Les Fonds structurels
européens comme outil stratégique pour le développement économique
wallon
Vincent Lepage
Directeur de Recherches au RIDER
1.
Introduction : Le Livre Blanc et la politique régionale européenne
La fin des années 80 ont
vu la réalisation du projet essentiel d'achèvement du Grand Marché Intérieur
européen. La suppression des différentes barrières à l'échange intra-européen
ont eu pour double effet d'alléger les coûts de production et d'aviver la
concurrence.
L'objectif "1992" est
aujourd'hui une réalité tangible : avec un demi-point de croissance
supplémentaire par an, 9 millions d'emplois ont été créés dans l'Union
Européenne de 1986 à 1990; on chiffre les économies sur les coûts de transport à
3%; on constate un doublement de l'échange intra-européen dans des secteurs
jusque là réputés comme "abrités""; etc...(source : Livre Blanc Croissance,
Compétitivité, Emploi).
L'achèvement du Marché
Unique était indispensable pour la survie de l'espace économique européen au
niveau mondial, les impacts macro-économiques cités ci-dessus en accroissent la
pertinence.
Le Grand Marché pose
néanmoins trois problèmes majeurs :
-
L'intégration
économique, en accroissant les possibilités pour les ressources humaines,
matérielles et financières de se déplacer sans obstacle vers les régions
économiquement les plus intéressantes, comporte le risque majeur d'un
accroissement des disparités régionales. A partir de 1989, la politique
régionale communautaire a donc été renforcée dans ses missions et ses
moyens.
-
Malgré la croissance
observée à travers l'économie communautaire, le déficit d'emplois reste
important. Il y a là un problème structurel propre à l'Europe. Le Livre
Blanc donne des pistes qui permettraient une restructuration en profondeur
de nos systèmes de productions : en matière de recherche-développement
technologique, de développement du potentiel de ressources humaines par la
formation, de nouveaux gisements d'emplois, de réduction du coût du travail,
de réduction du temps de travail, etc...
-
Enfin, un Grand
Marché au sein duquel les échanges se trouvent développés de façon
considérable pose la question des modes de communications entre acteurs
économiques. Des réseaux transeuropéens doivent alors être développés tant
dans le "hard" (jonctions autoroutières dans les régions périphériques,
réseaux TGV, etc...) que dans le "soft" (télécommunications, autoroutes de
l'information). Le Livre Blanc établit les chantiers prioritaires pour ces
réseaux transeuropéens.
La politique régionale
des Fonds Structurels et le Livre Blanc "Croissance, Emploi, Compétitivité" ont
ceci en commun de constituer des réponses aux problèmes posés par l'achèvement
du Marché Unique, par conséquent d'en constituer des compléments indispensables.
2. Poids de la politique
régionale communautaire au niveau européen
Depuis son Traité
fondateur, la Communauté Economique Européenne s'est assignée comme un objectif
le "Développement harmonieux des économies des Etats membres en réduisant
l'écart entre les différents régions et le retard des moins favorisées" (Traité
de Rome - 1957). Cet objectif apparaissait à ce moment comme secondaire
puisqu'il ne figurait qu'au préambule du Traité. C'est au fil des décennies
qu'il s'est affirmé comme une des priorités majeures de la politique européenne.
Ainsi en 1986 l'Acte
Unique introduit explicitement la politique régionale dans les axes fondamentaux
de l'action de la CE : "La cohésion économique et sociale de la Communauté doit
passer par la réduction de l'écart entre les diverses régions et le retard des
régions les moins favorisées" (art. 130 A). Pour ce faire, l'Acte Unique charge
la Commission de mettre en oeuvre une Réforme des Fonds européens à finalité
structurelle (art. 130 B).
