Premier congrès d’Action wallonne (Liège, 13-14
juillet 1924)
Deuxième congrès d’Action wallonne (Liège, 12 juillet
1925)
Troisième congrès d’Action wallonne (Liège, 10-11
juillet 1926)
Quatrième congrès d’Action wallonne (Liège, 9-10
juillet 1927)
Cinquième congrès d’Action wallonne (Liège, 7-8
juillet 1928)
Sixième congrès d’Action wallonne (Liège, 6-7 juillet
1929)
Septième congrès d’Action wallonne (Liège, 6 avril
1930)
Création de la Concentration wallonne et
réorganisation de la Ligue d’Action wallonne (1930-1932)
De La Barricade à L’Action wallonne
(1932-1933)
Tensions entre la Concentration wallonne et la Ligue
d’Action wallonne (1932-1937)
Un
programme wallon d’action (1937-1940)
Avant la Première Guerre mondiale, un Comité d’Action
wallonne rassemble, à Liège, les principales ligues wallonnes de
l’arrondissement. Il a été constitué pour être le bras actif de l’Assemblée
wallonne qui tente de susciter la création de pareils comités dans les
autres villes wallonnes. Pendant la Grande Guerre, toutes les associations
wallonnes cessent leurs activités. Après l’Armistice, certaines d’entre
elles réapparaissent. C’est notamment le cas du Comité d’Action wallonne de
Liège. Présidé par Jean Plomdeur, il renferme toujours les éléments les plus
radicaux tant de l’Assemblée wallonne que des ligues survivantes de
l’arrondissement de Liège. En 1920, l’Assemblée wallonne décide de dissoudre
ses comités d’Action wallonne. Le Comité d’Action wallonne de Liège décide
pourtant de poursuivre ses activités, en totale autonomie. Ses membres
participent néanmoins aux travaux de l’Assemblée wallonne, mais déjà des
divergences doctrinales se font sentir.
Au sein de ce Comité d’Action wallonne de
Liège, ce sont les responsables de la Garde wallonne (Auguste Buisseret et
Léon Clerx) et de la Jeune Garde wallonne qui se montrent les plus actifs.
Début 1923, la Garde wallonne fusionne avec la Jeune Garde wallonne
fédéraliste et les Comités Jeunes Wallons et devient la Garde wallonne
autonomiste. Le mensuel, La Barricade défend un programme unique. La
radicalisation des positions des jeunes militants wallons de ces mouvements
provoque, au printemps 1923, le divorce définitif entre le Comité d’Action
wallonne de Liège et l’Assemblée wallonne.
En juin, l’Assemblée, tiraillée depuis de
nombreux mois entre les modérés et les séparatistes, voit seize de ses
membres la quitter. Parmi eux figurent plusieurs délégués liégeois : Émile
Jennissen, Auguste Buisseret, Léon Clercx, Lucien Colson, Jean Roger et
Marguerite Horion-Delchef qui se retrouvent au sein d’une Ligue d’Action
wallonne. Une assemblée générale de la Garde wallonne autonomiste, convoquée
en novembre, étudie et approuve la fusion avec la Ligue d’Action wallonne.
Le Comité d’Action wallonne laisse alors la place à la Ligue d’Action
wallonne, même si la distinction ne sera pas toujours très nette, dans le
chef même de ses membres, entre Comité et Ligue d’Action wallonne (de
Liège).
Dans ces péripéties, la Ligue des Étudiants
wallons a joué un rôle unificateur. C’est elle qui a préparé un projet de
programme revendicatif et l’a ensuite soumis aux divers groupes existants,
leur demandant de se mettre d’accord sur son texte. À quelques détails près,
c’est ce projet qui est adopté par la nouvelle Ligue d’Action wallonne, le
16 novembre 1923. Ce programme est résolument autonomiste, une autonomie
conçue dans un cadre belge. Persuadé que l’unité nationale, fondée sur la
domination d’une race sur l’autre, serait impossible à conserver et à
défendre, la nouvelle Ligue affirme que la Belgique ne peut poursuivre
ses destinées que par l’union des deux peuples qui la composent, union basée
sur une indépendance réciproque et faite d’une entente loyale et cordiale,
position déjà développée par Jules Destrée dans sa Lettre au roi et
que l’on retrouvait, mot pour mot, dans le programme de l’Assemblée
wallonne, lors de la réunion constitutive d’octobre 1912. Le nouveau
groupement s’oppose à l’obligation d’un quelconque bilinguisme pour les
Wallons, réclame l’adaptation des structures de la Belgique en fonction de
la frontière linguistique, et partant la rectification des divisions
administratives, judiciaires et militaires de la Belgique en tenant compte
de la frontière linguistique, l’élargissement considérable de la compétence
des pouvoirs communaux, provinciaux et éventuellement régionaux, soit
l’autonomie de la Flandre et de la Wallonie dans la Belgique. Cette
autonomie, prônée dans un rapport rédigé par Auguste Buisseret, trouve à la
fois son assise dans le principe wilsonien du droit des peuples à disposer
d’eux-mêmes et dans une ébauche de fédéralisme régional, voire européen.
