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La Wallonie, une région en Europe

La Communauté germanophone: l'évolution d'une terre d'entre-deux - (1995)

Alfred Minke
Professeur à l'Université catholique de Louvain
Conservateur aux Archives de l'Etat à Eupen

 

La genèse de la Communauté germanophone de Belgique est à la fois semblable et différente de celle de ses partenaires dans l'Etat fédéral belge.

La relater n'est pas chose aisée. D'abord, parce qu'on risque d'ennuyer le lecteur en lui présentant des faits qu'il connaît par l'histoire générale ou régionale et qui recoupent des événements qui ont marqué le passé des germanophones de Belgique également. Ensuite, parce que les aspects vraiment caractéristiques de ce passé sont souvent si complexes ou d'une coloration tellement locale que leur compréhension par un plus large public nécessite un long retour en arrière et de plus amples explications qui menacent de devenir fastidieuses.

Je m'efforcerai d'éviter cet écueil en me tenant à une description des faits aussi succincte que possible, ce qui, j'en conviens, peut éventuellement engendrer une certaine sécheresse de l'exposé.

J'en demande d'avance l'indulgence du lecteur (1).

Située aux confins orientaux de la Belgique, la région dite de langue allemande occupe une bande de territoire longue d'environ 70 km et d'une largeur moyenne de 20 km; sa superficie est de 868 km². Au nord, la commune de Kelmis - La Calamine touche le Royaume des Pays-Bas, alors qu'au sud, la commune de Burg Reuland jouxte le Grand-Duché de Luxembourg. A l'est s'étend la République fédérale d'Allemagne.

Cette situation aux frontières politiques, mais aussi au point de rencontre des cultures germanique et romane a marqué de manière variable et variée l'histoire des quelque 68.000 Belges de langue allemande. Suivant les périodes, elle a soit enrichi leur héritage culturel soit laissé des traces douloureuses.

L'exposé qui suit voudrait résumer ce passé mouvementé, expliquer l'existence d'une Communauté germanophone en Belgique et montrer comment elle a acquis ses traits caractéristiques. Il est divisé en cinq parties : l'Ancien Régime, l'Etat centralisé du XIXème siècle, la période des déchirements de 1920-1944, les Cantons de l'Est, l'autonomie.

L'Ancien Régime

Le passé préhistorique et romain de la région n'a été guère exploré jusqu'ici. Un grand axe routier romain, la voie Reims-Cologne, a très certainement traversé le sud de la région de langue allemande, le pays de Saint-Vith, où les traces de cette époque sont particulièrement nombreuses. C'est le long de cette voie que s'installèrent les Francs dès le Vème siècle.

Au VIIème siècle se situe la fondation de l'abbaye de Stavelot-Malmedy par le roi Sigebert III d'Austrasie. Les disciples du premier abbé, Saint Remacle, ont sans doute été à l'origine de l'évangélisation du sud de la région de langue allemande.

Deux siècles plus tard, nous retrouvons celle-ci au coeur de l'empire de Charlemagne. Les domaines royaux y étaient nombreux et progressivement les souverains carolingiens en transférèrent l'avouerie au chapitre de l'église Notre-Dame à Aix-la-Chapelle. Au pays d'Eupen, des liens avec cette institution subsistèrent d'ailleurs jusqu'à la fin de l'Ancien Régime.

Le démantèlement de l'empire carolingien et les invasions normandes ayant affaibli le pouvoir central, de nouvelles entités politiques virent le jour. Parmi celles-ci, les duchés de Limbourg et de Luxembourg ont tenu une place particulière dans l'histoire de la région de langue allemande.

L'évolution territoriale du duché de Limbourg (2) – qui tire son nom d'un château fort situé sur un rocher escarpé surplombant la Vesdre et qui est donc sans rapport avec la province belge de même nom – était freinée au sud et à l'ouest par la principauté de Liège et le duché de Brabant. Les ducs de Limbourg exercèrent dès lors une pression croissante sur le pays d'Eupen au nord, où le chapitre de Notre-Dame d'Aix-la-Chapelle ne put sauvegarder tous ses droits souverains.

Suite à la bataille de Worringen le 5 juin 1288, le duché de Limbourg fut uni au Brabant dont il partagea les destinées jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, tout en conservant une certaine autonomie administrative et judiciaire.

La dynastie luxembourgeoise (3), quant à elle, tenta en vain d'agrandir son territoire vers l'est. Elle réussit mieux à l'ouest au détriment des grandes abbayes d'Echternach, de Saint-Maximin de Trêves et de Stavelot-Malmedy. Les seigneurs de Bütgenbach, de St-Vith et de Reuland, qui se partageaient le sud de l'actuelle région de langue allemande, passèrent progressivement dans la sphère d'influence des ducs de Luxembourg et y restèrent jusqu'à la conquête française en 1794.

La région de Büllingen-Manderfeld constitue un cas spécial. Le territoire de Manderfeld devint la propriété des seigneurs de Schönberg et passa en 1374 à l'électorat de Trêves. Quant à la terre de Büllingen, elle finit par être écartelée entre trois seigneurs, la souveraineté y étant toutefois exercée par le seul Luxembourg.

Voilà pour la carte politique assez bigarrée sous l'Ancien Régime.

