La genèse de la
Communauté germanophone de Belgique est à la fois semblable et différente de
celle de ses partenaires dans l'Etat fédéral belge.
La relater n'est pas
chose aisée. D'abord, parce qu'on risque d'ennuyer le lecteur en lui présentant
des faits qu'il connaît par l'histoire générale ou régionale et qui recoupent
des événements qui ont marqué le passé des germanophones de Belgique également.
Ensuite, parce que les aspects vraiment caractéristiques de ce passé sont
souvent si complexes ou d'une coloration tellement locale que leur compréhension
par un plus large public nécessite un long retour en arrière et de plus amples
explications qui menacent de devenir fastidieuses.
Je m'efforcerai d'éviter
cet écueil en me tenant à une description des faits aussi succincte que
possible, ce qui, j'en conviens, peut éventuellement engendrer une certaine
sécheresse de l'exposé.
J'en demande d'avance
l'indulgence du lecteur (1).
Située aux confins
orientaux de la Belgique, la région dite de langue allemande occupe une bande de
territoire longue d'environ 70 km et d'une largeur moyenne de 20 km; sa
superficie est de 868 km². Au nord, la commune de Kelmis - La Calamine touche le
Royaume des Pays-Bas, alors qu'au sud, la commune de Burg Reuland jouxte le
Grand-Duché de Luxembourg. A l'est s'étend la République fédérale d'Allemagne.
Cette situation aux
frontières politiques, mais aussi au point de rencontre des cultures germanique
et romane a marqué de manière variable et variée l'histoire des quelque 68.000
Belges de langue allemande. Suivant les périodes, elle a soit enrichi leur
héritage culturel soit laissé des traces douloureuses.
L'exposé qui suit
voudrait résumer ce passé mouvementé, expliquer l'existence d'une Communauté
germanophone en Belgique et montrer comment elle a acquis ses traits
caractéristiques. Il est divisé en cinq parties : l'Ancien Régime, l'Etat
centralisé du XIXème siècle, la période des déchirements de 1920-1944, les
Cantons de l'Est, l'autonomie.
L'Ancien Régime
Le passé préhistorique et
romain de la région n'a été guère exploré jusqu'ici. Un grand axe routier
romain, la voie Reims-Cologne, a très certainement traversé le sud de la région
de langue allemande, le pays de Saint-Vith, où les traces de cette époque sont
particulièrement nombreuses. C'est le long de cette voie que s'installèrent les
Francs dès le Vème siècle.
Au VIIème siècle se situe
la fondation de l'abbaye de Stavelot-Malmedy par le roi Sigebert III
d'Austrasie. Les disciples du premier abbé, Saint Remacle, ont sans doute été à
l'origine de l'évangélisation du sud de la région de langue allemande.
Deux siècles plus tard,
nous retrouvons celle-ci au coeur de l'empire de Charlemagne. Les domaines
royaux y étaient nombreux et progressivement les souverains carolingiens en
transférèrent l'avouerie au chapitre de l'église Notre-Dame à Aix-la-Chapelle.
Au pays d'Eupen, des liens avec cette institution subsistèrent d'ailleurs
jusqu'à la fin de l'Ancien Régime.
Le démantèlement de
l'empire carolingien et les invasions normandes ayant affaibli le pouvoir
central, de nouvelles entités politiques virent le jour. Parmi celles-ci, les
duchés de Limbourg et de Luxembourg ont tenu une place particulière dans
l'histoire de la région de langue allemande.
L'évolution territoriale
du duché de Limbourg (2) – qui tire son nom
d'un château fort situé sur un rocher escarpé surplombant la Vesdre et qui est
donc sans rapport avec la province belge de même nom – était freinée au sud et à
l'ouest par la principauté de Liège et le duché de Brabant. Les ducs de Limbourg
exercèrent dès lors une pression croissante sur le pays d'Eupen au nord, où le
chapitre de Notre-Dame d'Aix-la-Chapelle ne put sauvegarder tous ses droits
souverains.
Suite à la bataille de
Worringen le 5 juin 1288, le duché de Limbourg fut uni au Brabant dont il
partagea les destinées jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, tout en conservant une
certaine autonomie administrative et judiciaire.
La dynastie
luxembourgeoise (3), quant à elle, tenta en vain
d'agrandir son territoire vers l'est. Elle réussit mieux à l'ouest au détriment
des grandes abbayes d'Echternach, de Saint-Maximin de Trêves et de
Stavelot-Malmedy. Les seigneurs de Bütgenbach, de St-Vith et de Reuland, qui se
partageaient le sud de l'actuelle région de langue allemande, passèrent
progressivement dans la sphère d'influence des ducs de Luxembourg et y restèrent
jusqu'à la conquête française en 1794.
La région de
Büllingen-Manderfeld constitue un cas spécial. Le territoire de Manderfeld
devint la propriété des seigneurs de Schönberg et passa en 1374 à l'électorat de
Trêves. Quant à la terre de Büllingen, elle finit par être écartelée entre trois
seigneurs, la souveraineté y étant toutefois exercée par le seul Luxembourg.
Voilà pour la carte
politique assez bigarrée sous l'Ancien Régime.
Pour ce qui est des
aspects économiques, il faut constater d'abord que les branches principales de
l'économie étaient – on est tenté de dire : comme partout ailleurs –
l'agriculture et l'élevage (4). Néanmoins, une
activité pré-industrielle relativement importante mérite d'être signalée dans
les villages de Kelmis - La Calamine, de Raeren et surtout dans le bourg
d'Eupen, trois localités situées dans la partie nord de la région de langue
allemande (5).
Les nombreux sanctuaires
et potales érigés surtout au XVIIème et au XVIIIème siècles témoignent de
l'attachement profond des habitants aussi bien du pays d'Eupen que de la région
de Büllingen-Saint-Vith à la religion catholique (6).
La réforme protestante ne s'implanta qu'à Eupen, où une communauté réformée sut
se maintenir tout au long de l'Ancien Régime grâce à la protection des
Provinces-Unies des Pays-Bas (7). Elle existe
encore de nos jours.