Les Fonds Structurels
sont au nombre de trois :
- le premier poursuit
principalement l'objectif de cohésion sociale par des interventions
développant les ressources humaines, le Fonds Social Européen (FSE, créé dès
1954);
- au second est confiée
la mission du développement agricole et rural, le Fonds Européen
d'Orientation et de Garantie Agricole (FEOGA, créé en 1962);
- enfin le Fonds
Européen de Développement Régional (FEDER, créé en 1975) a une vocation
proprement régionale, étant amené à intervenir en faveur du développement
économique des régions les moins favorisées de l'espace communautaire.
Parallèlement à la
Réforme des Fonds Structurels (dont les principes seront détaillés ci-après),
les instances européennes ont très nettement marqué l'urgence et le poids d'une
politique régionale à dimension communautaire par un accroissement considérable
des moyens financiers mobilisés par les Fonds. Le graphique ci-dessous illustre
l'importance du budget de la politique régionale européenne.
Graphique n°1. Budget de
l'Union européenne consacré au Fonds structurels : 1989-99 (prix 1992)
De 1989 (date d'entrée en
vigueur de la Réforme des Fonds) à 1993, le budget européen alloué aux Fonds
Structurels passe de 9 à 20 milliards d'ÉCU, soit en francs constants un
dédoublement des moyens sur quatre ans! Le budget UE Fonds Structurels prévu
pour 1999 s'élève à 27 milliards, soit un accroissement de 300% par rapport au
début de la période, 1989.
De ce fait, la politique
de cohésion économique et sociale se forge une place de plus en plus
prépondérante au sein des politiques communautaires : de 17 % en 1989, la
politique européenne de cohésion mobilisera en 1999 pas moins de 36% du budget
de l'UE (source : Commission Européenne).
3. Poids de la politique
régionale communautaire au niveau wallon
3.1. La couverture
territoriale
La Wallonie se trouve à
un niveau de développement relativement faible au niveau européen : par rapport
à la moyenne communautaire du PIB/hab. fixée à l'indice 100, la région se situe
à un niveau de 85.
Cet écart se retrouve
plus particulièrement dans certaines parties de la région, ce qui les a fait
reconnaître éligibles aux fonds structurels européens : la province de Hainaut
en Objectif n° 1, le bassin industriel Meuse-Vesdre (Liège) et Aubange en
Objectif n° 2, les arrondissements de Dinant, Marche, Bastogne et Neufchâteau en
Objectif n° 5b).
L'ensemble de ces zones
bénéficiant de l'intervention des Fonds Structurels au titre des seuls Objectifs
n° 1, 2 et 5b) représentent 70% de la population wallonne.
3.2. En termes
budgétaires
Nous avons fait
l'exercice de chiffrer les interventions des fonds structurels européens
(1)
en regard du budget de la Région Wallonne, et ce pour chaque grande ligne
budgétaire.
Graphique n° 2 : Poids du
co-financement Fonds structurels CE + RW dans le budget RW (années 1991-93)
Le graphique n° 2
illustre un poids très différencié des Fonds européens à l'échelle du budget
Région Wallonne : assez significatif pour l'Economie et l'Emploi (9,4%), les
Technologies Nouvelles et la Recherche (15,1%) et pour les Relations Extérieures
(33%). Ce sont là il est vrai les thèmes d'intervention privilégiés de la
politique régionale européenne.
Les budgets Ressources
Naturelles et Environnement (2,4%), Pouvoirs Locaux et Aménagement du Territoire
/ Logement (3,2%) ne sont pas ou peu influencés par la politique régionale
communautaire.
On soulignera en
particulier le faible niveau d'intervention des Fonds Structurels en matière
d'Aménagement du Territoire : il s'agit là d'une conséquence directe de volonté
de la Commission Européenne de limiter en Europe du Nord l'utilisation de ses
crédits au profit d'investissements infrastructurels lourds (autoroutes, canaux,
etc...) (2) .
Au total de ces axes de
politique régionale wallonne, les Fonds Structurels européens représentent une
part de 5.8% du budget RW, ce qui est significatif.