Pour ce qui est des aspects économiques, il faut constater d'abord que les branches principales de l'économie étaient – on est tenté de dire : comme partout ailleurs – l'agriculture et l'élevage (4). Néanmoins, une activité pré-industrielle relativement importante mérite d'être signalée dans les villages de Kelmis - La Calamine, de Raeren et surtout dans le bourg d'Eupen, trois localités situées dans la partie nord de la région de langue allemande (5).

Les nombreux sanctuaires et potales érigés surtout au XVIIème et au XVIIIème siècles témoignent de l'attachement profond des habitants aussi bien du pays d'Eupen que de la région de Büllingen-Saint-Vith à la religion catholique (6). La réforme protestante ne s'implanta qu'à Eupen, où une communauté réformée sut se maintenir tout au long de l'Ancien Régime grâce à la protection des Provinces-Unies des Pays-Bas (7). Elle existe encore de nos jours.

Dans l'enseignement et la catéchèse organisés par l'Eglise, l'utilisation de l'allemand est attestée dès le XVIIème siècle. La langue "parlée" semble avoir été partout le dialecte (8).

L'Etat centralisé du XIXème siècle

Cette petite société rurale figée dans ses habitudes séculaires dut faire face à la fin du XVIIIème siècle aux bouleversements qui engendrèrent l'Etat moderne. Il est à signaler que le Limbourg tout comme le Luxembourg prirent d'emblée leurs distances vis-à-vis de la Révolution brabançonne dirigée contre Joseph II, l'empereur philosophe (9).

L'annexion le 1er octobre 1795 par la République française y fut regardée par bon nombre comme une catastrophe. A quelques exceptions près, toutes les localités de l'actuelle région de langue allemande faisaient désormais partie d'une même circonscription administrative, le département de l'Ourthe, chef-lieu : Liège. Très vite, la politique religieuse du gouvernement français exaspéra les habitants (10). L'introduction du service militaire obligatoire en septembre 1798 déclencha un soulèvement spontané, auquel participa une notable partie du pays de Saint-Vith. La révolte fut rapidement écrasée, mais longtemps encore les conscrits continuèrent à se soustraire au service militaire par la fuite (11).

Sous le Consulat et l'Empire, le régime français fut cependant mieux accepté. Y contribuaient le rétablissement de la paix religieuse et le redressement économique. L'industrie drapière d'Eupen, par exemple, connut un essor sans pareil. Néanmoins, aucun attachement profond à la France ne se développait. Au contraire, à la fin de l'Empire, le lourd tribut humain payé sur les champs de bataille, le conflit entre Napoléon et le pape ainsi que les difficultés économiques firent resurgir le mécontentement.

La chute de Napoléon amena une réorganisation de la carte politique de l'Europe. Lors du Congrès de Vienne, réuni pour régler le sort des territoires abandonnés par la France, la Prusse fixa finalement ses objectifs sur la ligne de la Meuse et le Luxembourg. De l'ancien département de l'Ourthe, elle obtint en définitive, entre autres, les cantons d'Eupen, de Malmedy et de Saint-Vith ainsi que le territoire de Moresnet. A propos du gîte calaminaire que ce dernier contenait, la Prusse et le nouveau royaume des Pays-Bas ne purent se mettre d'accord. En fin de compte, Moresnet fut divisé en trois parties : une hollandaise (belge à partir de 1830), une prussienne et une neutre gérée conjointement (12). Les territoires annexés par la Prusse furent répartis en trois "Kreise" – cercles administratifs –, à savoir Eupen, Malmedy et Saint-Vith. Le cercle de Saint-Vith disparut dès 1820; ces communes passèrent au cercle de Malmedy (13).

Au pays d'Eupen surtout, on accueillit le régime prussien avec une certaine réserve. D'abord, parce que la Prusse était considérée comme la championne du protestantisme et que son attitude à l'égard du clergé catholique – telles ses hésitations à améliorer le sort matériel des prêtres – fut mal perçue. Ensuite, parce que la discipline et l'ordre, deux valeurs fondamentales de l'Etat prussien, étaient difficilement acceptées par les Rhénans dans leur ensemble, habitués à vivre sous un régime politique plus relâché. En dernier lieu, la déception fut grande de voir la Prusse reprendre des mesures considérées comme odieuses sous le régime français, telle la conscription militaire.

Un revirement en profondeur de l'esprit public ne s'opéra qu'à partir des années 1860. Entre-temps, les générations ayant connu le régime autrichien avaient disparu et la scolarité obligatoire contribua certainement au développement d'un sentiment national prussien. A Eupen-Malmedy comme partout ailleurs en Allemagne, la politique de Bismarck suscita l'enthousiasme patriotique. Toutefois, l'unification de l'Allemagne une fois accomplie, le Kulturkampf déclenché par "le chancelier de fer" contre l'Eglise catholique provoqua une crise de confiance passagère.

Dans le domaine économique, le changement de nationalité décidé en 1815 avait provoqué une première crise très grave dans l'industrie textile d'Eupen obligée tout d'un coup de trouver de nouveaux marchés. Progressivement, de nouvelles industries s'installèrent, mais elles ne purent résorber entièrement le trop-plein de main-d'oeuvre, conséquence des problèmes dans le secteur textile (14). Par ailleurs, la construction d'un réseau ferroviaire pendant la seconde moitié du XIXème siècle procurait du travail à bon nombre d'hommes, surtout dans la région de Saint-Vith, où une activité industrielle de quelque importance faisait toujours défaut (15).

