La
Wallonie au futur
Sortir du XXème siècle :
évaluation, innovation, prospective
Rapport général
du quatrième Congrès "La Wallonie au futur"
Philippe Destatte
Historien, directeur de
lInstitut Jules Destrée
Etait-ce un philosophe ou était-ce
un marin qui disait qu'il n'est pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il
va ?
Peu importe. Cet adage se prête
bien à l'idée de pilotage que, depuis 1987 nous avons voulu appliquer à notre région.
La Wallonie, nous l'avons envisagée comme une société en construction d'où doit
émerger un système dacteurs qui définissent eux-mêmes lavenir de la
région. Dans cette perspective, la fatalité du déclin disparaît : le congrès lui
substitue la nécessité de mettre en uvre une stratégie intégrée de
redéploiement de léconomie wallonne, une stratégie de rupture avec les anciens
modèles politiques et sociaux patronaux ou syndicaux , ces modèles étant
liés à la culture industrielle. Depuis 1987, le congrès souligne également la
nécessité de la mise en place progressive d'un nouveau type de relations sociales par
développement concerté, la nécessité de détruire des bureaucraties porteuses de
culture de dépendance, la nécessité de se forger une nouvelle éthique.
Onze ans après le congrès de
Charleroi, on peut aujourd'hui s'en assurer, nous avons identifié une partie
significative des acteurs de notre société, un certain nombre d'entre eux étaient
présents à Mons pour La Wallonie au futur, ces cadres de la Wallonie,
comme les appelait un quotidien de la capitale, Namur.
La tâche qui était dévolue à ce
quatrième congrès était triple.
D'abord, jeter un regard critique
sur les axes de nos travaux depuis notre première rencontre, alors que la Région
wallonne n'a cessé d'accroître ses compétences, ses moyens humains et
budgétaires , ainsi que sa volonté de répondre aux problèmes qui touchent la
population. C'est la partie évaluation de ce congrès.
Ensuite, réorienter les vecteurs
politiques définis par La Wallonie au futur et parfois préconisés ou mis en
uvre par le gouvernement wallon et par les acteurs sociaux, ainsi que s'interroger
sur les contenus à attribuer à ces réorientations et sur la manière d'agir tant sur
les mentalités que sur la culture. C'est le volet innovation de ce congrès.
Enfin, tenter d'articuler
l'évolution de la société globale, la construction d'une Europe à la fois plus unie et
plus étendue, ainsi que la mise en place d'un projet wallon permettant d'entrer dans le
XXIème siècle. C'est la dimension prospective de ce congrès.
Evaluation, innovation, prospective
ont ainsi fixé le rythme de nos travaux. Ces trois axes nous permettront d'en faire une
lecture transversale.
1. Lévaluation
Evaluer, c'est tirer les leçons du
passé.
Notre enquête réactive, tout
comme l'actualité, ont mis un constat en valeur : nous avons perdu la mémoire du
passé. En Wallonie, si on se souvient de ce que le général de Gaulle disait de Londres
le 18 juin 1940, on méconnaît le discours qu'y fit ce jour-là le Premier ministre
britannique. Winston Churchill disait avec pertinence et avec actualité si on
l'applique à la Wallonie d'aujourd'hui que, si nous avons une querelle entre le
passé et le présent, nous nous apercevrons que nous avons perdu l'avenir.
Dès lors, il nous faut rappeler,
comme l'a fait Michel Quévit, que la Wallonie, il y a dix ans, c'était horrible.
J'ajouterai, que voici vingt ans, c'était l'enfer : que l'on relise les discours du
ministre Jean Gol, en charge de l'Economie à l'époque de la régionalisation provisoire,
lorsque celui-ci s'interrogeait sur la capacité même de l'économie wallonne de
survivre, à dix ans d'échéance.
Ainsi, en 1987, au départ de notre
dynamique, l'objectif de La Wallonie au futur était de jouer sur l'imaginaire et
pas sur le politique : nous navions pas cette volonté. Lidée du nouveau
paradigme était que, pour changer la politique, il fallait changer la culture, y compris
la culture politique. Ce qui a été fait et on le mesure bien aujourd'hui ,
c'était rompre le fatalisme, rompre la logique de déclin, qui comme Emmanuel Todd
l'a bien montré s'insère dans les cerveaux et y fait plus de ravage qu'une crise
pétrolière en y installant de manière inéluctable et pernicieuse une logique de crise.
Toutefois, si nous avons atteint
notre ambition de faire naître un système d'acteurs, nous avons dû constater et
nous l'avons fait dans presque tous les carrefours de ce congrès que ce système a
souvent, sinon toujours, été insuffisant pour modifier de manière tangible l'ancien
modèle hérité de la révolution industrielle machiniste. De 1987 à 1998, nous avons
été incapables de donner aux décideurs, sinon les idées, en tout cas les arguments et
le courage pour provoquer les ruptures nécessaires, même si nous avons constaté un
certain nombre d'initiatives positives, notamment en ce qui concernent les filiales de la
SRIW, la relation entre l'AWEX et l'Union wallonne des Entreprises, etc. Nous n'avons
probablement pas été suffisamment capables non plus de provoquer ce que Elizabeth
Dupoirier désigne comme l'émergence d'élites proprement régionales et donc
l'amélioration de la communication entre la scène politique et l'espace public
(1), facteurs déterminants de la
consolidation du fait régional.