3.3. En termes
institutionnels
Cet élément n'est pas à
dédaigner : pour l'éligibilité des zones, la conception des programmes et en
général la mise en oeuvre des interventions des Fonds Structurels en Wallonie,
la Région est le seul interlocuteur des instances européennes.
Cette insertion wallonne
au coeur du processus de mise en oeuvre d'une politique européenne est un
facteur qui renforce la position institutionnelle de la Région au niveau
européen et au sein même de l'Etat fédéral belge.
Cette opportunité n'est
l'apanage que de quelques régions en Europe : les Länders allemands, les
Communautés Autonomes espagnoles et les régions belges. Ailleurs, la gestion des
Fonds Structurels reste pour l'essentiel une prérogative nationale (cf. le poids
de la DATAR en France), avec le risque de voir la politique régionale se muer en
politique macro-économique nationale comme c'est le cas en Grèce, au Portugal et
en Irlande.
4. Inspirations
théoriques de la politique régionale communautaire
En matière de
développement économique des régions, la littérature économique s'est longtemps
partagée entre théories de l'équilibre régional et théories du déséquilibre
régional.
Les théories de
l'équilibre régional, d'inspiration classique et néoclassique (RICARDO,
ROSTOW, WEBER,...), reconnaissent l'existence de disparités régionales (en
termes de productivité, de valeur ajoutée, d'emplois,...) mais postulent que ces
écarts tendent dans le long terme à se réduire par le jeu naturel de l'économie
et de sa croissance globale. Les seuls obstacles à cet équilibre naturel
seraient liés aux entraves posées à la mobilité des biens, du capital, de la
main- d'oeuvre ou du savoir. En termes politiques, le postulat de l'équilibre
régional aboutit à des mesures de dérégulation et à la réalisation de programmes
d'investissements en matière de transport.
Les théories du
déséquilibre régional
postulent à l'inverse que les disparités régionales ne peuvent se réduire par le
jeu naturel de l'économie. Ainsi MYRDAL constate que les lois du marché
impliquent au contraire une accumulation spatiale du capital, de la
main-d'oeuvre hautement qualifiée, d'infrastructures économiques, sociales et
culturelles, des offreurs de technologies,... le "Back Wash Effect" se définit
comme ce phénomène d'attraction toujours accrue des régions fortes. Découlent
également du postulat du déséquilibre régional la théorie des pôles de
croissance (PERROUX, BOUDEVILLE) et le modèle Centre / Périphérie. Dans les
années 70 et 80, ces théories ont inspiré des politiques de créations de pôles
de développement dans des régions moins favorisées, créations permises par la
mobilisation massive de moyens financiers pour attirer l'investissement étranger
et soutenir le développement d'infrastructures lourdes de transport et
d'accueil.
Les années 80 ont vu
l'apparition d'un nouveau paradigme, celui de la reconnaissance de la
diversité des trajectoires de développement régional (AYDALOT, QUEVIT) : la
trajectoire métropolitaine, la trajectoire basée sur la production de science et
technologique, la trajectoire de rupture/filiation industrielle, celle du
développement rural endogène ou celle du district industriel (ou "milieu
innovateur"); chacune étant reconnue dans ses potentialités de développement et
ses exigences.
Comment la politique
régionale européenne se situe-t-elle par rapport à ces courants théoriques?
-
Par sa seule
existence, la politique régionale communautaire rejette le paradigme de
l'équilibre régional naturel : dans le cas contraire, l'achèvement du Marché
Unique et l'application stricte d'une politique de concurrence suffiraient à
garantir la disparition des disparités entre régions.
-
Reconnaissant les
disparités régionales et leur pérennité sans une politique volontariste, les
instances européennes ont mis au point des instruments d'intervention
structurelle soutenant les zones les plus faibles dans leur développement
socio-économique.