Dans l'enseignement et la
catéchèse organisés par l'Eglise, l'utilisation de l'allemand est attestée dès
le XVIIème siècle. La langue "parlée" semble avoir été partout le dialecte (8).
L'Etat centralisé du XIXème siècle
Cette petite société
rurale figée dans ses habitudes séculaires dut faire face à la fin du XVIIIème
siècle aux bouleversements qui engendrèrent l'Etat moderne. Il est à signaler
que le Limbourg tout comme le Luxembourg prirent d'emblée leurs distances
vis-à-vis de la Révolution brabançonne dirigée contre Joseph II, l'empereur
philosophe (9).
L'annexion le 1er octobre
1795 par la République française y fut regardée par bon nombre comme une
catastrophe. A quelques exceptions près, toutes les localités de l'actuelle
région de langue allemande faisaient désormais partie d'une même circonscription
administrative, le département de l'Ourthe, chef-lieu : Liège. Très vite, la
politique religieuse du gouvernement français exaspéra les habitants (10).
L'introduction du service militaire obligatoire en septembre 1798 déclencha un
soulèvement spontané, auquel participa une notable partie du pays de Saint-Vith.
La révolte fut rapidement écrasée, mais longtemps encore les conscrits
continuèrent à se soustraire au service militaire par la fuite (11).
Sous le Consulat et
l'Empire, le régime français fut cependant mieux accepté. Y contribuaient le
rétablissement de la paix religieuse et le redressement économique. L'industrie
drapière d'Eupen, par exemple, connut un essor sans pareil. Néanmoins, aucun
attachement profond à la France ne se développait. Au contraire, à la fin de
l'Empire, le lourd tribut humain payé sur les champs de bataille, le conflit
entre Napoléon et le pape ainsi que les difficultés économiques firent resurgir
le mécontentement.
La chute de Napoléon
amena une réorganisation de la carte politique de l'Europe. Lors du Congrès de
Vienne, réuni pour régler le sort des territoires abandonnés par la France, la
Prusse fixa finalement ses objectifs sur la ligne de la Meuse et le Luxembourg.
De l'ancien département de l'Ourthe, elle obtint en définitive, entre autres,
les cantons d'Eupen, de Malmedy et de Saint-Vith ainsi que le territoire de
Moresnet. A propos du gîte calaminaire que ce dernier contenait, la Prusse et le
nouveau royaume des Pays-Bas ne purent se mettre d'accord. En fin de compte,
Moresnet fut divisé en trois parties : une hollandaise (belge à partir de 1830),
une prussienne et une neutre gérée conjointement (12).
Les territoires annexés par la Prusse furent répartis en trois "Kreise" –
cercles administratifs –, à savoir Eupen, Malmedy et Saint-Vith. Le cercle de
Saint-Vith disparut dès 1820; ces communes passèrent au cercle de Malmedy (13).
Au pays d'Eupen surtout,
on accueillit le régime prussien avec une certaine réserve. D'abord, parce que
la Prusse était considérée comme la championne du protestantisme et que son
attitude à l'égard du clergé catholique – telles ses hésitations à améliorer le
sort matériel des prêtres – fut mal perçue. Ensuite, parce que la discipline et
l'ordre, deux valeurs fondamentales de l'Etat prussien, étaient difficilement
acceptées par les Rhénans dans leur ensemble, habitués à vivre sous un régime
politique plus relâché. En dernier lieu, la déception fut grande de voir la
Prusse reprendre des mesures considérées comme odieuses sous le régime français,
telle la conscription militaire.
Un revirement en
profondeur de l'esprit public ne s'opéra qu'à partir des années 1860.
Entre-temps, les générations ayant connu le régime autrichien avaient disparu et
la scolarité obligatoire contribua certainement au développement d'un sentiment
national prussien. A Eupen-Malmedy comme partout ailleurs en Allemagne, la
politique de Bismarck suscita l'enthousiasme patriotique. Toutefois,
l'unification de l'Allemagne une fois accomplie, le Kulturkampf déclenché
par "le chancelier de fer" contre l'Eglise catholique provoqua une crise de
confiance passagère.
Dans le domaine
économique, le changement de nationalité décidé en 1815 avait provoqué une
première crise très grave dans l'industrie textile d'Eupen obligée tout d'un
coup de trouver de nouveaux marchés. Progressivement, de nouvelles industries
s'installèrent, mais elles ne purent résorber entièrement le trop-plein de
main-d'oeuvre, conséquence des problèmes dans le secteur textile (14).
Par ailleurs, la construction d'un réseau ferroviaire pendant la seconde moitié
du XIXème siècle procurait du travail à bon nombre d'hommes, surtout dans la
région de Saint-Vith, où une activité industrielle de quelque importance faisait
toujours défaut (15).
Les déchirements
Cette longue période
calme prit fin avec la Première Guerre mondiale. La défaite de l'Allemagne fut
accueillie dans les cercles d'Eupen et de Malmedy avec un sentiment de stupeur
incrédule et de résignation que les privations subies durant le conflit avaient
encore renforcé. Lors des négociations de paix à Versailles, la Belgique, très
éprouvée par la guerre, revendiqua d'emblée des réparations conséquentes et des
mesures de sécurité pour se prémunir contre une nouvelle agression allemande.
Toutefois, la délégation
belge à Versailles, soutenue surtout par la France, dut rapidement déchanter.
Malgré certaines assurances données auparavant, elle n'occupa pas de place
privilégiée à la table des négociations et dut en fin de compte abandonner
l'espoir de grandes compensations. Tout au plus fut-elle associée à l'occupation
de la Rhénanie.
La "réintégration" des
cercles d'Eupen et de Malmedy apparaît donc comme une revendication belge
minimale justifiée par ce que les délégués belges appelaient des "droits
historiques" – c'est-à-dire le passé commun –, des motifs linguistiques –
évidents dans le cas de la Wallonie malmédienne – et des raisons économiques.
Les alliés ne purent cependant être convaincus qu'après de longues discussions.
Le cas du territoire de Moresnet neutre fut examiné à part et, ici, les
revendications belges ne rencontrèrent pratiquement pas de résistance, vu que,
depuis plus d'un siècle, la localité était cogérée par la Prusse et la Belgique.