En agissant sur les acteurs, on
n'agit pas nécessairement sur le système. En proposant la démarche d'évaluation, nous
proposons aux acteurs un outil pour faire évoluer le système.
Nous faisons trois propositions.
1.1. Evaluer démocratiquement,
cest dabord responsabiliser le citoyen
La résistance au changement ne
relève pas d'un manque de qualité de la part des acteurs, mais dun manque de
vision ou dimplication. Lenjeu nest donc plus seulement de faire
réfléchir les acteurs, mais de leur offrir des lieux où trouver, avec d'autres, des
solutions concrètes, défendables et gérables, de façon à créer les conditions de la
participation responsable de tous au processus de modernisation de la société wallonne.
Cette responsabilité devant être assumée on l'a dit comme une identité
régionale citoyenne, il sera ainsi possible, non seulement de la laisser s'exercer, mais
surtout d'en favoriser l'exercice.
Dans cet esprit, nous
proposons la création d'un service de développement méthodologique de
l'évaluation des politiques, qui rassemble, pendant une fraction de leur temps
de travail, les secrétariats des différents conseils consultatifs – existant ou
à créer. Ce service organisera et animera la réflexion sur les pratiques et les
méthodes, l'élaboration de critères de qualité et la formation. Pour ne pas
ajouter une nouvelle structure politique ou administrative, mais plutôt mettre à
la disposition de tous un lieu permanent où chaque acteur pourrait apporter sa
contribution et retirer ce dont il a besoin, ce service pourrait prendre la
forme d'une Société wallonne de l'Evaluation
1.2. Evaluer démocratiquement,
cest ensuite responsabiliser ladministration
Il est courant de rappeler qu'un
bon test du fonctionnement des nouvelles institutions se vérifie à la qualité du
service public. De même, nous avons également souligné l'importance de l'administration
comme soutien fondamental au projet de société construit pour la Wallonie.
Or, actuellement, les plaintes
constituent les seuls retours possibles par rapport à l'action de l'administration et
aucun mécanisme systémique tangible (tableau de bord de la qualité des services,
indicateurs de projets, procédures d'assurance - qualité, etc.) ne permet de mettre en
évidence, d'une part, ce qui fonctionne bien, parallèlement, d'autre part, ce qui ne
fonctionne pas de manière adéquate.
Aussi, nous proposons la création
d'une cellule de développement et de stimulation
gouvernements - administrations, plate-forme entre les trois administrations que
constituent le MRW, le MET et le Ministère de la Communauté française, par un
détachement, régulièrement renouvelé, de fonctionnaires venant de ces administrations.
Cette cellule, pratiquerait la prospective et la transversalité (groupes de travaux
stratégiques interdépartementaux, bases de données transversales, etc.), et ferait
circuler, pour les confronter, des réflexions et informations stratégiques. L'action de
cette cellule devrait permettre de préparer la reformulation des objectifs et de définir
les tâches et les moyens des organismes publics wallons : non seulement des
administrations, mais aussi de la SRIW et de ses filiales, ou des para-régionaux. Cette
cellule, fournissant services et informations internes, laisserait les départements
responsables de leur action ainsi que de l'évaluation de celle-ci.
Cela implique, à court terme, et
quel que soit le processus choisi, de développer une culture dévaluation dans
ladministration régionale, en généralisant les expériences dévaluation
menées depuis 1994.
1.3. Evaluer, cest enfin
mesurer
On ne gère pas ce qu'on ne mesure
pas. On n'évalue pas sans référent. Dès lors, l'évaluation implique de pouvoir
disposer d'une batterie d'indicateurs fiables, première condition d'une stratégie de
développement. Or, le constat du congrès est celui d'un désastre statistique.
Premièrement, les données, déjà trop souvent lacunaires ou tardives, dans les secteurs
économiques classiques sont insuffisantes par rapport à l'espace régional.
Deuxièmement, les indicateurs de qualité de vie liés au développement durable, au
bien-être social, ou à la santé régionale, notamment, n'existent que peu, alors que
les aménageurs du territoire, économistes et écologistes scientifiques doivent
sérieusement y faire référence en apprenant à travailler ensemble. Troisièmement, les
informations existantes sont trop difficilement accessibles et utilisables par les cadres
wallons, qui en ont un indispensable besoin, particulièrement dans l'optique d'une
prospective et d'une évaluation systématiques.
Démarche politique, démarche
d'humilité, démarche complexe nécessitant des ajustements et des discussions critiques,
l'évaluation constitue à n'en pas douter un enjeu stratégique pour la
définition des politiques régionales de développement.