La Ligue d’Action wallonne crée et organise des
sections locales qui ont pour but d’aider son comité à réaliser son
programme par la propagande et le recrutement. Les relations entre la Ligue
et ses sections s’effectuent par le biais de rapports annuels comprenant
même des rapports comptables. Aux groupes déjà cités, vient s’ajouter l’Action
régionaliste, en avril 1924. Le comité directeur qui compte trente-trois
membres est modifié pour intégrer les nouveaux venus. En 1924, le comité de
la Ligue d’Action wallonne est présidé par Jean Plomdeur, les
vice-présidences sont occupées par Charles Fraipont et Jean Roger, tandis
que Léon Clerx est secrétaire, Lucien Colson archiviste, Georges Truffaut
trésorier adjoint, et parmi les membres, Marguerite Horion-Delchef, Émile
Jennissen, Defrecheux, Gui Kaiser, Auguste Buisseret (rédacteur en chef du
journal), Robert Vivier, Paul Horion, Léon Troclet, Georges Jarbinet et René
Pouret. En 1931, on rencontre notamment aux réunions du comité Jean Plomdeur
(président), Eugène de Warzée (secrétaire), Léon Clerx, Georges Truffaut,
Paul Henry, Justin Sauvenier, Alfred Motte, Lucien Motmans, Victor Van
Michel, Auguste Buisseret, Sohet, Eugène Niquet, René Tilman, Jules Denis,
Émile Jennissen, Charles Joniaux, Gui Kaiser.
À la Ligue d’Action wallonne peuvent adhérer
tout aussi bien les individus que les groupements, pour autant qu’ils
adoptent son programme. C’est ainsi que s’affilieront l’Avant-Garde wallonne
de Bruxelles, fédéraliste, et l’Union fédéraliste wallonne du Centre, d’Achille
Chavée. Rassemblant les mécontents de l’Assemblée wallonne, la Ligue d’Action
wallonne tentera de définir progressivement son programme politique.
L’évolution de la définition du programme politique de cette ligue
transparaît à travers les débats des sept congrès qu’elle organise de 1924 à
1930.
Les sept congrès d’Action wallonne (1924-1930)
Premier congrès d’Action wallonne (Liège, 13-14 juillet 1924)
Les 13 et 14 juillet 1924, la Ligue organise
son premier congrès et réunit quelque 200 participants parmi lesquels on
reconnaît Auguste Buisseret, Albert Mockel, Léon Clerx, Hubert Debarsy,
Julien Delaite, Georges Truffaut, Lucien Colson, Léon Troclet, René Pouret,
etc. Les résolutions adoptées portent sur une union douanière franco-belge,
s’opposent à la loi linguistique en matière administrative, aussi surnommée
loi Von Bissing, réclament une modification des limites provinciales
par rapport à la frontière linguistique (par la voie d’un referendum
populaire), optent pour une solution autonomiste c’est-à-dire fédéraliste,
appelant à l’union entre fédéralistes wallons et flamands.
Deuxième congrès d’Action wallonne (Liège, 12 juillet 1925)
Le deuxième congrès d’Action wallonne se réunit
le 12 juillet 1925, toujours à Liège. Les positions affirmées ne varient
guère ; la section politique met en évidence le principe du droit des
peuples à disposer d’eux-mêmes, et revendique un fédéralisme à trois.
Troisième congrès d’Action wallonne (Liège, 10-11 juillet 1926)
Le troisième congrès se tient encore à Liège
les 10 et 11 juillet de l’année suivante. Les positions s’y radicalisent.
Ainsi, le fédéralisme, bien qu’étant toujours une solution à envisager et à
revendiquer, avec l’accord des fédéralistes flamands, semble devenir, pour
certains (et notamment Georges Truffaut), difficilement réalisable ou
apparaît en tout cas comme une solution transitoire. La section politique du
congrès se prononce pour l’autonomie et considère qu’un rapprochement, de
quelque nature que ce soit, avec notre chère voisine la France, est
impatiemment attendu de tous. Deux tendances sont alors en présence au
sein de la Ligue : les partisans d’une autonomie pure et dure, c’est-à-dire
favorable à une réunion de la Wallonie à la France, et les modérés qui
veulent l’autonomie dans le sens fédéraliste du terme. Ainsi Georges
Truffaut rejette-t-il le fédéralisme : il faut s’entendre avec les
Flamands pour faire un contrat de divorce et non un contrat de mariage ;
selon lui, il faut regrouper les nationalités européennes et recourir au
referendum populaire pour y parvenir.
Pour Franz Foulon, si l’accord entre Flamands
et Wallons se fonde réellement sur un accord fraternel, et si, par leur
union, ils peuvent faire reconnaître leurs droits et leurs désirs qui
donc alors oserait dire encore que le Royaume-uni de Flandre et de Wallonie
est un État artificiel, et une simple création bénévole de la diplomatie ?