Les déchirements

Cette longue période calme prit fin avec la Première Guerre mondiale. La défaite de l'Allemagne fut accueillie dans les cercles d'Eupen et de Malmedy avec un sentiment de stupeur incrédule et de résignation que les privations subies durant le conflit avaient encore renforcé. Lors des négociations de paix à Versailles, la Belgique, très éprouvée par la guerre, revendiqua d'emblée des réparations conséquentes et des mesures de sécurité pour se prémunir contre une nouvelle agression allemande.

Toutefois, la délégation belge à Versailles, soutenue surtout par la France, dut rapidement déchanter. Malgré certaines assurances données auparavant, elle n'occupa pas de place privilégiée à la table des négociations et dut en fin de compte abandonner l'espoir de grandes compensations. Tout au plus fut-elle associée à l'occupation de la Rhénanie.

La "réintégration" des cercles d'Eupen et de Malmedy apparaît donc comme une revendication belge minimale justifiée par ce que les délégués belges appelaient des "droits historiques" – c'est-à-dire le passé commun –, des motifs linguistiques – évidents dans le cas de la Wallonie malmédienne – et des raisons économiques. Les alliés ne purent cependant être convaincus qu'après de longues discussions. Le cas du territoire de Moresnet neutre fut examiné à part et, ici, les revendications belges ne rencontrèrent pratiquement pas de résistance, vu que, depuis plus d'un siècle, la localité était cogérée par la Prusse et la Belgique.

En définitive, les articles 32 et 33 du traité de Versailles stipulaient la cession du territoire de Moresnet neutre au royaume de Belgique. L'article 34 en fit de même pour les cercles d'Eupen et de Malmedy. Mais, durant une période de six mois, les habitants des deux cercles auraient la possibilité de se prononcer contre cette annexion en inscrivant leur nom dans des registres ouverts à cet effet par la Belgique. Le gouvernement belge devrait communiquer le résultat de cette consultation à la Société des Nations, dont il s'engageait à respecter la décision. L'article 35 du traité de paix prévoyait enfin la création d'une commission chargée de fixer le tracé définitif de la nouvelle frontière belgo-allemande (16).

Le 15 septembre 1919, une loi-cadre fixait le statut juridique de la région annexée et les modalités de l'introduction progressive de la législation et de l'administration belges. Pour Moresnet aucune phase transitoire n'était prévue. L'autorité supérieure à Eupen-Malmedy appartenait désormais à un haut commissaire responsable devant le seul Premier ministre. Son choix posa d'ailleurs quelques problèmes, entre autres pour des raisons d'ordre linguistique. Finalement, on confia ce poste important au lieutenant-général Herman Baltia, d'origine luxembourgeoise.

Le 10 janvier 1920, le traité de Versailles entra en vigueur. La Belgique obtint la souveraineté provisoire sur Eupen-Malmedy. Entre le 26 janvier et le 23 juillet eut lieu la consultation populaire prévue par l'article 34 dudit traité. Mais la manière dont elle fut organisée reste à plus d'un point de vue critiquable (17). En définitive, sur 33.726 personnes ayant droit au vote, 271, dont une grande partie de fonctionnaires allemands, se déclaraient contre l'annexion. Malgré les protestations de l'Allemagne, la Société des Nations entérina l'annexion le 16 septembre suivant.

La région fut à nouveau divisée en trois cantons : Eupen, Malmedy et Saint-Vith. Dans la mesure où ils prêtaient serment à la constitution et faisaient preuve de loyauté à l'égard de l'Etat belge, les bourgmestres et fonctionnaires étaient maintenus dans leurs fonctions.

L'industrie textile d'Eupen supporta très mal ce nouveau changement politique qui la coupait une fois de plus de ses débouchés et la régression du trafic ferroviaire provoqua d'importantes pertes d'emploi dans la région de Saint-Vith.

Avec le recul, le gouvernement du général Baltia apparaît comme fort indépendant et autoritaire, voire paternaliste. Il n'en reste pas moins que le gouverneur s'efforça de tenir compte, dans le cadre des possibilités administratives et financières existantes, des particularités linguistiques et autres de la région annexée.

Le 6 mars 1925, une nouvelle loi mit fin au régime de transition et intégra les trois cantons définitivement au territoire national. Lors des débats au Parlement belge, deux tendances opposées étaient apparues. Les socialistes prônaient le respect de la volonté populaire, qu'ils estimaient avoir été bafouée par une consultation populaire tronquée. Ils revendiquaient par ailleurs un arrondissement d'Eupen-Malmedy autonome. Leur point de vue était violemment combattu par le Parti catholique qui défendait l'intégration pure et simple des "nouveaux Belges" dans l'arrondissement de Verviers et la province de Liège. Le texte de la loi du 6 mars 1925 consistait finalement en quelques dispositions générales, les points de détail devant être réglés dans la suite par arrêtés d'exécution. Le 1er juin 1925, le gouvernement Baltia fut dissous; l'introduction de la constitution et des lois non encore en vigueur fut prévue pour le 1er janvier 1926 (18).