2. Linnovation
On a dénoncé, en anglais, Business
as usual is no option et on a banni, en wallon, ce On z'a toudi bin fait comme
çoula. L'incantation ne suffit pourtant pas.
L'innovation est un conflit :
conflit entre l'ancien et le nouveau, conflit entre les intérêts acquis et ceux à
naître, conflit résultant de la tentation constante de favoriser ce qui existe au
détriment de ce qui doit naître. L'innovation est destruction créatrice
(2). Et nous savons, depuis Joseph
Schumpeter, qu'il ne peut y avoir de croissance économique sur le long terme sans
l'émergence permanente de nouveaux procédés, de nouveaux produits, de nouvelles
technologies, de nouvelles formes d'organisation au sein des entreprises.
Michel Quévit a, dentrée de
jeu, posé une question fondamentale au congrès : la Wallonie est-elle devenue une
région innovante ? Le congrès peut, je crois, y répondre au terme de cette
rencontre : ni par oui, ni par non mais en relevant les conditions de
linnovation en Wallonie telles que répertoriées ici et, surtout, en les discutant.
2.1. Innover, cest accroître
la mobilité des hommes, des idées, des sources de capital-risque
Dans une société en mutation, les
processus de déstructuration puis de restructuration impliquent une capacité plus grande
de transfert des hommes, des idées et des capitaux-risques, depuis le vieux vers le neuf,
depuis le projet révolu vers le projet porteur, en se donnant la capacité d'ajustement
par essais et erreurs.
Des enjeux, ont été identifiés
à ce sujet :
l'ouverture internationale
efficace, tissant autour de la région un réseau dynamique d'échanges, de solidarités
et de partenariats. Michel Quévit et Philippe Suinen l'ont rappelé : une région
isolée est une région morte;
la capacité de transformer l'idée en projet et la nécessité de mettre en place
l'accompagnement intellectuel, administratif et financier de cette transformation;
le développement d'un esprit de risque et d'une méthodologie de l'inventivité;
la collecte et la circulation rapide d'une information pertinente tant sur la
culture d'organisation que sur la veille technologique et que sur les ressources
financières.
Il faut souligner, avec Jean-Louis
Dethier, que des tendances nettes de prise en compte de ces enjeux se manifestent :
la restructuration de
l'Agence wallonne à l'Exportation et de l'Office for Foreign Investors (OFI);
les projets de refonte de la politique en matière de soutien à la recherche
technologique;
les projets de redéploiements technologiques, dans le cadre notamment de
l'Objectif 1 Hainaut.
2.2. Innover, cest
décloisonner la société
Véronique de Keyser nous a
rappelé la partie de rêve que recouvre ce concept de décloisonnement. Sur cette
question, les décideurs interpellés sont restés, à mon avis, trop éveillés.
Toutefois, nous n'avons pas renoncé à nos rêves, qui constituent à nos yeux autant de
nécessités. Je les rappelle :
l'analyse des regroupement
universitaires potentiels hors des clivages philosophiques traditionnels et hors des
frontières de la Wallonie (Lille, Bruxelles, Nancy, pôle de l'Eurégio, etc.), mais
aussi pourquoi pas ? la constitution d'une grande université de
Wallonie favorisant les pôles d'excellence, sur le modèle québécois : Université
de Wallonie à Mons, Université de Wallonie à Namur, Université de Wallonie à Liège,
Université de Wallonie à Louvain-la-Neuve, Université de Wallonie à Gembloux et,
rêvons encore Université de Wallonie à Bruxelles il y a bien une
Université de Bruxelles en Wallonie... Les fondateurs de nos grandes universités, au
XIXème siècle, ont agi au départ de la société civile. Faut-il attendre des
décisions politiques et des subventions pour aller de l'avant ?
la création, sur le modèle
de la Commission Attali et du rapport présenté au ministre Claude Allègre, d'une agence
d'évaluation pour établir une classification publique des départements existant dans
les universités et les grandes écoles, avec des conséquences budgétaires;
l'application du
décloisonnement aux relations actuellement si modestes entre les
universités et les grandes écoles, notamment par la mise en réseau des compétences
d'apprentissage tant scientifiques que pédagogiques;
la nécessité de faire
disparaître les clivages antiques, notamment par une dépilarisation de la
société wallonne. Alors que la Commission de Coopération pluraliste, préconisée par
nos travaux en 1991, n'a pas connu la moindre ébauche de création même si le
décret Missions a tracé quelques pistes , il faut essayer d'ouvrir de nouvelles
portes, tant dans le domaine de la santé d'ailleurs que dans celui de l'enseignement, du
fondamental à l'université. Parmi celles-ci, on peut adopter la notion de proexistence
chère à Gabriel Ringlet, qui propose que les réseaux essaient de travailler ensemble,
à partir d'initiatives locales, de la gestion commune d'infrastructures à la formation
commune des maîtres. C'est ouvrir une porte aussi qu'adopter la proposition concrète
d'Hugues Dumont selon laquelle on ne peut former des citoyens pleinement capables de
participer à la vie démocratique que s'ils ont pu bénéficier, durant leur cursus
scolaire, à la fois d'un cours de connaissance religieuse et d'un cours de morale non
confessionnelle.