Foulon reste néanmoins très méfiant envers les Flamands qui sont
ondoyants tout en étant prêt à un rapprochement. Quant à Auguste
Buisseret, enfin, il trouve inacceptable la solution radicale de Truffaut.
Il pense que le rapprochement avec les fédéralistes flamands doit être
prudent car les autonomistes flamands ne sont comme nous qu’une minorité.
Ce troisième congrès voit également une innovation dans son organisation
puisqu’il est décidé que le samedi sera consacré au travail en sections, et
le dimanche, aux réunions plénières.
Quatrième congrès d’Action wallonne (Liège, 9-10 juillet 1927)
Depuis le mois de mars, c’est Eugène de Warzée
qui s’occupe du secrétariat de la Ligue et, de fait, de l’organisation des
congrès. Le quatrième congrès d’Action wallonne se tient les 9 et 10 juillet
1927 et s’occupe principalement de l’équipement économique de la Wallonie et
de la gestion de ses canaux, d’une union douanière avec la France et du
problème des langues à l’armée. La motion suivante est également votée.
Les membres du 4e congrès de la Ligue d’Action wallonne
réaffirment la volonté de ladite ligue de contribuer à la réalisation des
idées qui lui sont chères dans le cadre de la Belgique qu’ils veulent
renforcer et non pas affaiblir. Afin de dissiper une fois de plus la moindre
équivoque, ils considèrent que le statut suisse peut et doit être pris comme
modèle. On voit donc que la tendance dite modérée semble s’être imposée
au sein de la Ligue. Cette orientation va se préciser par la suite et causer
de nombreuses polémiques entre les militants.
Cinquième congrès d’Action wallonne (Liège, 7-8 juillet 1928)
Le cinquième congrès, qui se réunit les 7 et 8
juillet 1928, n’envisage plus une entente avec les fédéralistes flamands.
Ainsi la motion votée est-elle claire : rappelant les progrès constants
de l’impérialisme flamand en Wallonie, considérant que le fédéralisme
constitue une solution logique (…) donner satisfaction aux deux races
du pays sans compromettre l’existence de ce dernier… décide la
création d’une commission chargée d’étudier la réforme administrative et
d’examiner les possibilités de la réaliser. On est donc loin des
solutions radicales et immédiates préconisées par des membres comme
Truffaut, qui ne fait d’ailleurs plus partie du bureau du congrès. Les
tiraillements entre radicaux et modérés sont omniprésents et certains débats
sont houleux, les rappels à la discipline fréquents, la gravité de
l’heure présente exige l’union de tous les Wallons. Toute question de
doctrine doit s’effacer devant le péril commun.
Le fédéralisme est finalement choisi parce
qu’il est susceptible de contenter chacun. Cependant, les partisans d’une
réunion à la France restent bien présents : (…) et pourtant, on peut se
demander s’ils ne sont pas les plus clairvoyants : mieux que nous peut-être,
ils se rendent compte que les excès du flamingantisme, les illégalités des
bilinguiseurs, amèneront cette séparation et que l’on verra les Flandres se
fondre avec la Hollande tandis que la Wallonie reprendra sa place qui lui
fut enlevée en 1815 et retournerait à la France. Néanmoins, les
congressistes optent pour la patience et considère qu’il est important de
faire voter la proposition Jennissen portant sur la rectification de la
frontière linguistique.
À ce moment, La Barricade connaît des
problèmes financiers dus à la chute des annonces publicitaires ; des
tentatives pour constituer des commissions de travail se sont soldées par
des échecs, car elles ne réunissent pas assez de personnes ; le comité en
revient d’ailleurs à des séances hebdomadaires. Au cours des congrès, la
participation oscille entre 150 et 200 délégués, leur rayonnement est en
grande majorité liégeoise, excepté pour certaines gardes wallonnes.
La Ligue d’Action wallonne de Liège aborde un
nouveau virage. On la voit peu à peu s’essouffler, tomber dans les travers
de l’Assemblée wallonne : l’académisme, beaucoup trop de discussions, et
absence de décisions. En 1929, le malaise se ressent aussi bien dans La
Barricade, dont le nombre de pages est revu à la baisse tandis que la
périodicité passe de 12 à 10 numéros par an, que par le nombre des
démissions : Jean Delvigne (issu des Lycéens wallons), Georges Truffaut qui
quitte la direction de La Barricade, Pâris son poste de membre du
comité et de Warzée celui de secrétaire… On sait que certains reviendront
sur leur décision, mais ces manifestations montrent à quel point le malaise
est grand.
Sixième congrès d’Action wallonne (Liège, 6-7 juillet 1929)
Le sixième congrès, qui tient ses assises les 6
et 7 juillet 1929, en est la preuve. Il revêt en effet un aspect beaucoup
plus culturel et les motions votées n’ont guère de dynamisme. Cependant, les
participants sont conscients de la situation puisqu’ils décident la création
d’une Commission chargée de rechercher les bases d’une nouvelle politique à
suivre et d’élaborer un projet de nouveau programme. Cette Commission est
composée d’Auguste Buisseret, Pâris, René Pouret, Walter Thibaut et Jules
Breny, c’est-à-dire des représentants des différentes tendances.
