Au
lendemain du vote par le Parlement de la loi dite Coremans-De Vriendt, la
Ligue wallonne de Liège (née quelques mois plus tôt, le 7 mai 1897) contacte
les sociétés culturelles wallonnes dans le but de fonder une Ligue nationale
wallonne. Son objectif est de réaliser une coordination de toutes les forces
wallonnes. Celle-ci verra le jour le 8 mai 1898. En réalité, la Ligue
wallonne de Liège, nettement en avance sur le plan politique par rapport aux
autres groupements, coiffera la fédération de son bureau étoffé de deux
délégués par cercle associé. Durant les quelques années d’existence de cette
entente, c’est la Ligue wallonne de Liège qui tient les rênes de la Ligue
nationale wallonne, apportant son savoir-faire et son organisation et en
mettant l’accent sur le combat wallon.
En
1899, l’ancienne Société de Propagande wallonne de Bruxelles tente de
prendre la direction du mouvement, requérant la convocation rapide d’une
assemblée plénière dont l’ordre du jour serait le transfert à Bruxelles du
siège du comité directeur et exécutif de la Ligue. Le début de l’année 1899
devait pourtant briser net les aspirations bruxelloises, les autres
villes de Wallonie estimant que Liège était bien la capitale wallonne et
que, dès lors, le siège de la fédération devait y demeurer. Même si le
Mouvement wallon de cette époque conserve comme objectif principal la
défense de la Belgique francophone unitaire, par cette prise de position, il
s’ancre davantage en Wallonie et rompt ainsi avec la sur-représentation
flamande et bruxelloise qui marquait les premiers congrès des années 1890.
Le fossé se creusera davantage encore par la suite entre les ligues de
défense wallonne et les cercles wallons de Flandre et de Bruxelles, même si,
par exemple, la Société de Propagande adopte le journal l’Âme wallonne,
l’organe de la Ligue wallonne de Liège.
La Ligue
nationale wallonne reste, en 1902, le lieu de rassemblement de la Ligue
wallonne de Liège, de la Ligue wallonne d’Ixelles et de la Société de
Propagande de Bruxelles. Elle existe toujours en février 1904 et c’est
Rodolphe de Warsage qui y représente la Ligue wallonne de Liège qui, à ce
moment, concentre ses efforts à l’organisation du Congrès wallon qui doit se
tenir à Liège, en 1905, dans le cadre de l’exposition universelle. Le succès
du Congrès wallon de 1905 sonne le glas de la Ligue nationale wallonne car,
pour les “ Liégeois ”, “ les excès des Bruxellois ” exigent une nouvelle
forme d’organisation. La création de la Fédération des Forces wallonnes met
un terme à l’existence de la Ligue nationale wallonne.
Paul Delforge