C'est au courant de cette même année qu'eurent lieu des tractations officieuses et secrètes entre, d'une part, le président de la banque nationale allemande agissant en accord avec son ministre des affaires étrangères et, d'autre part, le gouverneur de la banque nationale de Belgique ainsi que l'ancien Premier ministre belge Delacroix. Ces contacts avaient pour but de rétrocéder Eupen-Malmedy à l'Allemagne contre une substantielle compensation financière. Le secret ne fut pas gardé et le projet échoua surtout à cause de l'opposition énergique de la France qui refusa toute révision du traité de Versailles dans son ensemble et dans ses détails (19).

L'espoir d'une telle révision était pourtant resté vif à Eupen-Malmedy et il était alimenté chaque jour davantage par la déception d'une population qui reprochait au Parti catholique, le grand vainqueur des élections législatives de 1925, d'ignorer ses revendications d'autonomie. Les mécontents pouvaient compter sur le soutien du Parti ouvrier belge qui continuait à défendre le principe de l'autodétermination et le projet d'un arrondissement d'Eupen-Malmedy.

Une conséquence immédiate du mécontentement croissant fut la fondation en janvier 1929 du "Christliche Volkspartei Eupen - Malmedy - Saint-Vith" qui remporta un grand succès électoral quelques mois plus tard, obtenant 52,1 % des voix pour l'ensemble des trois cantons, contre 19,4 % pour le Parti catholique et 23,3 % pour le Parti ouvrier belge. La nouvelle formation, qui trouvait sa principale raison d'être dans les tensions nées du centralisme bruxellois, revendiqua d'emblée une nouvelle consultation populaire et une éventuelle rétrocession d'Eupen - Malmedy - Saint-Vith à l'Allemagne. Face à cette radicalisation, le gouvernement belge n'eut, aux dires du général Baltia, jamais une ligne de conduite et une politique bien tracées. Il faut cependant mentionner la fondation en 1927 d'un quotidien en langue allemande, le Grenz-Echo, – il existe toujours –, qui défendait la politique de la Belgique en général, et du Parti catholique en particulier, face à une presse locale neutre ou révisionniste.

En 1933, fut fondé à Eupen-Malmedy un groupement ayant comme principal objectif d'y répandre l'idéologie national-socialiste, qui n'avait guère pénétré la région jusque-là. Progressivement, le Christliche Volkspartei glissait vers le national-socialisme et son président fut d'ailleurs expulsé en 1935.

Lors des élections législatives de 1936, ce parti ne présenta plus de candidats et exhorta ses électeurs à rejoindre le "Heimattreue Front", nouvelle formation régionale dont les activités étaient ouvertement téléguidées et financées par l'Allemagne de Hitler. A ces mêmes élections de 1936, le Parti catholique réussit, contre toute attente, à maintenir sa position reconquise en 1932 qui oscillait autour de 30 % de l'électorat. Le Parti ouvrier, par contre, qui sous l'impression des persécutions contre les socialistes allemands avait abandonné sa politique révisionniste, tout en continuant à défendre l'égalité en droit des nouveaux Belges, tomba à 12,6 %. Le Heimattreue Front, qui avait incité au vote "blanc", fut, quant à lui, suivi par la majorité absolue des électeurs.

Dans les années qui suivirent, le fossé entre ceux qu'on appela désormais les "pro-belges" ou les "pro-allemands" se creusait de plus en plus. L'historien prendra cependant garde d'épouser cette vision manichéenne des choses, résultat de conflits très douloureux divisant familles et amis. Ainsi, tous les "pro-allemands" n'étaient pas a fortiori des "pro-nazis" et, parmi les "pro-belges", beaucoup s'étaient détournés de l'Allemagne, moins suite à un coup de foudre subit pour leur nouvelle patrie que par aversion pour le régime hitlérien. Il n'en reste pas moins que les élections législatives de 1939 se déroulèrent dans un climat proche de la guerre civile. Le Parti catholique obtint pour l'ensemble des trois cantons 38,6 %, le Parti ouvrier belge plus que 4 % et le Parti libéral 3,4 %. Le Heimattreue Front recueillit 45,1 % des suffrages. A la veille de la Seconde Guerre mondiale, les deux camps étaient donc de force sensiblement égale.

Le 10 mai 1940, les troupes allemandes investirent la région. La conquête fut rapide et elle se fit pratiquement sans dommages et pertes. Bon nombre de fonctionnaires, d'instituteurs et de particuliers connus pour leurs opinions pro-belges avaient pris la fuite; mais plusieurs – dont le directeur du Grenz-Echo – furent arrêtés et conduits dans les camps de concentration.

Dès le 18 mai, un arrêté du Führer incorpora les trois cantons d'Eupen - Malmedy - Saint-Vith à l'Allemagne (20). Cette annexion, effectuée alors que la Belgique était encore en guerre avec le Reich, était tout à fait contraire au droit international. Cependant, le gouvernement belge ne protesta contre cette mesure qu'en juillet 1943, et encore, de manière indirecte via Radio Londres.

Les habitants d'Eupen - Malmedy - Saint-Vith étaient dès lors amenés dans leur grande majorité à considérer l'annexion comme normale et irrévocable. La plupart d'entre eux reçurent officiellement la nationalité allemande le 23 septembre 1941. Peu après commençait, comme en Alsace - Lorraine et au Grand-Duché de Luxembourg, l'enrôlement forcé de la population masculine dans l'armée allemande. Sur environ 8.000 enrôlés, plus de 3.400 furent, en fin de compte, tués ou portés disparus. Peu nombreux furent les jeunes gens qui surent échapper à l'enrôlement de force par la fuite à l'intérieur de la Belgique, où ils menèrent une existence clandestine et dangereuse.