Septième
congrès d’Action wallonne (Liège, 6 avril 1930)
C’est donc sur ces projets que se réunit le
septième et dernier congrès de la Ligue d’Action wallonne, le 6 avril 1930,
à Liège. À l’ordre du jour figurent deux points : l’exposé de la situation
générale et la révision du programme. L’idée directrice du congrès est de
réunir toutes les forces wallonnes pour faire bloc contre l’emprise
germanique, mais sans aucune intention révolutionnaire. Pour la
première fois, la ville de Liège lui accorde son patronage.
Les principaux orateurs du matin exposent leur
sentiment sur le premier point de l’ordre du jour. René Pouret estime qu’il
est impératif de poursuivre la lutte en faveur de Bruxelles, Paul Henry
(Ligue wallonne de Seraing) opte pour des solutions plus radicales : il
ne reste dès lors que deux solutions : l’indépendance de la Wallonie ou sa
réunion avec la France. Eugène Duchesne prône l’unilinguisme de la
Wallonie et la liberté du choix de la seconde langue par le chef de famille.
Georges Truffaut estime qu’il faut absolument une révision de la
Constitution pour sauver l’intégrité française de la Wallonie, tout autre
système mettant la Wallonie en danger. Émile Jennissen pense que, sur le
plan parlementaire, nous ne réussirons rien du tout (…) car il y a
trop peu d’énergie wallonne dans les partis. Une dernière tentative devrait
être la constitution d’un bloc wallon aux deux Chambres. Si cette tentative
échoue, il nous resterait à passer à l’action dans un domaine nettement
séparatiste, régionaliste. Enfin, Léon Troclet trouve que Le malheur
du mouvement wallon, c’est de se laisser entraîner dans un belgicisme périmé
et de manquer d’idéal (…) quant au rattachement à la France,
N’en parlons jamais, mais pensons-y toujours.
La motion finalement votée reprend l’idée de
Jennissen, tout en mettant les dirigeants politiques en garde ; (…) le
septième congrès d’Action wallonne, (…) insiste à nouveau sur la
nécessité urgente de constituer dans les deux Chambres un bloc wallon qui
agisse au-delà des partis sans se soumettre à aucun intérêt gouvernemental
ou antigouvernemental, (…) décide que ce vœu sera adressé aux
parlementaires wallons et aux associations politiques, en attirant leur
sérieuse attention sur les inconvénients graves que représenterait la
persistance du légitime mécontentement de l’opinion wallonne.
L’après-midi, les congressistes se retrouvent
pour étudier les propositions de nouveaux programmes. En fait, trois
solutions sont possibles : le fédéralisme, l’autonomie wallonne ou le
rattachement à la France. Une fois encore, les discussions sont vives et les
oppositions identiques : Truffaut et Jean Baar optent pour des solutions
radicales, les autres sont plus modérés. Au terme des débats, l’option
fédéraliste sort victorieuse et est adoptée par le congrès, tout en
insinuant que cette dernière pourrait ne pas être suffisante : L’Action
wallonne proclame le droit pour la Wallonie, d’user, si la sauvegarde de
cette intégrité l’exige, de la faculté reconnue à tout peuple de disposer
librement de ses destinées, indépendamment des traités imposés par la
diplomatie anti-française de 1814-1815.
Création de la Concentration wallonne et réorganisation de la Ligue d’Action
wallonne (1930-1932)
En avril 1930, dans le prolongement d’un
congrès qui est parvenu à définir les grands axes d’un programme, la Ligue
se dote d’un comité central, qui remplace en fait le Comité d’Action
wallonne et qui devient l’organe directeur de la Ligue. Afin de rassembler
un maximum d’associations au sein d’un même groupement, ce comité central
prend l’initiative de créer la Concentration wallonne et décide
l’organisation d’un congrès qui s’inscrirait à la fois dans le cadre de l’Exposition
internationale de Liège et dans celui du centenaire de l’indépendance de la
Belgique. Le Comité d’Action wallonne avait aussi la volonté de céder le
relais, d’abandonner la direction générale du mouvement pour ne se
concentrer que sur la gestion d’activité dans la région liégeoise,
essentiellement au travers de son journal.
Le premier congrès de la Concentration wallonne
tient ses assises les 27 et 28 septembre 1930 dans la Cité ardente. Il est
caractérisé par la volonté de regrouper toutes les tendances du Mouvement
wallon d’alors. François Van Belle propose en effet de créer une Commission
permanente qui maintiendrait le contact entre les divers groupements
wallons. Le congrès du 18 octobre 1931 donnera mandat à son bureau de fonder
un organisme de Concentration wallonne. Celui-ci verra le jour à Charleroi,
le 28 février 1932, après l’adoption de ses statuts par quarante-sept
groupements.