-
En fixant une
typologie des régions (objectifs n° 1, n° 2, n° 5b et, depuis 1995, n 6), la
politique régionale reconnaît la diversité des problématiques de
développement et des solutions qui doivent leur être apportées. L'option
politique va plus loin en laissant une large latitude aux Autorités
nationales et régionales ainsi qu'aux collectivités locales dans la
conception et la mise en oeuvre de leurs actions structurelles.
Par ailleurs, on peut
caractériser la politique régionale européenne et les Fonds Structurels par deux
autres traits majeurs :
-
il s'agit d'une
approche intégrée du développement qui englobe les sphères économique et
sociale;
-
les interventions
visent pour l'essentiel la structuration du côté "offre" de la sphère
productive et son environnement direct, par opposition à une politique
keynésienne de relance par la demande.
5. Pédagogie
opérationnelle des Fonds Structurels
Par la diversité de ses
domaines d'interventions, la multiplicité des opérateurs et l'implication de
différents niveaux de pouvoirs, la conception et la mise en oeuvre de la
politique régionale communautaire est d'une extrême complexité. En cela, elle se
distingue très nettement de la Politique Agricole Commune qui intervient, elle,
à travers des processus fortement centralisés et rigides.
Faisant face à un
processus complexe de management, l'intervention des Fonds Structurels européens
répond à un souci de gestion rigoureuse et efficace s'inspirant des théories du
management public, en particulier la gestion par les objectifs et l'approche
programmatique pluriannuelle.
De l'application de ces
théories découlent une série de principes qui constituent autant de règles
décisionnelles et opérationnelles pour la mise en oeuvre des Fonds Structurels.
C'est ce que nous dénommons la "Pédagogie opérationnelle des Fonds Structurels".
La mise en oeuvre des
Fonds Structurels européens doit se conformer à un certain nombre de principes
qui doivent garantir la maximisation des effets structurants souhaités pour
chaque région, et au niveau communautaire la réalisation progressive de
l'objectif de cohésion économique et sociale.
Ces principes sont ceux
de programmation, de concentration, de subsidiarité, de partenariat, d'additionnalité,
de coordination des fonds, de suivi et d'évaluation.
Nous en détaillons
ci-dessous l'énoncé, les effets attendus, les difficultés rencontrées dans leur
respect et les effets pervers que ce non-respect entraîne.
Principe |
Enoncé |
Effets attendus |
Difficultés |
Effets pervers |
Programmation |
Toute intervention des Fonds se fait dans le cadre d'une programmation
pluriannuelle |
Elaboration d'une stratégie d'action globale. Cohérence des interventions.
Stabilité des financements. Learning process |
Capacité régionale d'élaboration d'une stratégie. Intégration de mesures
FEDER, FSE, FEOGA. SE donner les moyens de sa stratégie |
Le programme comme "décor" au profit du maintien de l'approche "projets".
Création de sous-programmes cloisonnés |
Concentration |
Mobilisation des moyens financiers su 5 objectifs prioritaires |
Par des critères objectifs, prise en compte des besoins réels des régions
d'Europe. Mécanisme de solidarité et de cohésion globale |
Difficultés d'arbitrage entre Etats-membres. Quels critères avec quelle
souplesse ? |
Une trop grande concentration crée des avantages comparatifs
déséquilibrants. Une trop faible concentration atténue l'effet de cohésion |
Subsidiarité |
Conception et mise en oeuvre aux niveaux institutionnels appropriés |
Accroissement de l'efficacité de l'action et de la motivation des différents
acteurs |
Déviance fréquente de mainmise de niveaux intermédiaires sur le processus |
Démotivation des acteurs de la base, des porteurs de projets |
Partenariat |
Les différents niveaux d'intervention impliqués pilotent le processus en
partenariat |
Accroissement des effets de synergie entre domaines d'intervention |
Time-consuming en proportion avec le nombre de partenaires. Retards dans le
processus de mise en oeuvre |
Diminution de la qualité du travail de conception et de mise en oeuvre.