Bien que les lourdes pertes humaines provoquèrent un revirement certain de l'opinion publique contre l'Allemagne, la résistance au régime hitlérien resta surtout l'oeuvre de combattants isolés. Elle fut particulièrement vive surtout dans la région de Kelmis - La Calamine. Ailleurs, à la fin de la guerre, le mécontentement, tout en étant quasi unanime, ne s'étendit même pas à un mouvement général de résistance passive.

A la mi-septembre 1944, les troupes américaines entrèrent dans Eupen - Malmedy - Saint-Vith. Mais, dès le 16 décembre débuta l'offensive allemande dans les Ardennes qui dura jusqu'au 2 février 1945 et au cours de laquelle la ville de Saint-Vith fut complètement détruite par un bombardement allié (21).

Les Cantons de l'Est

L'après-guerre immédiat se caractérisa par une atmosphère de suspicion et de délation qu'un auteur belge francophone a décrit comme suit : La liberté individuelle, le respect du domicile et des biens n'existent plus. Dans les cantons il n'y a que des coupables : même les citoyens paisibles sont coupables, il faut être belge cocardier. C'est qu'ils ont été forts les ouvriers de la onzième heure. Ils rançonnent, réquisitionnent, plastronnent et emprisonnent. Les prisons de Tongres, d'Alost, de Louvain regorgent d'Eupenois et de Malmédiens. On ne sait plus où les fourrer; on équipe des centres d'internement (22).

Entre février 1946 et juin - juillet 1947, des tribunaux de guerre siégèrent à Eupen et à Malmedy, où sans tenir suffisamment compte de la situation spéciale de la région pendant la guerre – on ne rappellera jamais assez qu'elle avait été annexée et non pas, comme l'intérieur du pays, occupée par l'Allemagne –, on avait ouvert 15.626 dossiers d'instructions touchant ainsi 25 % de la population, chiffre qui est loin au-dessus de la moyenne nationale se situant à 4,15 % (23). Même si, en définitive, le nombre de procès et de condamnations par rapport aux dossiers ouverts fut inférieur à la moyenne nationale, cette "épuration" peu différenciée laissa des cicatrices profondes qui mirent longtemps à s'estomper (24).

Le dédommagement des victimes de guerre se fit lui aussi fort lentement. Un traité belgo-allemand signé le 28 septembre 1960 prévoyait le paiement par la RFA d'une somme de 80 millions de DM en faveur de citoyens belges victimes de mesures de persécutions national-socialistes. Cette somme était destinée à l'ensemble des citoyens belges et donc pas spécifiquement aux habitants d'Eupen - Malmedy - Saint-Vith. Le traité belgo-allemand du 21 septembre 1962 stipula, à son tour, le paiement de 30 millions de DM en faveur des victimes de guerre des régions belges annexées. Un autre problème resté longtemps en suspens vient seulement d'être réglé par le parlement belge : à l'avenir, les enrôlés de force dans l'armée allemande et leurs ayants droit jouiront d'une pension de guerre.

Les conséquences de quatre années d'annexion allemande et les nouvelles tentatives en vue d'arrimer Eupen - Malmedy -Saint-Vith une fois pour toutes à la Belgique avaient fait apparaître la nécessité impérieuse de mesures administratives appropriées, dont une des plus importantes fut certes la nomination, le 15 janvier 1945, d'un commissaire d'arrondissement adjoint pour les trois cantons de l'Est. Pendant de longues années, ce fonctionnaire doté de pouvoirs très étendus fit office d'agent de liaison entre les administrations locales d'une part, le gouvernement national et provincial d'autre part.

Mais, malgré tous ses efforts, le respect de la langue allemande dans l'administration et l'enseignement laissa encore longtemps à désirer.

Par contre, la vie économique, après une passe difficile due aux changements successifs d'obédience politique, reprit assez rapidement. Le lent déclin de l'industrie textile, qui avait fait la gloire et prospérité d'Eupen, fut heureusement compensé par la naissance ou l'extension d'autres entreprises, notamment les câbleries, qui créèrent de nouveaux emplois (25).

L'autonomie (26)

Entre 1946 et 1961, le Christlich-soziale Partei (Parti social-chrétien), héritier du Parti catholique, avait aligné les succès électoraux spectaculaires se situant entre 70 et 80 % des voix pour la moyenne des cantons d'Eupen, de Malmedy et de Saint-Vith. Dans des conditions difficiles, les élus régionaux défendirent le respect de la langue allemande et mirent en garde contre une épuration généralisée.

Néanmoins, dès 1961, un certain mécontentement se fit à nouveau jour au sein de l'électorat qui estimait, non sans raisons, que les problèmes nés de la guerre et de l'après-guerre immédiat n'étaient pas réglés suffisamment vite. Aux élections législatives de 1965, le Parti social-chrétien essuya une première défaite significative qui le vit régresser à 64,4 % des voix pour la moyenne des trois cantons.