En définitive, les
articles 32 et 33 du traité de Versailles stipulaient la cession du territoire
de Moresnet neutre au royaume de Belgique. L'article 34 en fit de même pour les
cercles d'Eupen et de Malmedy. Mais, durant une période de six mois, les
habitants des deux cercles auraient la possibilité de se prononcer contre cette
annexion en inscrivant leur nom dans des registres ouverts à cet effet par la
Belgique. Le gouvernement belge devrait communiquer le résultat de cette
consultation à la Société des Nations, dont il s'engageait à respecter la
décision. L'article 35 du traité de paix prévoyait enfin la création d'une
commission chargée de fixer le tracé définitif de la nouvelle frontière
belgo-allemande (16).
Le 15 septembre 1919, une
loi-cadre fixait le statut juridique de la région annexée et les modalités de
l'introduction progressive de la législation et de l'administration belges. Pour
Moresnet aucune phase transitoire n'était prévue. L'autorité supérieure à
Eupen-Malmedy appartenait désormais à un haut commissaire responsable devant le
seul Premier ministre. Son choix posa d'ailleurs quelques problèmes, entre
autres pour des raisons d'ordre linguistique. Finalement, on confia ce poste
important au lieutenant-général Herman Baltia, d'origine luxembourgeoise.
Le 10 janvier 1920, le
traité de Versailles entra en vigueur. La Belgique obtint la souveraineté
provisoire sur Eupen-Malmedy. Entre le 26 janvier et le 23 juillet eut lieu la
consultation populaire prévue par l'article 34 dudit traité. Mais la manière
dont elle fut organisée reste à plus d'un point de vue critiquable (17).
En définitive, sur 33.726 personnes ayant droit au vote, 271, dont une grande
partie de fonctionnaires allemands, se déclaraient contre l'annexion. Malgré les
protestations de l'Allemagne, la Société des Nations entérina l'annexion le 16
septembre suivant.
La région fut à nouveau
divisée en trois cantons : Eupen, Malmedy et Saint-Vith. Dans la mesure où ils
prêtaient serment à la constitution et faisaient preuve de loyauté à l'égard de
l'Etat belge, les bourgmestres et fonctionnaires étaient maintenus dans leurs
fonctions.
L'industrie textile
d'Eupen supporta très mal ce nouveau changement politique qui la coupait une
fois de plus de ses débouchés et la régression du trafic ferroviaire provoqua
d'importantes pertes d'emploi dans la région de Saint-Vith.
Avec le recul, le
gouvernement du général Baltia apparaît comme fort indépendant et autoritaire,
voire paternaliste. Il n'en reste pas moins que le gouverneur s'efforça de tenir
compte, dans le cadre des possibilités administratives et financières
existantes, des particularités linguistiques et autres de la région annexée.
Le 6 mars 1925, une
nouvelle loi mit fin au régime de transition et intégra les trois cantons
définitivement au territoire national. Lors des débats au Parlement belge, deux
tendances opposées étaient apparues. Les socialistes prônaient le respect de la
volonté populaire, qu'ils estimaient avoir été bafouée par une consultation
populaire tronquée. Ils revendiquaient par ailleurs un arrondissement d'Eupen-Malmedy
autonome. Leur point de vue était violemment combattu par le Parti catholique
qui défendait l'intégration pure et simple des "nouveaux Belges" dans
l'arrondissement de Verviers et la province de Liège. Le texte de la loi du 6
mars 1925 consistait finalement en quelques dispositions générales, les points
de détail devant être réglés dans la suite par arrêtés d'exécution. Le 1er juin
1925, le gouvernement Baltia fut dissous; l'introduction de la constitution et
des lois non encore en vigueur fut prévue pour le 1er janvier 1926 (18).
C'est au courant de cette
même année qu'eurent lieu des tractations officieuses et secrètes entre, d'une
part, le président de la banque nationale allemande agissant en accord avec son
ministre des affaires étrangères et, d'autre part, le gouverneur de la banque
nationale de Belgique ainsi que l'ancien Premier ministre belge Delacroix. Ces
contacts avaient pour but de rétrocéder Eupen-Malmedy à l'Allemagne contre une
substantielle compensation financière. Le secret ne fut pas gardé et le projet
échoua surtout à cause de l'opposition énergique de la France qui refusa toute
révision du traité de Versailles dans son ensemble et dans ses détails (19).
L'espoir d'une telle
révision était pourtant resté vif à Eupen-Malmedy et il était alimenté chaque
jour davantage par la déception d'une population qui reprochait au Parti
catholique, le grand vainqueur des élections législatives de 1925, d'ignorer ses
revendications d'autonomie. Les mécontents pouvaient compter sur le soutien du
Parti ouvrier belge qui continuait à défendre le principe de l'autodétermination
et le projet d'un arrondissement d'Eupen-Malmedy.
Une conséquence immédiate
du mécontentement croissant fut la fondation en janvier 1929 du "Christliche
Volkspartei
Eupen - Malmedy - Saint-Vith" qui remporta un grand succès électoral quelques
mois plus tard, obtenant 52,1 % des voix pour l'ensemble des trois cantons,
contre 19,4 % pour le Parti catholique et 23,3 % pour le Parti ouvrier belge. La
nouvelle formation, qui trouvait sa principale raison d'être dans les tensions
nées du centralisme bruxellois, revendiqua d'emblée une nouvelle consultation
populaire et une éventuelle rétrocession d'Eupen - Malmedy - Saint-Vith à
l'Allemagne. Face à cette radicalisation, le gouvernement belge n'eut, aux dires
du général Baltia, jamais une ligne de conduite et une politique bien tracées.
Il faut cependant mentionner la fondation en 1927 d'un quotidien en langue
allemande, le Grenz-Echo, – il existe toujours –, qui défendait la
politique de la Belgique en général, et du Parti catholique en particulier, face
à une presse locale neutre ou révisionniste.
En 1933, fut fondé à
Eupen-Malmedy un groupement ayant comme principal objectif d'y répandre
l'idéologie national-socialiste, qui n'avait guère pénétré la région jusque-là.