En ce qui concerne l’orientation politique du
congrès de 1930, la motion adoptée met l’accent sur l’intégrité française de
la Wallonie et la reconnaissance aux Flamands de leur identité propre. Le
congrès souligne que la solution doit être recherchée dans le cadre de la
Belgique et une Commission des réformes institutionnelles est créée dans ce
but. Il y aura en tout neuf congrès annuels de la Concentration wallonne
dont l’audience, jusqu’en 1936-1937, va aller grandissant et dont le
principal animateur n’est autre que la Ligue d’Action wallonne. De 1932 à
1939, les effectifs de la Ligue d’Action wallonne varieront de 740 (1932) à
1.153 membres (1933) et à un peu plus de mille de 1934 à 1936, avant de
redescendre à 700 de 1937 à 1939.
Sur proposition de Georges Truffaut, le Comité
d’Action wallonne fera le projet d’organiser un huitième Congrès d’Action
wallonne, à Liège, à l’occasion du trentième anniversaire du Chant des
Wallons mais l’idée sera reprise par la Concentration wallonne
naissante. La constitution de la Concentration wallonne ne va cependant pas
résoudre les problèmes de la Ligue. 1931 et 1932 sont des années difficiles
pour elle : son président Jean Plomdeur veut démissionner dès février 1931,
suite à des problèmes doctrinaux. Une lettre très probablement signée par
Eugène De Warzée est révélatrice : Votre départ serait un véritable
désastre, autant vaudrait, dans les circonstances actuelles, dissoudre l’Action
wallonne, car, seul, vous pouvez maintenir la concorde entre les membres à
tendances diverses de notre Comité. Plomdeur reviendra effectivement sur
sa décision mais temporairement. J-A. Lamoureux démissionne du comité car il
est en opposition avec l’orientation donnée et ses moyens d’action (Lettre
de Lamoureux du 22 février 1931).
Des problèmes organiques marquent l’année 1932.
Eugène de Warzée et Victor Van Michel surtout émettent des griefs dont le
principal est que le comité devient une auberge espagnole où entrent des
personnalités cooptées, aux options parfois très opposées. Eugène de Warzée
proteste contre le fait que le secrétariat du congrès de la Concentration
wallonne ne soit pas tenu par le Comité d’Action wallonne (réunion du 29
septembre 1931). Victor Van Michel constate, quant à lui, que les
discussions qui ont eu lieu ces derniers temps ont tellement empesté
l’atmosphère de l’Action wallonne qu’il est temps, je crois, de remettre un
peu d’ordre dans nos affaires. Ces derniers temps, on a coopté plusieurs
personnes qui me sont certes très sympathiques…, mais dont l’action
au sein du Comité me paraît singulièrement bizarre… D’un autre côté,
il me semble que l’Action wallonne s’oriente vers un programme qui s’éloigne
de plus en plus des décisions de notre septième congrès, décisions basées
sur le fédéralisme et nettement orientées en tout cas vers les solutions les
plus avancées… On peut finalement se demander si la place de ceux qui
ne dissimulent pas leurs sentiments est encore au Comité d’Action wallonne
(Lettre de Van Michel, 1932). Entre octobre 1931 et juillet 1932, sont
notamment entrés dans le comité : Jean Baar fils, Jules Conard, Ceba,
Maurice Firket, Jean Roger, Martini. On trouve encore comme membres du
comité : Lervis ( ?) (1933), Jean Lemans (1933), Henri Mardaga (1932), Léon
Maréchal (1933), L. Deneumoustier (23 octobre 1935). Lors de sa séance du 19
juillet 1932, le comité décide de fixer un nombre maximum de membres. La
cooptation de Georges Thone au comité provoque de vives réactions (26
juillet 1932) ; le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il ne fait pas
l’unanimité ! Il est coopté avec 10 voix pour, 4 contre et 2 abstentions
(séance du 26 juillet 1932). Suite à sa cooptation, de Warzée démissionne du
secrétariat de l’Action wallonne pour s’occuper de celui de… la
Concentration wallonne. Par ailleurs, des questions de primauté de militants
de l’Action wallonne au sein de la Concentration wallonne interviennent
aussi dans les débats. Quant à Jean Plomdeur, il démissionnera
définitivement de la présidence le 21 juin 1936 et sera remplacé par Auguste
Buisseret. Auprès de François Van Belle, il ne cachera pas que l’arrivée de
deux anciens membres de la Légion nationale lui déplaît souverainement
d’autant que, de 1932 à 1936, les statuts de la Ligue d’Action wallonne
n’ont plus été respectés : il n’y a plus d’assemblée, de renouvellement de
mandats ; Plomdeur considère que le comité se laisse tenter par les
tendances fascisantes de l’époque… (FHMW, Inventaire CW, 1931-1939, LAW,
Lettre de Plomdeur à Van Belle, 10 février 1936). La lecture du journal
L’Action wallonne aurait pourtant dû rassurer Plomdeur.
