La question principale est celle de la création
d’un organisme centralisateur. Oscar Gilbert, président de la Ligue wallonne
de Charleroi, orateur principal sur ce point, préconise une fédération des
ligues wallonnes à opposer à l’organisation flamingante bien structurée. Un
comité d’arrondissement, un Comité provincial, un Comité central sont à
mettre en place, ils doivent vivre en harmonie constante avec l’Assemblée
wallonne, ne pas lui faire concurrence, mais mettre en pratique les
décisions qu’elle a prises.
De son côté, Désiré De Peron fait rapport sur
l’unification du programme des ligues de propagande. Pour le secrétaire
général de la Ligue wallonne du Brabant, à la fédération projetée, il faut
un programme d’action et un cadre. Faisant une distinction entre ligues de
combat et groupes d’agrément, il est d’avis de n’accepter dans une ligue
d’arrondissement que les sociétés de politique wallonne. Jacques Lejeune,
délégué de la société L’Immortelle préconise la création d’un
secrétariat général des ligues wallonnes. L’idée d’une fédération est encore
appuyée par Joseph Ramoux, vice-président de la Ligue d’Etterbeek. Jean
Roger, Laurent Dechesne, Simon Sasserath et Julien Delaite, par contre s’y
opposent. Le premier met en avant l’autorité morale que représente pour tous
l’Assemblée wallonne et rappelle l’ordre du jour par lequel elle a constitué
dans chaque arrondissement un Comité d’Action wallonne avec la collaboration
des organismes existants. Il invite à prendre exemple sur le Comité
constitué à Liège. Julien Delaite pour sa part, préconise le Congrès annuel
des ligues wallonnes comme moyen d’action. Les ligues doivent pouvoir agir
en toute autonomie dans leur arrondissement et se réunir pour agir dans des
cas déterminés. Une fédération ne serait que la copie de l’Assemblée
wallonne. Pour Gui Kaiser et Ivan Paul, c’est l’unification du programme des
ligues qu’il faut viser et non leur fédération. Ils déposent un ordre du
jour exprimant le vœu de voir toutes les ligues adopter pour programme les
décisions des Congrès wallons, et faire pour le surplus confiance à l’Assemblée
wallonne, responsable de la centralisation du mouvement.
C’est finalement l’ordre du jour formulé par
Émile Jennissen qui est adopté : Le Congrès de Verviers émet le vœu de
voir l’Assemblée wallonne activer la formation des Comités d’Action wallonne
dont la création fut décidée à la réunion de Liège, du 13 novembre 1913, en
vue d’organiser et unifier la propagande et les manifestations de la
politique wallonne ; assure pour le surplus l’Assemblée wallonne de son
entière confiance. Sera également transmis à l’Assemblée wallonne le vœu
de Gui Kaiser de voir l’Assemblée wallonne réviser sa composition, en tenant
compte des ligues wallonnes ou anti-flamingantes du pays entier. Il
s’agissait d’adjoindre aux mandataires politiques des représentants actifs
du Mouvement wallon.
Le deuxième point important à l’ordre du jour,
celui de l’attitude à prendre à l’égard des mandataires wallons aux
prochaines élections, est l’occasion d’un débat auquel participent Henrijean,
vice-président de la Ligue wallonne du Brabant, Sasserath, Gustave D’Andrimont,
Yvan Paul, Honinckx, président de la Ligue wallonne d’Ixelles, Remouchamps,
Hector de Selys et que résume M. Sasserath dans l’ordre du jour suivant :
Le Congrès émet le vœu :
– de voir les associations wallonnes et de
défense de la langue française organiser pendant la période électorale une
campagne intense en faveur des droits de la Wallonie et de la défense de la
langue française par des réunions publiques, par une intervention énergique
dans toutes les associations politiques et dans les meetings, par des
questionnaires adressés aux candidats ;
– de voir tous les militants
anti-flamingants entrer dans les associations politiques pour y soutenir les
droits de la Wallonie et de la langue française ;
– de voir disparaître des programmes
politiques le principe de l’égalité des langues.
Deux autres questions sont encore traitées lors
de ce Congrès wallon de Verviers ; celle de l’organisation de la
documentation et de la propagande, traitée par Fernand Mallieux et celle de
l’Exposition de Liège : le Congrès proteste contre le projet du gouvernement
d’accorder en 1920 une exposition à Anvers alors que la dernière exposition
a été organisée dans la partie flamande du pays et émet énergiquement le vœu
de voir l’Exposition de 1920 organisée à Liège. Il espère qu’en sa qualité
de wallon, le ministre compétent réalisera le vœu du Congrès.
Les vœux et ordres du jour émis par le Congrès
de Verviers sont étudiés lors de la cinquième session de l’Assemblée
wallonne qui se tient à Namur le 29 mars 1914. Ainsi, faisant suite au vœu
formulé par Émile Jennissen relatif aux Comités d’Action wallonne, l’Assemblée
wallonne vote une série de mesures destinées à accélérer l’organisation des
comités (mandat donné à un délégué d’arrondissement d’organiser à bref délai
un comité d’action local, proposition d’un règlement type pour organiser les
comités, rapport par les délégués sur l’exécution de leur mandat lors de la
prochaine réunion de l’assemblée). La proposition faite par Jean Roger de
constituer une Fédération des Comités d’Action est réservée.
Sur l’attitude à prendre vis-à-vis des
mandataires wallons lors des prochaines élections, l’Assemblée wallonne
rappelle d’abord que, comme telle, elle n’a pas à intervenir dans les luttes
des partis politiques. Toutefois, elle se doit d’agir par voie de conseil
auprès de ses membres et auprès des groupes d’action wallonne qui veulent
bien la consulter. Elle engage donc les groupes d’action à agir avec fermeté
tout en se maintenant sur le terrain neutre des intérêts de la Wallonie,
elle désapprouve la présentation de candidatures au nom d’un parti wallon et
recommande aux Wallons une action énergique dans le groupement politique
dont ils font partie. Un des moyens de cette action étant d’interroger les
candidats sur divers aspects de la question wallonne et de publier leurs
réponses, l’Assemblée wallonne charge six de ses membres (Destrée, d’Andrimont,
Remouchamps, Dechesne, Mockel et Dolphens) de rédiger un projet de
questionnaire qui sera mis à disposition des intéressés.