que l’Association wallonne du Personnel de l’État. Démarché
par des collaborateurs, il refuse avec ses amis de la CGER d’adhérer à l’UTMI.
Le 2 avril 1943, il est dénoncé, arrêté et incarcéré à Breendonck puis à la
forteresse de Huy jusqu’en juillet de la même année, moment où il est libéré
sans savoir pourquoi. Il poursuivra ses actions de résistance jusqu’à la
Libération, où il sera reconnu comme prisonnier de guerre, prisonnier
politique et résistant.
Après la Libération, Eugène Pauly est présent
au congrès national wallon des 20 et 21 octobre 1945, comme à tous les
congrès wallons qui suivront ; il devient membre du Comité permanent du
Congrès national wallon (1952-1971) et prend la parole lors du congrès de
1959. Il se prononce alors pour la fixation définitive de la frontière
linguistique. En 1956, il dénonçait sur les ondes de Radio-Namur le
transfert des entreprises wallonnes vers la Flandre. Ancien de l’Association
wallonne du Personnel de l’État, Eugène Pauly contribue avant tout à la
refondation d’un organisme de défense du personnel des services publics.
Membre fondateur de l’Association wallonne du Personnel des Services publics
dans l’immédiat après-guerre, il devient le président général de l’Association
du Personnel wallon et francophone des Services publics en octobre 1972 et
est plus particulièrement chargé des relations entre le comité central de l’APWFSP
et la section CGER. Il démissionne de toutes ses fonctions en 1984 pour
raison de santé. Il était aussi l’éditeur responsable du Combat wallon
ainsi que de Bruxelles-Français (1969-1983).
Membre du Comité central d’Action wallonne,
président du Comité d’Action wallonne de Bruxelles (1953-1957), Eugène Pauly
est membre de la commission créée par le Comité d’Action wallonne de
Bruxelles pour étudier quel sera le sort de Bruxelles dans un État fédéral.
Il étudie le programme élaboré par Édouard Flamme en compagnie de René Drèze,
Marcel Grégoire, Urbain Missaire, René Bourgeois, Jules Bonet, Jules Winand
et Edmond Donis (1953). Membre de l’Avant-Garde wallonne, membre du Front de
Défense de Bruxelles, ce haut fonctionnaire de la CGER est un Wallon de
Bruxelles avant tout soucieux des intérêts des francophones. Membre du
comité de la régionale de Bruxelles du Mouvement populaire wallon (juin
1961), membre du comité bruxellois d’Action wallonne (1962-1964), il est
membre de la commission chargée de l’organisation du Congrès d’Action
wallonne (Namur, mars 1963) d’où sortiront le Collège exécutif de Wallonie
et le pétitionnement. Le 20 octobre 1963, lors du deuxième congrès de
Wallonie libre, il évoque les rudes combats menés contre la centralisation
excessive et la volonté de flamandisation de Bruxelles. En guise de
conclusion, il déclare que si le gouvernement persiste à brimer les
Wallons et les francophones de Bruxelles, ils n’auront plus qu’à redevenir,
comme pendant la guerre, les soldats de la libération wallonne.
Président de la fédération et de la section de
Bruxelles de Wallonie libre (1945-1982), Eugène Pauly en est également le
secrétaire administratif (1968-1981) et l’éditeur responsable du journal
(-1981). En raison de ses très nombreuses années d’activités, il est élu
membre d’honneur du directoire de Wallonie libre (septembre 1981) et, en
1983, Wallonie libre lui décerne le Prix du Wallon de l’année. Membre du
directoire de Wallonie libre de 1953 à 1988, où il exerçait souvent les
fonctions de secrétaire, Eugène Pauly partage l’évolution politique du
mouvement qui, dans les années 1970-1980, passe du fédéralisme à
l’indépendantisme.