De La Barricade
à L’Action wallonne (1932-1933)
Quant au contenu du programme de l’Action
wallonne, il se précise ; ainsi, le comité liégeois définit-il sa position
sur la question de Bruxelles lors de sa réunion du 28 juillet 1931 :
Bruxelles est définie par les lois linguistiques comme l’agglomération
bilingue, c’est-à-dire la ville de Bruxelles et ses faubourgs sans les
cantons ruraux. Les habitants de l’agglomération bruxelloise auront la
nationalité bruxelloise, avec des dispositions transitoires leur permettant
d’opter pour la Wallonie ou la Flandre. Le conseil général de Bruxelles aura
les mêmes pouvoirs que les deux autres États. Bruxelles sera capitale
fédérale ; une autre ville sera choisie en Wallonie comme capitale wallonne.
Le comité définit ses résolutions pour le congrès de la Concentration
wallonne : deux États souverains (Wallonie et Flandre) et un territoire
fédéral bruxellois ; ces États délèguent des compétences à un pouvoir
central dans les affaires étrangères, défense nationale, colonies et
finances fédérales ; une assemblée dans chaque État et un conseil général à
Bruxelles ; un Sénat fédéral composé des délégués des trois Parlements
(20 Wallons, 20 Flamands, 5 Bruxellois) ; il y aura deux constitutions
nationales et une constitution fédérale ; trois nationalités avec
dispositions transitoires d’option (FHMW, LAW 1924-1940, PV des réunions, 22
septembre 1931).
Pour diffuser son programme, la Ligue d’Action
wallonne va abandonner le titre La Barricade et le remplacer par
L’Action wallonne, qui est édité chez Thone. Ce journal prend la forme
d’une coopérative, dont les statuts figurent au Moniteur de juin
1933. Les administrateurs en sont Auguste Buisseret, Georges Thone et
Maurice Firket. Dans L’Action wallonne, les rédacteurs et
collaborateurs ne craignent pas d’attaquer certains hommes politiques ou
certains groupements wallons (l’Assemblée wallonne et
J-M. Remouchamps par exemple) ; les caricatures publiées dans le journal
sont souvent virulentes et lui vaudront même d’être censuré. Ainsi, la
politique dite d’indépendance, la Légion nationale et le rexisme seront les
cibles favorites du journal. La publication restera la principale activité
du mouvement jusqu’en 1938. À ce moment, Georges Thone charge Fernand
Schreurs d’une action de propagande. Cette nouvelle démarche intervient au
moment où le conflit entre la Concentration wallonne et la Ligue d’Action
wallonne est largement ouvert.
Tensions entre la Concentration wallonne et la Ligue d’Action wallonne
(1932-1937)
Alors que le quatrième congrès de la
Concentration wallonne se prononce sur un programme minimum d’actions,
réunissant ainsi la majorité de ses groupements mais mettant également en
évidence des tiraillements internes, ce n’est qu’en 1936 que les dissensions
se font réellement jour entre Liège et Charleroi. En effet, lors du septième
congrès, la révision des statuts est inscrite à l’ordre du jour. Cette
révision tend à modifier la structure même de la Concentration et surtout à
y relativiser le rôle de la Ligue d’Action wallonne, et à placer Charleroi
sur un plan d’égalité. Il s’agit de la création des centrales de propagande
wallonne et des fédérations régionales. On sait qu’à Liège, la Centrale de
Propagande wallonne ne fonctionna jamais, certains responsables liégeois
profitant d’elle pour faire la propagande du Front démocratique wallon
plutôt que celle de l’Action wallonne. De même, les journaux La Wallonie
nouvelle et L’Action wallonne sont maintenant placés sur le même
pied. En fait, les modifications de statuts donnent satisfaction aux ligues
de Charleroi, tout en mécontentant des Liégeois très attachés à leur
indépendance. Les Liégeois supportaient mal de recevoir des directives de
Charleroi (La Nouvelle Revue wallonne, t. IX, n° 4, p. 194,
témoignage de Fernand Schreurs).
En 1936, un autre fait d’importance est la
création du Front démocratique wallon, groupe de l’abbé Mahieu constitué
pour faire face au parti de Degrelle. Le Front refusera de se laisser
absorber par la Concentration wallonne qui concèdera à le reconnaître comme
organisme autonome. À partir de ce moment, la rivalité entre Liège et
Charleroi ne fera que croître.
Petit à petit, les relations se dégradent au
sein de la Concentration wallonne. En 1937, François Van Belle décide de
quitter la présidence, officiellement pour raisons de santé, officieusement
pour cause de découragement. En fait, l’obstacle rencontré par l’Action
wallonne – c’est-à-dire la multiplicité des positions – se retrouve au sein
de la Concentration wallonne. L’abbé Mahieu succède à Van Belle, tout en
conservant, au début, la présidence du Front démocratique wallon, et la
direction de La Wallonie nouvelle. Rapidement la rivalité entre cette
dernière et L’Action wallonne s’intensifie.