En matière d'enseignement
encore, il faudrait décloisonner pour combler l'impressionnant fossé toujours
dénoncé, jamais résorbé entre le monde de lentreprise et celui de
l'université. Les savoirs et les disciplines dites scientifiques ou dites
littéraires sont également à décloisonner.
C'est, enfin, un
décloisonnement sociétal tout entier que l'on valorise si l'on prend sérieusement en
compte la problématique du développement durable : cette question dépasse
largement la compétence que l'on associe trop souvent au niveau fédéral. Elle est, au
contraire, structurante de l'ensemble des problématiques.
2.3. Innover, cest rendre les
infrastructures structurantes
Pendant trop longtemps, les
créations d'infrastructures ont constitué des projets qui ne débouchaient que sur les
infrastructures elles-mêmes. On peut constater dans toutes les interventions de ce
congrès l'abandon définitif des discours sur les zonings, sur le salut économique par
la délocalisation venant d'ailleurs de grandes entreprises, sur
l'installation inespérée de filiales de multinationales.
Nous avons rappelé le rôle des
infrastructures structurantes du développement : servir dappui, de support, de
guide, dincitation à des activités humaines dimportance collective, qui font
progresser la société. Nous avons rappelé, également, que cela navait pas de
sens de créer des couches matérielles si nous narrivons pas à valoriser ce qui
est transporté et diffusé, ni si une appropriation collective de ces nouveaux outils ne
peut se faire régulièrement. Si nous avons utilisé le concept d'infrastructures
structurantes, c'est précisément parce que toute infrastructure est menacée de ne pas
être structurante y compris le Win, d'ailleurs. En ce sens, nous avons plaidé
pour la transparence, l'ouverture, et la démocratisation des infrastructures.
Paradoxalement négligé par nos
congrès précédents compte tenu de l'implication de l'Institut Jules Destrée
dans le domaine des télécommunications depuis 1988 et dans celui de l'Internet depuis
1992 , l'enjeu stratégique de la mutation en cours vers la société de
l'information a été souligné : l'informatisation des modes de production et
d'échanges, le développement des nouveaux réseaux, la mondialisation des flux de
l'information et, surtout, la bataille de l'intelligence. Il s'agit de nous éveiller à
la culture technologique, en mettant en place des mécanismes de formation à la
curiosité et à la créativité associées aux nouvelles technologies. La formation, à
très court terme du Chapitre Wallonie de l'Internet Society
(3) montre bien la volonté, des
Wallonnes et des Wallons, d'observer, de réfléchir et de réagir à ces préoccupations
dans un cadre structuré au niveau mondial.
Deux propositions ont été
reformulées :
Créer une société de
développement des entreprises culturelles, sur le modèle de la Sodec québécoise
dont le but est de contribuer à l'essor de la culture québécoise. Cette société
publique a pour mandat de promouvoir et de soutenir l'implantation et le développement
des entreprises culturelles, y compris les médias. Construite, par exemple comme une
filiale de la SRIW, la Sodec wallonne pourrait, comme sa cousine québécoise, disposer
d'un conseil d'administration et de différents conseils consultatifs composés, à part
égale, de personnes issues de ses domaines d'intervention : secteur du livre et de
l'édition spécialisée, du disque et du spectacle de variétés, des métiers d'art, du
cinéma et de la production télévisuelle, notamment. A côté du volet financement, sa
vocation serait double : d'une part, s'appuyer sur une expertise permanente des
milieux auxquels ses interventions sont destinées et, d'autre part, constituer des lieux
de réflexion sur les enjeux du développement des industries culturelles. Il s'agit bien
ici de créer un levier structurant et démultiplicateur.
Créer, pour l'espace
wallon, un réseau composé des télévisions communautaires et des centres régionaux de
la RTBF, en vue de faire face à la révolution du numérique, de la télématique, et
particulièrement des services nouveaux, vecteurs de développement économique. Cette
dynamique permettrait la reconnaissance de ces différents acteurs et l'émergence de
leurs potentialités souvent compartimentées en Wallonie. Elle comporterait un volet de
veille technologique et, en relation avec les universités, un volet de recherche -
développement, sans oublier le volet production. Faut-il attendre ici aussi décisions
politiques et subventions, alors que nos télévisions communautaires et nos centres
régionaux de la RTBF gagneraient de toutes façons à davantage travailler ensemble, par
projets concrets, comme acteurs locaux de développement, travaillant en réseaux.
Dans tous les cas, il faut
favoriser les structures de compétences par rapport aux structures de pouvoir.
2.4. Innover, cest intégrer
les réalités en termes despace
Le territoire est un bon niveau de
concertation. Il peut constituer la matrice des différentes stratégies régionales.