Déjà dans les années 50, dans certains milieux sociaux-chrétiens avaient été formulées des propositions très concrètes visant à la création d'un arrondissement d'Eupen - Malmedy - Saint-Vith autonome, qui était regardé entre autres comme point de départ d'une autonomie culturelle des germanophones de Belgique. Mais, lors de la circonscription des régions linguistiques en 1963, l'entité "Cantons de l'Est" fut disloquée. L'article 5 de la loi du 2 août 1963 définit la région de langue allemande de Belgique comme suit : les neuf communes du canton d'Eupen, les 11 communes du canton de Saint-Vith, 4 des 10 communes du canton de Malmedy et Kelmis - La Calamine qui faisait partie du canton d'Aubel (27).

Aux élections de 1968, le Parti social-chrétien recula encore de manière dramatique. Il perdit plus de 4.000 voix. En même temps, les revendications d'une véritable autonomie culturelle se succédaient à une cadence de plus en plus rapide et se précisaient. Lors des élections législatives de 1971 se présenta pour la première fois une nouvelle formation politique régionale, la Christlich-Unabhängige Wählergemeinschaft, qui obtint d'emblée 29,9 % des voix au canton d'Eupen, 11,3 % au canton de Malmedy et 16 % au canton de Saint-Vith. En 1972, elle donna naissance à un nouveau parti, le Partei der Deutschsprachigen Belgier, qui, aux élections de 1974, remporta 22,8 % des voix au canton d'Eupen, 12,1 % au canton de Malmedy et 43,3 % au canton de Saint-Vith. Le Parti social-chrétien perdit la majorité absolue des voix; en dehors du Partei der Deutschsprachigen Belgier, d'autres formations politiques nationales, tels les socialistes et les libéraux, gagnèrent sensiblement du terrain et réussirent à faire élire des représentants régionaux à la Chambre et au Sénat.

Entre-temps, l'article 3ter de la constitution belge révisée de 1970 avait reconnu l'existence d'une Communauté culturelle allemande en Belgique. En 1973 avait été installé le Rat der deutschen Kulturgemeinschaft comprenant 25 représentants élus directement. Progressivement s'y réalisait l'unanimité, en vue de revendiquer un conseil communautaire disposant du pouvoir législatif et jouissant des mêmes attributions que les Conseils des Communautés flamande et française, l'unanimité également en vue de revendiquer un organe exécutif.

La nouvelle réforme institutionnelle de 1980 ne combla cependant pas ces voeux. La deutsche Kulturgemeinschaft devint la Deutschsprachige Gemeinschaft, toutefois l'article 59ter de la constitution révisée de 1970, qui prévoyait un "parlement" pour la Communauté germanophone, mais pas d'Exécutif, ne fut pas modifié. Il fallut plusieurs années de tractations et de discussions serrées au Parlement belge pour aboutir à cette modification au cours de l'année 1983. Le 30 janvier 1984, le premier Exécutif de la Communauté germanophone de Belgique, comptant trois ministres, fut installé en présence du Premier ministre et des représentants en vue de la vie politique nationale, communautaire et régionale belge.

En matière d'élection, le Conseil de la Communauté germanophone disposait à l'époque d'une longueur d'avance sur les autres Conseils communautaires et régionaux vu que ses 25 membres étaient les seuls à être élus directement.

Depuis 1980, la Communauté germanophone de Belgique est compétente pour les matières culturelles et "personnalisables", c'est-à-dire la politique de santé publique et l'aide aux personnes. En 1988, l'enseignement s'y est ajouté. Elle dispose de moyens financiers propres, oscillant autour de 3 milliards de francs belges (28).

L'environnement, la politique du logement et de l'eau, la politique économique et énergétique, l'emploi – pour ne citer que ces exemples-là – dépendent, aussi sur le territoire de la Communauté germanophone, de la Région wallonne. Néanmoins, la Constitution belge précise que le Conseil et le gouvernement de la Communauté germanophone pourront, le cas échéant, exercer en région de langue allemande des compétences dévolues initialement à la Région wallonne, à condition qu'il y ait une décision commune du Conseil de la Communauté germanophone et du Conseil régional wallon en ce sens.

Les élections communautaires qui se sont déroulées en mai 1995 ont confirmé une nouvelle fois l'étonnante stabilité de l'électorat en Communauté germanophone, dont le Conseil est composé actuellement de 10 sociaux-chrétiens, 5 libéraux, 4 socialistes, 3 écolos et 3 représentants d'une formation régionale héritière du Partei der Deutschsprachigen Belgier, toutes et tous élus pour cinq ans. La coalition gouvernementale comprend les sociaux-chrétiens et les socialistes. Le ministre-président et un des ministres viennent du Parti social-chrétien, le troisième membre du gouvernement appartient au Parti socialiste.

C'est ici que l'historien arrêtera tout naturellement sa description de l'évolution de la Communauté germanophone de Belgique. Il se rend compte qu'elle est fatalement sommaire, il ose toutefois espérer qu'elle a suscité l'intérêt pour le passé, le présent et l'avenir du plus petit partenaire de la Belgique fédérale. Il vous laissera le soin de vérifier notamment si cette Communauté bénéficie effectivement, comme le titrait Le Soir du 11 mai 1995, d'une (sur) protection que lui envient de nombreuses minorités au monde.