La cristallisation pratiquée par Charleroi
autour de la seule personne de l’abbé Mahieu gêne les “ Liégeois ”. L’abbé
faisait figure de tribun, c’est incontestable ; son dynamisme, allié au
prestige de sa robe, électrisait les salles, ses affirmations démocratiques
et anticléricales lui donnaient l’avantage de l’originalité, tandis que sa
passion contre le rexisme et contre Léon Degrelle lui valait d’inspirer
confiance aux troupes de l’extrême gauche, mais l’abbé Mahieu est aussi
dépourvu du sens politique le plus élémentaire et ses incartades sont
nombreuses… d’autre part, ses accointances avec les communistes, ou
des organismes à direction communiste sont manifestes, estime-t-on dans
les milieux de la Ligue d’Action wallonne. En fait, le problème le plus
important provient du fait que le mouvement wallon se personnifie en sa
seule et unique personne.
De la critique de l’action menée par l’abbé
Mahieu naîtra, le 7 mai 1939, une Ligue d’Action wallonne du Hainaut, qui se
veut le pendant de l’Action wallonne de Liège. L’objectif est aussi de
rassembler tous les Wallons contre les entreprises sournoises de
l’impérialisme flamand, notamment en s’opposant au bilinguisme, en
réclamant la rectification du tracé de la frontière linguistique, en créant
un Conseil économique wallon, en développant une politique de grands travaux
et en rejetant la politique de neutralité (Vérité, n° 5, 15 juin
1939).
À Liège, Georges Thone exerce une influence
considérable et incontestable. À partir d’octobre 1937, c’est lui qui
remplace Auguste Buisseret à la présidence de la Ligue. Ce changement n’est
sans doute pas sans rapport avec la politique adoptée par L’Action
wallonne. Déjà en 1935, Georges Thone avait fait connaître sa position.
Le stade du fédéralisme est dépassé ; il faudra choisir entre l’annexion à
la France, l’autonomisme wallon ou le statu quo. Cette dernière
formule est rejetée immédiatement ; dès lors, seules les deux autres font
objet d’un débat. Conscient de la portée de telles options, le Comité d’Action
wallonne opte pour une formule plus vague qu’il se propose de défendre au
congrès de la Concentration wallonne de 1936 : la séparation avec les gens
du Nord, sans spécifier ses modalités (FHMW, LAW, Compte rendu de la réunion
du 23 octobre 1935 du Comité d’Action wallonne).
Mais davantage que les idées, c’est l’ambiance
qui envenime les rapports entre les hommes. Ainsi, le 8 novembre 1938, le
Comité central de la Ligue décide-t-il de quitter la Concentration wallonne.
L’Action wallonne a, en effet, une politique de très grande envergure à
mener. Non seulement sur le terrain extérieur…, pas seulement non
plus sur le terrain traditionnel qui consiste à gagner à notre cause
l’opinion parlementaire, mais encore dans la sphère plus limitée de
l’agglomération de Liège, où des problèmes économiques très importants sont
apparus. Nous avons besoin, plus que jamais, de tous les concours, et
particulièrement de ceux du monde industriel et commercial. Or, disons-le,
dans ces milieux, la Concentration wallonne n’est pas sympathiquement
appréciée… Quand la Ligue d’Action wallonne, en 1930, a pris
l’initiative de créer Concentration wallonne, elle avait conscience d’avoir
fait œuvre utile en substituant l’unité à la dispersion des efforts. Et,
certes, la collaboration fut réelle sous la présidence de François Van Belle…
Il importe aujourd’hui de sauvegarder notre prestige et notre autorité, de
reconquérir notre indépendance, tant morale que politique, d’être à l’abri
de tout reproche et de toute suspicion, qu’ils soient rendus publics ou
qu’ils ne le soient pas. Outre l’absence de sens politique de l’abbé
Mahieu, le comité de la Ligue d’Action wallonne regrette de n’avoir pas été
invité au premier Congrès culturel wallon en raison du veto de la
Concentration wallonne à l’encontre de l’Assemblée wallonne. En rompant avec
la Concentration wallonne, la Ligue d’Action wallonne envisage de nouer des
liens avec l’Association culturelle wallonne issue du Congrès culturel
wallon, même si ses rapports avec l’Assemblée wallonne ne sont pas des
meilleurs.