Progressivement, le Christliche Volkspartei
glissait vers le national-socialisme et son président fut d'ailleurs expulsé en
1935.
Lors des élections
législatives de 1936, ce parti ne présenta plus de candidats et exhorta ses
électeurs à rejoindre le "Heimattreue Front", nouvelle formation régionale dont
les activités étaient ouvertement téléguidées et financées par l'Allemagne de
Hitler. A ces mêmes élections de 1936, le Parti catholique réussit, contre toute
attente, à maintenir sa position reconquise en 1932 qui oscillait autour de 30 %
de l'électorat. Le Parti ouvrier, par contre, qui sous l'impression des
persécutions contre les socialistes allemands avait abandonné sa politique
révisionniste, tout en continuant à défendre l'égalité en droit des nouveaux
Belges, tomba à 12,6 %. Le Heimattreue Front, qui avait incité au vote
"blanc", fut, quant à lui, suivi par la majorité absolue des électeurs.
Dans les années qui
suivirent, le fossé entre ceux qu'on appela désormais les "pro-belges" ou les
"pro-allemands" se creusait de plus en plus. L'historien prendra cependant garde
d'épouser cette vision manichéenne des choses, résultat de conflits très
douloureux divisant familles et amis. Ainsi, tous les "pro-allemands" n'étaient
pas a fortiori des "pro-nazis" et, parmi les "pro-belges", beaucoup
s'étaient détournés de l'Allemagne, moins suite à un coup de foudre subit pour
leur nouvelle patrie que par aversion pour le régime hitlérien. Il n'en reste
pas moins que les élections législatives de 1939 se déroulèrent dans un climat
proche de la guerre civile. Le Parti catholique obtint pour l'ensemble des trois
cantons 38,6 %, le Parti ouvrier belge plus que 4 % et le Parti libéral 3,4 %.
Le Heimattreue Front recueillit 45,1 % des suffrages. A la veille de la
Seconde Guerre mondiale, les deux camps étaient donc de force sensiblement
égale.
Le 10 mai 1940, les
troupes allemandes investirent la région. La conquête fut rapide et elle se fit
pratiquement sans dommages et pertes. Bon nombre de fonctionnaires,
d'instituteurs et de particuliers connus pour leurs opinions pro-belges avaient
pris la fuite; mais plusieurs – dont le directeur du Grenz-Echo
– furent arrêtés et conduits dans les camps de concentration.
Dès le 18 mai, un arrêté
du Führer incorpora les trois cantons d'Eupen - Malmedy - Saint-Vith à
l'Allemagne (20). Cette annexion, effectuée
alors que la Belgique était encore en guerre avec le Reich, était tout à
fait contraire au droit international. Cependant, le gouvernement belge ne
protesta contre cette mesure qu'en juillet 1943, et encore, de manière indirecte
via Radio Londres.
Les habitants d'Eupen - Malmedy - Saint-Vith
étaient dès lors amenés dans leur grande majorité à considérer l'annexion comme
normale et irrévocable. La plupart d'entre eux reçurent officiellement la
nationalité allemande le 23 septembre 1941. Peu après commençait, comme en
Alsace - Lorraine et au Grand-Duché de Luxembourg, l'enrôlement forcé de la
population masculine dans l'armée allemande. Sur environ 8.000 enrôlés, plus de
3.400 furent, en fin de compte, tués ou portés disparus. Peu nombreux furent les
jeunes gens qui surent échapper à l'enrôlement de force par la fuite à
l'intérieur de la Belgique, où ils menèrent une existence clandestine et
dangereuse.
Bien que les lourdes
pertes humaines provoquèrent un revirement certain de l'opinion publique contre
l'Allemagne, la résistance au régime hitlérien resta surtout l'oeuvre de
combattants isolés. Elle fut particulièrement vive surtout dans la région de
Kelmis - La Calamine. Ailleurs, à la fin de la guerre, le mécontentement, tout
en étant quasi unanime, ne s'étendit même pas à un mouvement général de
résistance passive.
A la mi-septembre 1944,
les troupes américaines entrèrent dans Eupen - Malmedy - Saint-Vith. Mais, dès
le 16 décembre débuta l'offensive allemande dans les Ardennes qui dura jusqu'au
2 février 1945 et au cours de laquelle la ville de Saint-Vith fut complètement
détruite par un bombardement allié (21).
Les Cantons de l'Est
L'après-guerre immédiat
se caractérisa par une atmosphère de suspicion et de délation qu'un auteur belge
francophone a décrit comme suit : La liberté individuelle, le respect du
domicile et des biens n'existent plus. Dans les cantons il n'y a que des
coupables : même les citoyens paisibles sont coupables, il faut être belge
cocardier. C'est qu'ils ont été forts les ouvriers de la onzième heure. Ils
rançonnent, réquisitionnent, plastronnent et emprisonnent. Les prisons de
Tongres, d'Alost, de Louvain regorgent d'Eupenois et de Malmédiens. On ne sait
plus où les fourrer; on équipe des centres d'internement (22).
Entre février 1946 et
juin - juillet 1947, des tribunaux de guerre siégèrent à Eupen et à Malmedy, où
sans tenir suffisamment compte de la situation spéciale de la région pendant la
guerre – on ne rappellera jamais assez qu'elle avait été annexée et non pas,
comme l'intérieur du pays, occupée par l'Allemagne –, on avait ouvert 15.626
dossiers d'instructions touchant ainsi 25 % de la population, chiffre qui est
loin au-dessus de la moyenne nationale se situant à 4,15 % (23).
Même si, en définitive, le nombre de procès et de condamnations par rapport aux
dossiers ouverts fut inférieur à la moyenne nationale, cette "épuration" peu
différenciée laissa des cicatrices profondes qui mirent longtemps à s'estomper (24).