Précarité financière des petits porteurs de projet |
Additionalité |
Toute intervention fait l'objet d'un cofinancement Etat-Membre / CE |
Accélération des effets structurants. Appui CE sur certaines actions
considérées comme prioritaires |
Vérification de l'additionalité. Appropriation des Fonds par certains
Etats-Membres |
Réduction des effets structurants |
Coordination
des fonds |
Maximum des coordinations stratégiques et opérationnelles entre FEDER, FSE,
FEOGA - Orientation.
|
Décloisonnement des interventions sur le plan stratégique et opérationnel.
Effet de masse critique |
Difficultés à trouver des objectifs et projets communs. Difficultés de la
coordination administrative horizontale |
Programmes et actions en réalité cloisonnés |
Suivi et
évaluation |
Dépôt périodique de rapports de suivi et d'évaluation. Pilotage du programme
par un Comité de Suivi composé en partenariat |
Gidance continue de la mise en oeuvre. Contrôle de réalisation de l'impact |
Difficulté à évaluer, à anticiper les effets et leurs causes |
- |
6. Enjeux wallons pour
la gestion des Fonds Structurels
Si la Région Wallonne
émarge aux interventions communautaires au titre des Fonds Structurels, c'est
qu'en maints endroits, son tissu socio-économique accuse des handicaps majeurs
et demande à être restructuré et revitalisé en profondeur. Les subsides
communautaires constituent un appui non négligeable pour ce défi, il s'agit de
ne pas gâcher cette opportunité.
Les acteurs wallons,
qu'ils soient hommes politiques, administrations, collectivités locales,
intercommunales,... doivent se prémunir d'un certain nombre de comportements qui
nuisent de facto à l'efficacité de la mise en oeuvre des Fonds Structurels, et
par conséquent mettent en danger les objectifs sous-tendant ces interventions.
Voici donc un certain
nombre de pièges à éviter.
-
Bien se garder de
croire que les subsides promis (30 milliards de financement Fonds
Structurels pour le Hainaut par exemple) sont définitivement acquis : la
libération progressive des crédits communautaires est conditionnée à, d'une
part, la quantité et la qualité des projets proposés, et d'autre part à
l'efficacité de leur mise en oeuvre. Les rapports périodiques d'évaluation
viendront sanctionner cette efficacité.
-
A ce titre, la
sélection des projets se révèle un élément-clef du dispositif de mise en
oeuvre. Des critères de sélection existent, ils doivent être appliqués avec
à l'esprit le souci de garder la cohérence de chaque projet avec le
programme et ses objectifs. Parmi ces critères, il est normal que le facteur
politique intervienne... on est cependant en droit d'attendre qu'il ne soit
pas prépondérant.
-
Le porteur de projets
(entreprise, établissement d'enseignement, intercommunale, asbl,
université,...) doit prendre conscience du rôle-clef de l'opérateur : c'est
lui qui est à l'origine de la qualité des projets et de leur mise en oeuvre,
et donc de la réalisation progressive des objectifs de redressement des
bassins d'emplois soutenus. Que ses projets sortent d'un fond de tiroir, de
son contact avec le " terrain " ou de sa volonté de réaliser des
bénéfices,... l'opérateur doit veiller à la conformité de sa proposition
avec le programme pluriannuel et ses objectifs.
-
Le sous-régionalisme
est un danger majeur pour la cohérence et l'efficacité de la politique
socio-économique régionale, y compris au niveau des Fonds Structurels
européens. Quelle image la Région Wallonne donne-t-elle au niveau européen
quand elle sollicite la solidarité communautaire pour ensuite étaler des
divisions internes sous-régionales sur le partage de la "manne". Il est un
fait clair que l'efficacité des programmes Fonds Structurels dépend
directement de la création d'un effet de masse-critique au sein-même de la
zone soutenue. Les synergies sont donc à chercher constamment : entre
secteurs géographiques et entre domaines d'intervention.