Si le sous-régionalisme est un
concept connoté négativement et nous avons appuyé l'idée d'une circonscription
régionale électorale unique pour y remédier , le développement en bottom up
est un terme positif, la territorialité permettant aux citoyens et aux entreprises de se
nourrir par leurs racines. Nous avons voulu bousculer ce paradoxe.
Impulser des dynamiques de
changement au niveau sous-régional est indispensable car les réalités sous-régionales
existent, particulièrement en matière économique : que l'on songe à la disparité
des taux de chômage par arrondissement, qui peuvent varier du simple au double selon que
l'on se situe sur la verticale wallonne (10 %) ou à Mons (24 %). Il faut donc
intégrer ces réalités, notamment pour donner sa chance à chacun.
Dès lors, nous proposons de
remailler le territoire wallon avec de nouveaux outils, de nouvelles plates-formes qui
intègrent les acteurs locaux autour de contrats de développement. La dynamique de
développement du bassin industriel du Hainaut occidental comme terre d'excellence,
avec une stratégie de qualité totale et de responsabilisation des acteurs, telle qu'elle
a été présentée ici par Michel Foucart, constitue un modèle qu'il faudrait étendre
à toutes les entités composant la Wallonie, ainsi qu'à la région, prise dans son
ensemble.
Les intercommunales ont un rôle
décisif à jouer dans ce cadre, pour autant qu'elles sachent s'y adapter et compenser
fondamentalement leur manque de représentation de la part des acteurs et de la société
civile (universités, entreprises, interlocuteurs sociaux, etc.). De même, il faut que
ces institutions montrent leur capacité à travailler en réseau et à mettre en place
des synergies comme certaines le font déjà avec des institutions de
recherche, pour favoriser les essaimages d'entreprises. De même également,
l'administration régionale doit décentraliser la politique des aides et déconcentrer
l'analyse des dossiers pour rendre les projets plus opérationnels.
Reconnaître la diversité
sous-régionale de cette manière-là – qu’on le fasse par les bassins de
formation, les communautés urbaines, les pays ou les arrondissements –, c'est
vider un vieux débat en Wallonie.
2.5. Innover, cest favoriser
linitiative
On l'a dit, il faut redonner vie à
la culture d'initiative dans un climat résiduel d'obéissance passive héritée de la
vieille industrie.
L'initiative doit être partout.
Elle est particulièrement urgente à prendre dans le domaine pédagogique où, plus que
partout ailleurs, il faut dépasser une certaine culture de l'uniformité qui a perdu de
sa pertinence : le système éducatif francophone est conçu pour fabriquer des
salariés et non des entrepreneurs. L'esprit d'entreprise ne relève pas seulement de
dispositions personnelles mais aussi, voire surtout, d'un contexte culturel
favorable : capacité d'anticipation, rejet du fatalisme, responsabilisation des
acteurs, publicité des réussites, nouvelle valeur accordée plus proche de la
culture d'évaluation à l'échec professionnel. L'école et la formation doivent
agir à ce niveau.
Dans le cadre de La Wallonie au
futur, nous avons organisé un congrès (1991) et une conférence-consensus (1994) sur
l'éducation. Il faudra remettre l'ouvrage sur le métier, tant c'est ici, assurément,
que nos propositions, nombreuses, n'ont pas été relayées.
Nous avons rappelé que :
Le décret Mission conforte
la hiérarchie des filières entre les formations à caractère général et celles qui
sont dites qualifiantes.
La dualisation croissante du
système éducatif se poursuit : la synergie entre les politiques sociales et
éducatives n'est pas entamée.
Le pilotage mis en place a
peu de rapport avec celui que nous avons préconisé. En cette matière, particulièrement
au moment de la définition de socles de compétences, nous avons régressé.
Le débat de l'ouverture de
l'école sur le monde extérieur n'a pas vraiment avancé.
La formation des
professeurs, initiale et continuée, reste catastrophique.
Le réseau de centres de
recherche en éducation est toujours absent.
L'appauvrissement
budgétaire des asbl de formation professionnelle se poursuit alors que, souvent bien
enracinées dans le terrain, elles permettent à des chômeurs de reconstruire leur espoir
et leur dignité.
Il faut promouvoir l'articulation
de l'enseignement en général et, plus particulièrement, de l'enseignement technique et
professionnel sur les compétences, plutôt que sur les qualifications, accentuer leur
ancrage dans la réalité économique et l'acquisition, offerte à tous les élèves, d'un
bagage élémentaire fait de construction d'autonomie, de créativité, d'apprentissages
et de savoirs.
Enfin, l'essentiel consiste à
maintenir la volonté d'initiative au centre du projet éducatif, dans un questionnement
constant et adéquat. Ainsi, un intervenant l'a rappelé : on apprend en agissant,
on agit si on est motivé, on est motivé si on a un problème à résoudre.
Et nous avons, vous le savez,
beaucoup de problèmes à résoudre.
2.6. Innover, cest mettre en
place un nouveau contrat social
Une des questions les plus
pertinentes du congrès a été posée par Michel Molitor, qui présidait le carrefour
Identités, ouvertures et institutions politiques : le projet wallon pourrait-il
être autre chose que la volonté de constituer une démocratie exemplaire ?