Le dédommagement des
victimes de guerre se fit lui aussi fort lentement. Un traité belgo-allemand
signé le 28 septembre 1960 prévoyait le paiement par la RFA d'une somme de 80
millions de DM en faveur de citoyens belges victimes de mesures de
persécutions national-socialistes. Cette somme était destinée à l'ensemble
des citoyens belges et donc pas spécifiquement aux habitants
d'Eupen - Malmedy - Saint-Vith. Le traité belgo-allemand du 21 septembre 1962
stipula, à son tour, le paiement de 30 millions de DM en faveur des victimes de
guerre des régions belges annexées. Un autre problème resté longtemps en suspens
vient seulement d'être réglé par le parlement belge : à l'avenir, les enrôlés de
force dans l'armée allemande et leurs ayants droit jouiront d'une pension de
guerre.
Les conséquences de
quatre années d'annexion allemande et les nouvelles tentatives en vue d'arrimer
Eupen - Malmedy -Saint-Vith une fois pour toutes à la Belgique avaient fait
apparaître la nécessité impérieuse de mesures administratives appropriées, dont
une des plus importantes fut certes la nomination, le 15 janvier 1945, d'un
commissaire d'arrondissement adjoint pour les trois cantons de l'Est. Pendant de
longues années, ce fonctionnaire doté de pouvoirs très étendus fit office
d'agent de liaison entre les administrations locales d'une part, le gouvernement
national et provincial d'autre part.
Mais, malgré tous ses
efforts, le respect de la langue allemande dans l'administration et
l'enseignement laissa encore longtemps à désirer.
Par contre, la vie
économique, après une passe difficile due aux changements successifs d'obédience
politique, reprit assez rapidement. Le lent déclin de l'industrie textile, qui
avait fait la gloire et prospérité d'Eupen, fut heureusement compensé par la
naissance ou l'extension d'autres entreprises, notamment les câbleries, qui
créèrent de nouveaux emplois (25).
L'autonomie (26)
Entre 1946 et 1961, le
Christlich-soziale Partei
(Parti social-chrétien), héritier du Parti catholique, avait aligné les succès
électoraux spectaculaires se situant entre 70 et 80 % des voix pour la moyenne
des cantons d'Eupen, de Malmedy et de Saint-Vith. Dans des conditions
difficiles, les élus régionaux défendirent le respect de la langue allemande et
mirent en garde contre une épuration généralisée.
Néanmoins, dès 1961, un
certain mécontentement se fit à nouveau jour au sein de l'électorat qui
estimait, non sans raisons, que les problèmes nés de la guerre et de
l'après-guerre immédiat n'étaient pas réglés suffisamment vite. Aux élections
législatives de 1965, le Parti social-chrétien essuya une première défaite
significative qui le vit régresser à 64,4 % des voix pour la moyenne des trois
cantons.
Déjà dans les années 50,
dans certains milieux sociaux-chrétiens avaient été formulées des propositions
très concrètes visant à la création d'un arrondissement d'Eupen - Malmedy - Saint-Vith
autonome, qui était regardé entre autres comme point de départ d'une autonomie
culturelle des germanophones de Belgique. Mais, lors de la circonscription des
régions linguistiques en 1963, l'entité "Cantons de l'Est" fut disloquée.
L'article 5 de la loi du 2 août 1963 définit la région de langue allemande de
Belgique comme suit : les neuf communes du canton d'Eupen, les 11 communes du
canton de Saint-Vith, 4 des 10 communes du canton de Malmedy et Kelmis - La Calamine
qui faisait partie du canton d'Aubel (27).
Aux élections de 1968, le
Parti social-chrétien recula encore de manière dramatique. Il perdit plus de
4.000 voix. En même temps, les revendications d'une véritable autonomie
culturelle se succédaient à une cadence de plus en plus rapide et se
précisaient. Lors des élections législatives de 1971 se présenta pour la
première fois une nouvelle formation politique régionale, la
Christlich-Unabhängige Wählergemeinschaft, qui obtint d'emblée 29,9 % des
voix au canton d'Eupen, 11,3 % au canton de Malmedy et 16 % au canton de
Saint-Vith. En 1972, elle donna naissance à un nouveau parti, le Partei der
Deutschsprachigen Belgier, qui, aux élections de 1974, remporta 22,8 % des
voix au canton d'Eupen, 12,1 % au canton de Malmedy et 43,3 % au canton de
Saint-Vith. Le Parti social-chrétien perdit la majorité absolue des voix; en
dehors du Partei der Deutschsprachigen Belgier, d'autres formations
politiques nationales, tels les socialistes et les libéraux, gagnèrent
sensiblement du terrain et réussirent à faire élire des représentants régionaux
à la Chambre et au Sénat.
Entre-temps, l'article
3ter de la constitution belge révisée de 1970 avait reconnu l'existence d'une
Communauté culturelle allemande en Belgique. En 1973 avait été installé le
Rat der deutschen Kulturgemeinschaft
comprenant 25 représentants élus directement. Progressivement s'y réalisait
l'unanimité, en vue de revendiquer un conseil communautaire disposant du pouvoir
législatif et jouissant des mêmes attributions que les Conseils des Communautés
flamande et française, l'unanimité également en vue de revendiquer un organe
exécutif.
La nouvelle réforme
institutionnelle de 1980 ne combla cependant pas ces voeux. La deutsche
Kulturgemeinschaft devint la Deutschsprachige Gemeinschaft, toutefois
l'article 59ter de la constitution révisée de 1970, qui prévoyait un "parlement"
pour la Communauté germanophone, mais pas d'Exécutif, ne fut pas modifié. Il
fallut plusieurs années de tractations et de discussions serrées au Parlement
belge pour aboutir à cette modification au cours de l'année 1983. Le 30 janvier
1984, le premier Exécutif de la Communauté germanophone de Belgique, comptant
trois ministres, fut installé en présence du Premier ministre et des
représentants en vue de la vie politique nationale, communautaire et régionale
belge.
En matière d'élection, le
Conseil de la Communauté germanophone disposait à l'époque d'une longueur
d'avance sur les autres Conseils communautaires et régionaux vu que ses 25
membres étaient les seuls à être élus directement.
Depuis 1980, la
Communauté germanophone de Belgique est compétente pour les matières culturelles
et "personnalisables", c'est-à-dire la politique de santé publique et l'aide aux
personnes. En 1988, l'enseignement s'y est ajouté. Elle dispose de moyens
financiers propres, oscillant autour de 3 milliards de francs belges (28).