 

Notes

(1) L'on dispose actuellement de plusieurs synthèses de cette genèse. La première, due à un sociologue de l'Université d'Aix-la-Chapelle, rappelle un peu trop par endroits certaines positions allemandes à l'égard de la région d'Eupen - Malmedy - Saint-Vith formulées dans les années 1920-1940 : ROSENSTRÄTER H., Deutschsprachige Belgier. Geschichte und Gegenwart der deutschen Sprachgruppe in Belgien, 2 vol., Aix-la-Chapelle, 1985. La seconde a vu le jour précisément au cours de cette période 1920-1940 et s'efforce de démontrer à tout prix le caractère "germanique" d'Eupen-Malmedy-Saint Vith et son appartenance immémoriale à la sphère politique et culturelle de l'Empire : REINERS H., Die Kunstdenkmäler von Eupen-Malmedy, Düsseldorf, 1935, p. 1-42. La plus récente des synthèses est un travail commandé par l'Exécutif de la Communauté germanophone plus spécialement à l'intention des étudiants du secondaire. Utilisant le concept des biblio-cassettes élaboré par A. d'Haenens pour la maison d'édition Artis, il vise à une symbiose aussi complète que possible du texte et de l'iconographie et dresse un état fort complet de la recherche : GRECC (Groupe de Recherche et d'Etudes sur la Communication culturelle), Grenzland seit Menschengedenken. Identität und Zukunft der Deutschsprachigen Gemeinschaft Belgiens, 4 biblio-cassettes, Eupen, 1990.
Plusieurs articles donnent un aperçu succinct du passé des Germanophones de Belgique. Ils constituent une entrée en matière utile : MINKE A., Die Deutschsprachige Gemeinschaft Belgiens – Gestern und heute, dans Erstes deutsch-niederländisch-belgisches Archivsymposion, 28 und 29 Mai 1991 in Eupen (Belgien), Annalen, Bruxelles, 1992, p. 11-23; ID., Des "Frères retrouvés" aux "germanophones de Belgique", Une minorité et son évolution, dans Cahiers de Clio, 109 (1992), p. 69-80; ID., Une terre aux frontières, un espace de rencontres, dans Louvain, Revue mensuelle de l'Université catholique de Louvain et de l'Association des anciens et amis de l'UCL, Juin 1994, p. 17-20; ID., Entre deux mondes : les "Cantons de l'Est", dans La Revue Générale, octobre 1995.
La bibliographie la plus récente est celle de MIESSEN W., Histoire, langue et littérature de la Communauté germanophone de Belgique – Bibliographie 1945-1983, Bruxelles, 1986. Celle publiée par REINERS H., Die Kunstdenkmäler ..., op. cit., p. 43-61 reste utile.
Les sources pour l'histoire de la Communauté germanophone de Belgique sont résumées dans MINKE A., Die Bestände des Staatsarchivs Eupen. Übersicht, Bruxelles, 1993 et dans une série de publications qui sont le résultat d'une mission de recherche menée par les Archives de l'Etat à Eupen et financée conjointement par le Ministère fédéral de la Politique scientifique et le gouvernement de la Communauté germanophone : HERREBOUT E., Quellen zur Geschichte der Deutschsprachigen Gemeinschaft in ausländischen Archiven. I. Bundesarchiv Koblenz, Bruxelles, 1993; ID., Quellen ..., op.cit., II. Hauptstaatsarchiv Düsseldorf, Bruxelles, 1993; ID., Quellen ..., op.cit., III. Landeshauptarchiv Koblenz, Bruxelles, 1993; ID., Quellen ..., op.cit., IV. Staatsarchiv Luxemburg/Archives Nationales de Luxembourg, Bruxelles, 1994; ID., Quellen ..., op.cit., V. Historisches Archiv des Erzbistums Köln, Bruxelles, 1994; ID., Quellen ..., op.cit., VI. Bischöfliches Diözesanarchiv Aachen, Bruxelles, 1994; ID., Quellen ..., op.cit., VII. Domarchiv Aachen, Bruxelles, 1994; ID., Quellen ..., op.cit., VIII. Stadtarchiv Aachen, Bruxelles, 1994. Sont en préparation : IX. Bundesarchiv Potsdam und Stiftung Preußischer Kulturbesitz Dalhem, X.-XI. Archiv des Landschaftsverbandes Rheinland und Archiv des Auswärtigen Amtes in Bonn.
(2) Orientation bibliographique : un ouvrage monumental vieilli mais toujours irremplaçable : ERNST S.-P., Histoire du Limbourg suivie de celle des comtés de Dalhem et de Fauquemont, des annales de l'abbaye de Rolduc (éd. LAVALLEYE, E.), 7 vol., Liège, 1837-1852; sur les origines du duché : SCHOPPMANN W., Entstehung und territoriale Entwicklung des Herzogtums Limburg vom 11. Jahrhundert bis zum Jahre 1288, Bonn, 1958; traduction française par PAUQUET F., dans Bulletin de la Société Verviétoise d'Archéologie et d'Histoire, t. LI, 1964; un recueil de sources récent : WINTGENS L., Weistümer und Rechtstexte im Bereich des Herzogtums Limburg – Quellen zur Regionalgeschichte des 14. bis 18. Jahrhunderts, Ostbelgische Studien, t. III, Eupen, 1988; sur les institutions centrales et locales : HOMMERICH L. van, Gouvernés et gouvernants dans le duché de Limbourg et les autres pays d'Outre-Meuse, dans Anciens Pays et Assemblées d'États, t. XXXIII (1965), p. 109-117; THIELENS J., Les assemblées d'états du duché de Limbourg et des pays d'Outre-Meuse au XVIIe siècle, ibid., t. XLIII, (1968); DUMONT B., Un cadre de vie millénaire, dans Bailus 888-1988, Baelen, 1988, p. 53-90.