La question mérite d'autant plus
d'être posée que les faits quotidiens dont certains sont dramatiquement plus
interpellants que d'autres nous ramènent à la pratique de la démocratie. Ils
montrent que, sans contrôle de leur mise en uvre, les Droits de l'Homme et
plus encore ceux de la jeune femme noire, ne sont rien. Robert Badinter, président de la
mission pour le cinquantenaire de la Déclaration universelle des Droits de l'Homme,
rappelait récemment que l'engagement pris par les Etats en 1948 n'a, à l'évidence, pas
été tenu, même si ce texte demeure l'horizon moral de notre temps.
Nous l'avons affirmé
clairement : la Déclaration universelle des Droits de l'Homme constitue l'horizon
politique de notre identité wallonne, de notre volonté, en tant qu'habitants de cette
région, de participer à l'aventure humaine, sans aucune frontière.
Il est temps, en Wallonie, de nous
former toutes et tous à une pédagogie qui fasse comprendre l'angoisse générée tant
par les pouvoirs que par les Autres ceux qui, parce qu'ils seraient autrement, font
peur a priori. Il est temps, en Wallonie, de maîtriser les craintes qui font
naître les violences, d'apprendre l'écoute. Les raisons pour lesquelles il y a du
chômage sont les mêmes que celles pour lesquelles il y a de la violence : il s'agit
d'un refus du partage et de la coopération, et non pas d'une fatalité économique.
Parallèlement à cette volonté de
donner un sens au projet de contrat social, le congrès, pour la première fois, s'est
penché sur l'amélioration de l'environnement institutionnel.
Il est des questions qui ne se
posent plus en termes de pourquoi mais en termes de pour quoi ou de comment.
C'est le cas de l'articulation entre, d'une part, les régions bruxelloise et wallonne et,
d'autre part, les compétences de la Communauté française. La confirmation par Jacques
Brassinne de son analyse de 1994, dans laquelle il relevait la priorité du fait régional
par rapport à la dynamique de la Communauté française, est importante. Quel que soit le
débat, difficile ici aussi, entre l'avenir à accorder à la Communauté française, nous
devons intégrer la reconnaissance de l'émergence du fait régional et,
particulièrement, de la Wallonie comme entité, au même titre que la Flandre. Cette
reconnaissance n'est ni futile, ni dérisoire. Elle n'est d'ailleurs pas unanime, nous
l'avons vu, tant lors du carrefour que lors du dialogue qui lui étaient consacrés.
De même, et dans l'esprit qui est
le nôtre d'optimalisation des institutions existantes, nous devons intégrer la solution
transitoire peut-être de la création de deux directions régionales de la
culture, dans le cadre d'une déconcentration de la politique culturelle de la Communauté
française (et donc sans régionalisation institutionnelle). Une direction régionale
wallonne et une direction régionale bruxelloise de la culture, permettront, d'une part
comme nous l'avons souhaité , une articulation culture /
économie / bien-être social et, d'autre part, un travail contractuel avec les
pouvoirs locaux, afin d'articuler les politiques communautaires, régionales, provinciales
et communales. Répétons-le : la création d'une Drac wallonne n'induira pas
plus de repli ou de nationalisme que l'existence, depuis vingt ans, d'une Drac de
Lorraine ou d'une Drac du Limousin n'ont produit de repli lorrain ou de
nationalisme limousin. Par contre, cette innovation assurera des cohérences politiques et
administratives significatives et, surtout, facilitera le travail quotidien du monde
culturel en lui assurant un interlocuteur unique et conscient de la nécessité de son
rôle dans le développement régional.
Enfin, nous avons préconisé
l'utilisation de l'autonomie constitutive, comme outil au service de la démocratie
wallonne que l'on songe aux questions liées à la citoyenneté wallonne des
immigrés, ou à la simplification et à l'articulation des différents pouvoirs locaux,
après régionalisation des lois communale et provinciale.
Au point de vue des institutions,
nous devrons remettre sur la table deux questions essentielles sur lesquelles nous avons
buté, tant à propos de problèmes politiques que de problèmes économiques :
1. Quel niveau identifier comme
premier lieu de décision ?
2. Où se trouve l'équilibre pour
assurer une articulation institutionnelle efficace et, notamment, suffisamment de
cohérence et de transversalité ?
3. La prospective
Dans le quotidien, on relève un
effacement de la perspective, une réduction de l'espace et, donc, un rétrécissement du
temps.
Jérôme Bindé, directeur de
l'Office d'analyse et de prévision de l'Unesco disait que, si nous voulons que demain
ne soit pas toujours déjà trop tard, l'anticipation doit prévaloir sur l'adaptation,
l'éthique du futur doit l'emporter sur la tyrannie de l'urgence, et le sens du partage
doit s'imposer face à l'égoïsme aveugle
(4).