La Ligue veut aussi lutter contre la
multiplicité des petites ligues qui rend le Mouvement wallon peu crédible
et confus. La création du Parti nationaliste wallon est une autre cause
de rupture entre la Ligue d’Action wallonne et la Concentration wallonne car
ces hommes dont la patience est ébréchée, des hommes aussi dont
l’ambition se gonfle outre mesure en ce moment de velléités de fonder un
parti nationaliste wallon, ils vont chercher leurs enseignements chez les
extrémistes flamands… Il y a des erreurs qu’on ne renouvelle pas, il
y a des aventures dont on doit se garder s’il faut les courir n’importe
comment et avec n’importe qui. Par ailleurs, la renaissance ou la
création de Ligues (1937-1938) dans l’agglomération liégeoise donnent lieu à
de nouvelles querelles. Au centre de celles-ci, Eugène Duchesne, les
conflits au sein de l’Office de Propagande et l’appellation des Ligues. La
Ligue d’Action wallonne reproche en effet au premier cité de privilégier la
Concentration wallonne et constate que la plupart des nouvelles ligues, en
portant le simple nom de “ Ligue wallonne de… ”, ne font pas explicitement
référence à la Ligue d’Action wallonne. Aux yeux des militants de la base,
l’Action wallonne apparaît comme un Club tandis que l’abbé Mahieu est
apprécié comme tribun, proche des gens.
Un programme wallon
d’action (1937-1940)
En 1937, le comité de la Ligue d’Action
wallonne redéfinit son programme ; ses trois revendications fondamentales
sont d’une part, la transformation de l’État unitaire en un État fédéral
composé de trois membres ou Régions (Flandre, Bruxelles, Wallonie) ; d’autre
part, d’un point de vue économique, l’union avec la France et, enfin, la
lutte acharnée contre la politique de neutralité. Le comité de la Ligue d’Action
wallonne tient également à ce que les Wallons soient représentés en matière
de politique extérieure, que la défense de la ligne de l’Est soit accentuée
et que l’on abandonne les exercices militaires sur la frontière française ;
la suppression du bouchon de Lanaye, le redéploiement économique du Hainaut,
la lutte contre la délocalisation des entreprises vers la Flandre,
notamment, figurent parmi les revendications économiques immédiates, tandis
qu’en matières culturelles et linguistiques, la Ligue d’Action wallonne
réclame l’application stricte de la loi, le développement du Conseil
culturel d’expression française, le respect de l’unilinguisme en Wallonie et
la promotion de la culture française et wallonne. La réorganisation des
allocations familiales, l’opposition catégorique à l’amnistie et un plus
grand équilibre Wallons-Flamands dans les nominations sont aussi au
programme de la Ligue (Ligue d’Action wallonne, programme, 1937).
Pour défendre ce programme, ainsi que le projet
fédéraliste Dehousse-Truffaut que l’Assemblée générale du 17 mars 1938 a
approuvé à l’unanimité, la Ligue d’Action wallonne peut compter sur un
comité élu par la même Assemblée : Yves Bricteux, Auguste Buisseret, Jules
Conard, Jules Denis, Maurice Firket, Émile Jennissen, Henri Mardaga, Alfred
Motte, René Pouret, Jean Rey, Georges Thone, Georges Truffaut, François Van
Belle et Victor Van Michel ont vu leur mandat renouvelé ; Jean Allard, Jean
Baar, Charles Baré, Fernand Dehousse, Félix Depresseux, Eugène Duchesne,
Marcel Fabry, Charles Joniaux, Léon Maréchal, Yves Paris, Englebert Renier
et Fernand Schreurs ont, quant à eux, été cooptés.
La Ligue d’Action wallonne, qui s’attache
également à créer un Conseil économique wallon, avec des personnalités comme
Jean Rey, Maurice Firket et Englebert Renier, continuera à défendre les
thèses fédéralistes, avec le projet Dehousse-Truffaut qui sera déposé sous
forme de proposition de loi, et refusé à la Chambre le 2 février 1939. Elle
maintiendra ses activités et son journal jusqu’à la guerre, même si Auguste
Buisseret démissionnera de la direction du journal en janvier 1939. L’Action
wallonne publie notamment une série de brochures dans la collection Les
Documents wallons. Ce travail d’information a pour effet de faire
connaître, dans certains milieux, la question de Lanaye, ainsi que les
problèmes démographiques et économiques. Afin de toucher un plus large
public, Fernand Schreurs et Jules Denis créent une Agence wallonne d’Information
(AWI). Elle communique jusqu’à la guerre de nombreux articles que quotidiens
et hebdomadaires reproduisent.
Lorsque la mobilisation rappelle les miliciens,
l’Action wallonne perd les officiers Georges Truffaut et Jean Rey, soit deux
des trois rédacteurs de son journal (le troisième étant Englebert Renier).
Malgré tout, la Ligue d’Action wallonne parvient à publier un pamphlet dû à
la plume de Marcel Thiry. Son Hitler n’est pas jeune ne peut
cependant pas être diffusé en mai 1940. Et pour cause… Avec l’éclatement de
la guerre, la Ligue d’Action wallonne disparaît. Certains de ses membres
trouvent refuge à l’étranger. D’autres vont rejoindre ou créer des
mouvements de résistance wallons, dont Wallonie libre. Ils vont ainsi
continuer l’action et préparer le futur dans la clandestinité. La Ligue d’Action
wallonne a en effet jeté toute une série de bases qui serviront pendant la
guerre comme dans la période d’après-guerre.