L'environnement, la
politique du logement et de l'eau, la politique économique et énergétique,
l'emploi – pour ne citer que ces exemples-là – dépendent, aussi sur le
territoire de la Communauté germanophone, de la Région wallonne. Néanmoins, la
Constitution belge précise que le Conseil et le gouvernement de la Communauté
germanophone pourront, le cas échéant, exercer en région de langue allemande des
compétences dévolues initialement à la Région wallonne, à condition qu'il y ait
une décision commune du Conseil de la Communauté germanophone et du Conseil
régional wallon en ce sens.
Les élections
communautaires qui se sont déroulées en mai 1995 ont confirmé une nouvelle fois
l'étonnante stabilité de l'électorat en Communauté germanophone, dont le Conseil
est composé actuellement de 10 sociaux-chrétiens, 5 libéraux, 4 socialistes, 3
écolos et 3 représentants d'une formation régionale héritière du Partei der
Deutschsprachigen Belgier, toutes et tous élus pour cinq ans. La coalition
gouvernementale comprend les sociaux-chrétiens et les socialistes. Le
ministre-président et un des ministres viennent du Parti social-chrétien, le
troisième membre du gouvernement appartient au Parti socialiste.
C'est ici que l'historien
arrêtera tout naturellement sa description de l'évolution de la Communauté
germanophone de Belgique. Il se rend compte qu'elle est fatalement sommaire, il
ose toutefois espérer qu'elle a suscité l'intérêt pour le passé, le présent et
l'avenir du plus petit partenaire de la Belgique fédérale. Il vous laissera le
soin de vérifier notamment si cette Communauté bénéficie effectivement, comme le
titrait Le Soir du 11 mai 1995, d'une (sur) protection que lui envient
de nombreuses minorités au monde.
Notes
(1)
L'on dispose actuellement de plusieurs synthèses de cette genèse. La première,
due à un sociologue de l'Université d'Aix-la-Chapelle, rappelle un peu trop par
endroits certaines positions allemandes à l'égard de la région d'Eupen - Malmedy - Saint-Vith
formulées dans les années 1920-1940 : ROSENSTRÄTER H., Deutschsprachige
Belgier. Geschichte und Gegenwart der deutschen Sprachgruppe in Belgien, 2
vol., Aix-la-Chapelle, 1985. La seconde a vu le jour précisément au cours de
cette période 1920-1940 et s'efforce de démontrer à tout prix le caractère
"germanique" d'Eupen-Malmedy-Saint Vith et son appartenance immémoriale à la
sphère politique et culturelle de l'Empire : REINERS H., Die Kunstdenkmäler
von Eupen-Malmedy, Düsseldorf, 1935, p. 1-42. La plus récente des synthèses
est un travail commandé par l'Exécutif de la Communauté germanophone plus
spécialement à l'intention des étudiants du secondaire. Utilisant le concept des
biblio-cassettes élaboré par A. d'Haenens pour la maison d'édition Artis, il
vise à une symbiose aussi complète que possible du texte et de l'iconographie et
dresse un état fort complet de la recherche : GRECC (Groupe de Recherche et d'Etudes
sur la Communication culturelle), Grenzland seit Menschengedenken. Identität
und Zukunft der Deutschsprachigen Gemeinschaft Belgiens, 4 biblio-cassettes,
Eupen, 1990.
Plusieurs articles donnent un aperçu succinct du passé des Germanophones de
Belgique. Ils constituent une entrée en matière utile : MINKE A., Die
Deutschsprachige Gemeinschaft Belgiens – Gestern und heute, dans Erstes
deutsch-niederländisch-belgisches Archivsymposion, 28 und 29 Mai 1991 in Eupen (Belgien),
Annalen, Bruxelles, 1992, p. 11-23; ID., Des "Frères retrouvés" aux
"germanophones de Belgique", Une minorité et son évolution, dans Cahiers
de Clio, 109 (1992), p. 69-80; ID., Une terre aux frontières, un espace
de rencontres, dans Louvain, Revue mensuelle de l'Université catholique
de Louvain et de l'Association des anciens et amis de l'UCL, Juin 1994, p.
17-20; ID., Entre deux mondes : les "Cantons de l'Est", dans La Revue
Générale, octobre 1995.
La bibliographie la plus récente est celle de MIESSEN W., Histoire, langue et
littérature de la Communauté germanophone de Belgique – Bibliographie 1945-1983,
Bruxelles, 1986. Celle publiée par REINERS H., Die Kunstdenkmäler ..., op.
cit., p. 43-61 reste utile.
Les sources pour l'histoire de la Communauté germanophone de Belgique sont
résumées dans MINKE A., Die Bestände des Staatsarchivs Eupen. Übersicht,
Bruxelles, 1993 et dans une série de publications qui sont le résultat d'une
mission de recherche menée par les Archives de l'Etat à Eupen et financée
conjointement par le Ministère fédéral de la Politique scientifique et le
gouvernement de la Communauté germanophone : HERREBOUT E., Quellen zur
Geschichte der Deutschsprachigen Gemeinschaft in ausländischen Archiven. I.
Bundesarchiv Koblenz, Bruxelles, 1993; ID., Quellen ..., op.cit., II.
Hauptstaatsarchiv Düsseldorf, Bruxelles, 1993; ID., Quellen ..., op.cit.,
III. Landeshauptarchiv Koblenz, Bruxelles, 1993; ID., Quellen ...,
op.cit., IV. Staatsarchiv Luxemburg/Archives Nationales de Luxembourg,
Bruxelles, 1994; ID., Quellen ..., op.cit., V. Historisches Archiv des
Erzbistums Köln, Bruxelles, 1994; ID., Quellen ..., op.cit., VI.
Bischöfliches Diözesanarchiv Aachen, Bruxelles, 1994; ID., Quellen ...,
op.cit., VII. Domarchiv Aachen, Bruxelles, 1994; ID., Quellen ...,
op.cit., VIII. Stadtarchiv Aachen, Bruxelles, 1994. Sont en préparation :
IX. Bundesarchiv Potsdam und Stiftung Preußischer Kulturbesitz Dalhem,
X.-XI. Archiv des Landschaftsverbandes Rheinland und Archiv des Auswärtigen
Amtes in Bonn.