La prospective n'est pas seulement
l'extrapolation des tendances, c'est la construction du futur, l'élaboration d'un monde
choisi plutôt que d'un monde subi. C'est un refus, celui de nous enfermer dans le
présent. C'est une capacité, celle de savoir parier sur le long terme. C'est l'adoption
d'une attitude : celle, pro-active, de s'interroger sur les actions à entreprendre
pour changer le jeu.
Ainsi que nous l'avons fait depuis
1987, notre effort de prospective s'est porté sur le projet wallon.
Fondamentalement, nous n'avons pas
remis en cause les quatre axes de ce que nous avions désigné comme le nouveau paradigme
:
le développement et la mise
en uvre d'un projet de société qui vise à mieux répondre aux besoins qualitatifs
de l'ensemble de la population, en empêchant la dualisation de la société et en donnant
à tous les habitants de la Wallonie les moyens de vivre les changements du futur de
façon autonome;
la réforme des modes
d'organisation des structures collectives (les entreprises, l'enseignement, la recherche,
les administrations, les institutions politiques, etc.) pour y valoriser l'esprit
d'entreprise et de responsabilité, pour y remplacer le modèle taylorien par un
fonctionnement interdisciplinaire, participatif et agissant en réseaux ouverts;
l'association intime, et
donc complètement décloisonnée, du projet économique et du projet culturel;
l'affirmation et la
diffusion d'une identité wallonne multiple, ouverte et non exclusive, selon une double
démarche d'enracinement et d'universalité.
Voyons, au delà des conditions de
l'innovation en Wallonie déjà rappelées, où faire porter les premières mises à jour
de notre contribution au projet wallon.
Un projet pour la Wallonie, c'est
l'exigence partagée de plus de démocratie et d'un meilleur développement, a-t-on
dit à l'occasion de ce congrès. On y ajoutera les moyens : des outils innovants.
3.1. Plus de démocratie
La constitution d'un espace
politique nouveau doit être à l'origine d'une transformation de la culture politique,
des pratiques administratives et des pratiques médiatiques qui y sont liées, ainsi que
d'une nouvelle citoyenneté. Si, jusqu'ici ces espoirs ont été partiellement ou
totalement déçus, c'est probablement parce que, au sein de la population, de même que
chez bon nombre des décideurs et de représentants politiques, l'institution régionale
créée ne s'identifiait pas suffisamment avec l'institution qui avait été revendiquée,
au nom d'un certain nombre de valeurs.
Comme l'idée d'Elie Baussart, en
1938, selon laquelle défendre la démocratie, c'est défendre la Wallonie et vice-versa,
l'idée de construire une démocratie exemplaire est porteuse de sens, particulièrement
à l'heure d'une nouvelle émergence de la société civile.
En affirmant que la Déclaration
universelle des Droits de l'Homme constitue l'horizon politique de notre projet wallon, le
congrès a rappelé le rôle de l'Etat pas de citoyen sans cité. De même, le
congrès a marqué sa volonté de dépasser les clivages et de mettre en place une
politique généreuse d'accueil des réfugiés et des immigrés, respectueuse des valeurs
humanistes.
3.2. Un meilleur développement
Deux éléments nous ont
interpellés : d'une part, la persistance en Wallonie du déséquilibre structurel
de l'ordre de 100.000 travailleurs entre secteur productif et secteur
non-productif, tel que nous l'avions identifié en 1991, et, d'autre part, l'émergence de
l'entreprise comme initiateur et partenaire d'une démarche de qualité totale. Aussi,
nous avons voulu établir clairement l'entrepreneur comme premier acteur de développement
et en tirer les conséquences.
Alors qu'il n'y a pas, en Wallonie
de véritable partenariat privé - public, il nous est apparu déterminant de
réaffirmer la priorité à la dynamique de développement endogène sur une stratégie
exogène, c'est-à-dire de favoriser le développement local en stimulant la fonction
réseau entre les entreprises, les universités et les centres de recherche ainsi qu'entre
les entreprises elles-mêmes.
Trois recommandations ont été
faites à ce sujet :
l'entrepreneur doit
lui-même devenir porteur des aides aux entreprises;
les petites et moyennes
entreprises ont davantage besoin d'un encadrement qui ressortisse de l'ingénierie des
ressources humaines plutôt que du génie civil;
la cohérence entre l'offre
des infrastructures de soutien aux PME et leur attente voire leur demande en
services adéquats est déterminante.
En fait, le véritable défi
constituera, pour toute politique, de mettre les utilisateurs au centre des
préoccupations, particulièrement en mesurant leur demande avant de leur proposer une
offre, tout en contractualisant les aides (financières et autres) pour élargir le cadre
du dialogue, des responsabilités et tenir compte de la flexibilité rendue nécessaire
par la mondialisation de l'économie et l'accélération du changement.