Enfin, prenons la mesure
de l'urgence qu'il y a à tirer le maximum de bénéfices de la mise en oeuvre
des Fonds Structurels communautaires.
Deux motivations sous-tendent cette urgence : d'une part profiter des
opportunités de la période de croissance en cours et d'autre part l'incertitude
qui pèse sur la prorogation en Wallonie de l'intervention des Fonds
eux-mêmes.
-
La politique
régionale européenne est une politique orientée sur la restructuration de
l'offre : offre marchande, offre de technologies, offre de formations, offre
de main-d'oeuvre,... Elle ne donne cependant son plein rendement que lorsque
la demande qui lui correspond est importante et en croissance : un chef
d'entreprise n'investit pas pour le plaisir d'obtenir des subsides publics,
mais bien parce qu'il a imaginé un projet industriel et / ou commercial qui
fait avancer sa firme. Il faut donc profiter de la conjoncture plus
favorable pour donner de la consistance aux processus de restructuration
souhaités.
-
Un des principes
fondamentaux de la Réforme des Fonds Structurels se trouve être la
concentration de l'effort sur les régions européennes les plus défavorisées.
Dans un cadre européen élargi (les Länders est-allemands, les trois nouveaux
pays-membres et bientôt les Pays de l'Europe Centrale et Orientale), quelle
appréciation porteront les instances communautaires sur les problèmes
structurels wallons? Pour le Hainaut, par exemple, l'éligibilité de la
province à l'objectif n° 1 au-delà de 1999 est déjà à exclure : par la seule
intégration des Länders est- allemands dans les statistiques de
PIB/habitant, le niveau hennuyer passe de 77% de la moyenne européenne à
près de 84% (source : Eurostat). Lorsque l'on sait que le seuil de
PIB/habitant admis en Objectif n° 1 est de 75% de la moyenne européenne,
l'on peut douter sérieusement de la pérennité du statut actuel du Hainaut.
Principales références
bibliographiques
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défis et les pistes pour entrer dans le XXIème siècle", Bruxelles-Luxembourg,
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LEPAGE V., Le Pôle Européen de Développement : analyse descriptive et
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in Wallonie, Atouts et Référence d'une Région, Région Wallonne éd., pages 229 à
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RIDER, Bilan de l'emploi en Hainaut et appui méthodologique et scientifique à
la conception du Plan de Développement Régional (PDR) du Hainaut dans le cadre
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recherche-action commanditée par le Ministre-Président de l'Exécutif régional
wallon, 1993.
RIDER, Appui méthodologique et scientifique à la conception des Programmes
Opérationnels Objectif n° 1 Hainaut dans les domaines des Technologies Nouvelles
, de l'Emploi et des Qualifications, recherche-action commanditée par le
Ministre de l'Emploi et des Technologies Nouvelles de l'Exécutif régional
wallon, 1994.
RIDER, Evaluation ex-ante du Plan Régional de Reconversion Objectif n° 2 du
bassin Meuse- Vesdre (Liège), étude commanditée par la Commission
Européenne (D.G. XVI), 1994.
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Impact régional 1992 : les Régions de tradition industrielle, De Boeck
Universités, Bruxelles, 1991.
Notes
1. Le
graphique reprend uniquement les interventions des Fonds Structurels "maîtrisés"
par la Région Wallonne au cours de cette période, c'est à dire pour l'essentiel
des crédits FEDER et FEOGA-Orientation.
2. Dans les régions de type Objectif n° 2, la Commission
fixe à 20% le seuil d'utilisation des Fonds pour le soutien à des
infrastructures (contre 60% dans les zones Objectif n° 1 classiques). Source :
Commission Européenne, Quatrième rapport périodique sur la situation et
l'évolution socio-économique des Régions de la Communauté, Bruxelles-Luxembourg,
1991.
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