(2) Orientation bibliographique : un ouvrage monumental
vieilli mais toujours irremplaçable : ERNST S.-P., Histoire du Limbourg
suivie de celle des comtés de Dalhem et de Fauquemont, des annales de l'abbaye
de Rolduc (éd. LAVALLEYE, E.), 7 vol., Liège, 1837-1852; sur les origines du
duché : SCHOPPMANN W., Entstehung und territoriale Entwicklung des Herzogtums
Limburg vom 11. Jahrhundert bis zum Jahre 1288, Bonn, 1958; traduction
française par PAUQUET F., dans Bulletin de la Société Verviétoise
d'Archéologie et d'Histoire, t. LI, 1964; un recueil de sources récent :
WINTGENS L., Weistümer und Rechtstexte im Bereich des Herzogtums Limburg –
Quellen zur Regionalgeschichte des 14. bis 18. Jahrhunderts, Ostbelgische
Studien, t. III, Eupen, 1988; sur les institutions centrales et locales :
HOMMERICH L. van, Gouvernés et gouvernants dans le duché de Limbourg et les
autres pays d'Outre-Meuse, dans Anciens Pays et Assemblées d'États,
t. XXXIII (1965), p. 109-117; THIELENS J., Les assemblées d'états du duché de
Limbourg et des pays d'Outre-Meuse au XVIIe siècle, ibid., t. XLIII, (1968);
DUMONT B., Un cadre de vie millénaire, dans Bailus 888-1988,
Baelen, 1988, p. 53-90.
(3) Cfr par ex. : GOEDERT J., La formation territoriale
du pays de Luxembourg depuis les origines jusqu'au milieu du XVème siècle,
Luxembourg, 1963; PETIT R., Les Etats des Duché de Luxembourg et Comté de
Chiny, dans Anciens Pays et Assemblées d'États, t. XXXIII, (1965), p.
87-109; MARGUE P., Luxemburg in Mittelalter und Neuzeit, Luxembourg,
1974; TRAUSCH G., Le Luxembourg sous l'Ancien Régime, Luxembourg, 1977.
(4) Pour le pays d'Eupen cfr par ex. : RUWET J.,
L'agriculture et les classes rurales au pays de Herve sous l'Ancien Régime,
Liège-Paris, 1943; pour la région de St-Vith : Zwischen Ommerscheid und
Wolfsbusch. Hof und Pfarre Amel im Wandel der Zeiten, St. Vith, 1986.
(5) Cfr par ex. : YANS M., Histoire économique du duché
de Limbourg sous la maison de Bourgogne. Les forêts et les mines, Mémoires
couronnés par l'Académie royale de Belgique, t. XXXVIII, Bruxelles, 1937;
PAUQUET F, Exploitation de la Vieille-Montagne au XVIIème siècle, Liège,
1970; HELLEBRANDT H. – MAYER O.E., Raerener Steinzeug, Aix-la-Chapelle,
1977; KOHNEMANN M., Auflagen auf Raerener Steinzeug, s.l., 1982; HERMANNS
L., Die Anfänge der Feintuchmanufaktur, dans Geschichtliches Eupen,
t. XV (1981), p. 163-169; MATHIEUX A.J., L'industrie drapière au pays de
Verviers et au duché de Limbourg, Verviers, 1954.
(6) Une synthèse de l'histoire religieuse de la région de
langue allemande fait toujours défaut. On consultera utilement : JENNIGES H.,
Traditionelles Kirchenleben und neue Religiosität. Vom Einfluß der Kirche auf
die Identitätsfindung der deutschen Sprachminderheit in Belgien, dans
Kolloquium über Kirchengeschichte und religiöses Leben bei den deutschen
Bevölkerungsgruppen im Ausland, Referate, Flensburg, 1993, p. 157-171.
(7) Cfr surtout : BODEM O., La Réforme dans le duché de
Limbourg, dans Protestantisme aux frontières, Aubel, 1985, p. 23-53.
(8) Cfr par ex. : WINTGENS L., Grundlagen der
Sprachgeschichte im Bereich des Herzogtums Limburg, Ostbelgische Studien, t.
I, Eupen, 1982; HECKER H., Die deutsche Sprachlandschaft in den Kantonen
Malmedy und St-Vith, Untersuchungen zur Lautgeschichte und Lautstruktur
ostbelgischer Mundarten, Göppingen, 1972.
(9) Cfr MINDER A., Le duché de Limbourg et la Révolution
brabançonne, Pepinster, 1940; TRAUSCH G., Le Luxembourg et la Révolution
brabançonne, dans Actes du colloque sur la Révolution brabançonne, 13-14
octobre 1983, Bruxelles, 1984, p 187-206.
(10) Cfr MINKE A., Entre Meuse, Rhin et Moselle,
dans Hommes de Dieu et révolution, Turnhout, 1992.
(11) Cfr MINDER A., Un épisode de la guerre des paysans.
Le soulèvement dans le Pays de St-Vith et de Stavelot, dans Bulletin de
la Société verviétoise d'Archéologie et d'Histoire, t. XXX (1938), p. 6-99;
à nuancer par TRAUSCH G., A propos du "Kleppelkrich". La répression des
soulèvements paysans de 1798 dans le département des Forêts, Publications de la
Section historique de l'Institut grand-ducal de Luxembourg, t. 82 (1967), p.
9-245.
(12) Cfr par ex. : PAUQUET F., Le territoire contesté de
Moresnet, dit Moresnet-Neutre, dans Bulletin de la Société Verviétoise
d'Archéologie et d'Histoire, t. XLVII (1960); PABST K., Neutral-Moresnet,
ein Dorf ohne Staatszugehörigkeit, 1815-1915, dans 150 Jahre Regierung
Aachen, Aix-la-Chapelle, 1967, p. 15-67.