3.3. Des outils innovants
Trois outils ont été décrits
comme porteurs en termes stratégiques :
L'évaluation :
L'évaluation qui n'est ni
le contrôle, ni l'audit est souvent invoquée mais rarement mise en uvre,
car elle subit souvent la méfiance et la culpabilisation potentielle à laquelle elle
reste trop souvent assimilée. Au lieu de partir à la recherche de coupables, il faut
s'engager dans le questionnement sur le pourquoi de l'échec et bien montrer que
l'évaluation n'est pas une sanction de l'action passée mais un outil pour une action
future. Dès lors, il s'agit de mettre en place une véritable méthodologie régionale de
l'évaluation, avec l'aide des universités, afin d'en promouvoir un usage stratégique
qui permette, in fine, une réinterprétation des objectifs et des programmes.
Rappelons d'ailleurs que, depuis 1992, la France a rendu obligatoire l'évaluation des
politiques publiques régionales contractualisées. Dans chaque région, s'est mis en
place un Comité régional de l'Evaluation. C'est dans cette instance technique
commanditaire de l'évaluation que sont formalisées les attentes et les interrogations
des responsables, ainsi que décidées les modifications nécessaires, par réajustement
des objectifs ou par réadaptation des moyens.
Le dialogue social et la
contractualisation :
L'existence même de l'institution
régionale doit impliquer règles de la démocratie et du développement obligent
l'émergence d'espaces publics, reconnus par tous comme espaces communs où
puissent se débattre l'orientation et l'évaluation d'un vivre ensemble régional.
Avant tout, il s'agit de créer un équilibre entre acteurs, sur base d'un projet dans
lequel chacun est impliqué et engagé. Que ce soit au niveau local ou au niveau
régional, la concertation entre les acteurs et le dialogue social doivent déboucher sur
un contrat de plan, du type de ceux mis en place entre les régions françaises et
l'Etat (les CPER : contrats de plan Etat-région). Ils doivent également constituer
le cadre général dans lequel va se négocier et se mettre en place la stratégie de
développement locale ou régionale. Cette contractualisation doit faire évoluer le
clientélisme individuel et collectif vers une représentativité destinée à intégrer
les spécificités, les enjeux, et les stratégies locales à l'intérieur d'alliances
régionales, fédérales, européennes, sans lesquelles les rares intérêts individuels
qui triomphent ne le font qu'aux dépens des autres.
La prospective :
Tout comme pour l'évaluation, nous
avons proposé la création d'une Cellule interdépartementale de prospective au sein de
l'administration wallonne : veille et éveil en seront les mots
d'ordre. De même, une Société wallonne de Prospective sera-t-elle nécessaire pour
étendre cette dynamique à tous les acteurs de la société et pour leur fournir le cadre
méthodologique et les outils conceptuels nécessaires. Ainsi que l'évoquait Jean-Pol
Demacq en ouverture de ce congrès, ce centre indépendant devra s'inscrire dans le
réseau européen et nord-américain de visions prospectives et futuribles et articuler,
de manière constante, la prospective, le projet et son évaluation.
Conclusion
Notre congrès dévaluation a
été un congrès d'action. Il est l'aboutissement d'un premier cercle de La Wallonie
au futur, cercle suivi depuis 1987, pendant lequel nous avons formulé des
propositions et tenté de les faire prendre en compte.
On l'a rappelé plusieurs fois lors
de ces dernières rencontres : le travail de la cellule de prospective qui a
réfléchi autour de Jacques Delors a été exemplaire. Lorsqu'il évoque cette tâche,
Jérôme Vignon qui a animé cette équipe souligne l'importance
fondamentale de son dialogue avec le président de la Commission européenne, afin de
mieux répondre à son attente. En effet, lorsque la cellule livre son message, il faut
qu'il y ait une écoute. Aujourdhui, jai le sentiment que lécoute a
été grande, parce que notre méthodologie a permis de forcer certaines résistances
voire certaines surdités à l'écoute de nos recommandations.
En réalité, au moment où ce
congrès se termine, notre travail ne fait que commencer. Imprégnés du message
d'Elizabeth Dupoirier, nous entreprendrons cette tâche avec optimisme, rassurés quant à
notre capacité à agir sur le futur. La directrice de recherche à la Fondation nationale
des Sciences politiques ne soulignait-elle pas que le pouvoir d'influence est aussi
important, sinon plus, que le pouvoir d'autorité ?
Comme lhorizon du marcheur
recule sans cesse devant lui, nous persévérerons dans notre recherche pour inscrire nos
travaux dans la permanence.
Notes
1. Elizabeth
DUPOIRIER, Régions, La croisée des chemins, Perspectives françaises et enjeux
européens, p. 280, Paris, Presses de la Fondation nationale des Sciences politiques,
1998.
2. Philippe
Aghion, professeur à l'University College de Londres, L'innovation est un processus
conflictuel entre les intérêts acquis et ceux à naître, Propos recueillis par
Sophie Gherardi, dans Le Monde Economie, 12 mai 1998, p. II.
3. Chapitre
Wallonie de l'Internet Society (en formation) : http://www.wallonie-isoc.org.
4. Jérôme
BINDE, Prêts pour le XXIème siècle ?, dans Le Monde, 29 juillet 1998,
p. 10.
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