(13) Cfr surtout GIELEN V., Der Kreis Eupen unter
preußischer Herrschaft, 1815-1920, Eupen, 1972; KAUFMANN K.L., Der Kreis
Malmedy, Geschichte eines Eifelkreises von 1865 bis 1920 (éd. NEU, H.),
Bonn, 1961; ID., Der Grenzkreis Malmedy in den ersten fünf Jahrzehnten der
preußischen Verwaltung (éd. NEU, H.), Bonn, 1963; ainsi que deux inventaires
édités par les Archives de l'Etat à Eupen : PAULS, A.-MINKE A., Archiv des
Kreises Malmedy (1803-1939), Bruxelles, 1994; PAULS, A.-HERREBOUT E., Das
Archiv des Kreises Eupen (1815-1921), Bruxelles, 1994.
(14) Une synthèse historique sur l'industrie textile
d'Eupen manque. Une approche sociologique de cette industrie au XIXéme siècle
est tentée par RULAND H., "Gott segne die christliche Arbeit". Ein Lesebuch
zur Geschichte der Eupener Arbeiterschaft in französischer und preußischer Zeit
(1792-1910), Aix-la-Chapelle, 1988.
(15) Cfr par ex. : NILLES L., Der Bau von Eisenbahnen im
Lande zwischen Venn und Schneifel – Projekte, Enttäuschungen und
Verwirklichungen, Schriftenreihe des Geschichtsvereins Zwischen Venn und
Schneifel, t. 4, St. Vith, 1970.
(16) Cfr surtout : DOEPGEN H., Die Abtretung des
Gebietes von Eupen-Malmedy an Belgien im Jahre 1920, Rheinisches Archiv.
Veröffentlichungen des Instituts für geschichtliche Landeskunde der Rheinlande
an der Universität Bonn, t. 60, Bonn, 1966; COLLINET R., L'annexion
d'Eupen et Malmedy à la Belgique en 1920, Verviers, 1986; PABST K., Das
Problem der deutsch-belgischen Grenze in der Politik der letzten 150 Jahre,
dans Zeitschrift des Aachener Geschichtsvereins, t. 77, 1965, p. 183-210.
(17) Cfr par ex. : VEITHEN P., Die Volksbefragung in
Eupen-Malmedy-St. Vith und ihre unmittelbaren Folgen, dans Fédération
archéologique, historique et folklorique de Belgique, XLIIème congrès,
Malmedy, 1972, Annales, t. II, Malmedy, 1974, p. 155-163.
(18) Sur les années 1920-1940, cfr surtout : PABST K.,
Eupen-Malmedy in der belgischen Regierungs- und Parteienpolitik 1914-1940,
dans Zeitschrift des Aachener Geschichtsvereins, t. 76 (1964), p.
206-515; ENSSLE M.J., Streseman's Territorial Revisionism, German-Belgium an
the Eupen-Malmedy Question, 1919-1929, Wiesbaden, 1980; LEJEUNE C., Die
deutsch-belgischen Kulturbeziehungen, 1925-1980, Cologne, 1992. Sur le rôle,
très important, de la presse à cette époque : CHRISTMANN H., Presse und
gesellschaftliche Kommunikation in Eupen-Malmedy zwischen den beiden Weltkriegen,
Munich, 1974.
(19) Cfr BARIETY J., Le projet de rétrocession d'Eupen-Malmedy
par la Belgique à l'Allemagne, et la France (1925-1926). Un cas d'utilisation de
l'arme financière en politique internationale, dans Les relations
franco-belges de 1830 à 1934, Metz, 1974, p. 325-348.
(20) L'ouvrage de référence pour les années 1940-1944
reste : SCHÄRER M.W., Deutsche Annexionspolitik im Westen. Die
Wiedereingliederung Eupen-Malmedys im Zweiten Weltkrieg, Bern-Frankfurt am
Main-Las Vegas, 1975, 2e éd., 1978.
(21) Sur cet épisode, cfr : Der verhängnisvolle Irrtum,
Eupen, 1984.
(22) MAXENCE P., Les atouts gaspillés ou le drame des
Cantons de l'Est, St-Nicolas, 1951, p. 52.
(23) Cfr GILISSEN J., Etude statistique sur la
répression de l'incivisme, dans Revue de droit pénal et de criminologie,
n° 5 (1951), pp. 535, 537 et 564.
(24) Sur la période 1945-1963, cfr surtout GRECC,
Grenzland ..., op. cit., biblio-cassettes 2 et 4; CREMER F., Annexion,
Assimilation, Autonomie. Zur Geschichte der Deutschsprachigen Gemeinschaft,
dans Informationen und Meinungen aus Deutschbelgien, 3-4, Eupen, 1994.
(25) Cfr Industrie- und Handelskammer zu Eupen,
1804-1979, Eupen, 1979.
(26) Cfr surtout GRECC, Grenzland ..., op.cit.,
biblio-cassette 4.
(27) Cfr BERGMANS B., Die rechtliche Stellung der
deutschen Sprache in Belgien, Louvain-la-Neuve, 1988 (également paru en
français : Le statut juridique de la langue allemande en Belgique) et
Deutsch als Umgangs- und Muttersprache in Belgien. Akten des Kolloquiums in Arel
vom 17. bis 18. Januar 1987, Bruxelles-Eupen, 1988.
(28) Le statut de la Communauté germanophone est par ex.
étudié par VAN DE VELDE E., De Duitstalige Gemeenschap, dans Liber
Amicorum R. Senelle : vraagpunten van Publiekrecht, Bruges, 1986, p. 53-67
et BRASSINNE J., Les nouvelles institutions politiques de la Belgique,
Dossiers du CRISP, 30, Bruxelles, 1989.
Cfr. aussi deux brochures éditées par les instances de la Communauté
germanophone : Zu Haus im neuen Belgien, Deutschsprachige Gemeinschaft in
Belgien, 1984-1994, Eupen, 1994 et Der Rat der Deutschsprachigen
Gemeinschaft, Eupen, 1993.
Alfred Minke, La
Communauté germanophone : l'évolution d'une terre d'entre-deux, dans
La Wallonie, une région en Europe,
CIFE-IJD, 1997