(3) Cfr par ex. : GOEDERT J., La formation territoriale du pays de Luxembourg depuis les origines jusqu'au milieu du XVème siècle, Luxembourg, 1963; PETIT R., Les Etats des Duché de Luxembourg et Comté de Chiny, dans Anciens Pays et Assemblées d'États, t. XXXIII, (1965), p. 87-109; MARGUE P., Luxemburg in Mittelalter und Neuzeit, Luxembourg, 1974; TRAUSCH G., Le Luxembourg sous l'Ancien Régime, Luxembourg, 1977.
(4) Pour le pays d'Eupen cfr par ex. : RUWET J., L'agriculture et les classes rurales au pays de Herve sous l'Ancien Régime, Liège-Paris, 1943; pour la région de St-Vith : Zwischen Ommerscheid und Wolfsbusch. Hof und Pfarre Amel im Wandel der Zeiten, St. Vith, 1986.
(5) Cfr par ex. : YANS M., Histoire économique du duché de Limbourg sous la maison de Bourgogne. Les forêts et les mines, Mémoires couronnés par l'Académie royale de Belgique, t. XXXVIII, Bruxelles, 1937; PAUQUET F, Exploitation de la Vieille-Montagne au XVIIème siècle, Liège, 1970; HELLEBRANDT H. – MAYER O.E., Raerener Steinzeug, Aix-la-Chapelle, 1977; KOHNEMANN M., Auflagen auf Raerener Steinzeug, s.l., 1982; HERMANNS L., Die Anfänge der Feintuchmanufaktur, dans Geschichtliches Eupen, t. XV (1981), p. 163-169; MATHIEUX A.J., L'industrie drapière au pays de Verviers et au duché de Limbourg, Verviers, 1954.
(6) Une synthèse de l'histoire religieuse de la région de langue allemande fait toujours défaut. On consultera utilement : JENNIGES H., Traditionelles Kirchenleben und neue Religiosität. Vom Einfluß der Kirche auf die Identitätsfindung der deutschen Sprachminderheit in Belgien, dans Kolloquium über Kirchengeschichte und religiöses Leben bei den deutschen Bevölkerungsgruppen im Ausland, Referate, Flensburg, 1993, p. 157-171.
(7) Cfr surtout : BODEM O., La Réforme dans le duché de Limbourg, dans Protestantisme aux frontières, Aubel, 1985, p. 23-53.
(8) Cfr par ex. : WINTGENS L., Grundlagen der Sprachgeschichte im Bereich des Herzogtums Limburg, Ostbelgische Studien, t. I, Eupen, 1982; HECKER H., Die deutsche Sprachlandschaft in den Kantonen Malmedy und St-Vith, Untersuchungen zur Lautgeschichte und Lautstruktur ostbelgischer Mundarten, Göppingen, 1972.
(9) Cfr MINDER A., Le duché de Limbourg et la Révolution brabançonne, Pepinster, 1940; TRAUSCH G., Le Luxembourg et la Révolution brabançonne, dans Actes du colloque sur la Révolution brabançonne, 13-14 octobre 1983, Bruxelles, 1984, p 187-206.
(10) Cfr MINKE A., Entre Meuse, Rhin et Moselle, dans Hommes de Dieu et révolution, Turnhout, 1992.
(11) Cfr MINDER A., Un épisode de la guerre des paysans. Le soulèvement dans le Pays de St-Vith et de Stavelot, dans Bulletin de la Société verviétoise d'Archéologie et d'Histoire, t. XXX (1938), p. 6-99; à nuancer par TRAUSCH G., A propos du "Kleppelkrich". La répression des soulèvements paysans de 1798 dans le département des Forêts, Publications de la Section historique de l'Institut grand-ducal de Luxembourg, t. 82 (1967), p. 9-245.
(12) Cfr par ex. : PAUQUET F., Le territoire contesté de Moresnet, dit Moresnet-Neutre, dans Bulletin de la Société Verviétoise d'Archéologie et d'Histoire, t. XLVII (1960); PABST K., Neutral-Moresnet, ein Dorf ohne Staatszugehörigkeit, 1815-1915, dans 150 Jahre Regierung Aachen, Aix-la-Chapelle, 1967, p. 15-67.
(13) Cfr surtout GIELEN V., Der Kreis Eupen unter preußischer Herrschaft, 1815-1920, Eupen, 1972; KAUFMANN K.L., Der Kreis Malmedy, Geschichte eines Eifelkreises von 1865 bis 1920 (éd. NEU, H.), Bonn, 1961; ID., Der Grenzkreis Malmedy in den ersten fünf Jahrzehnten der preußischen Verwaltung (éd. NEU, H.), Bonn, 1963; ainsi que deux inventaires édités par les Archives de l'Etat à Eupen : PAULS, A.-MINKE A., Archiv des Kreises Malmedy (1803-1939), Bruxelles, 1994; PAULS, A.-HERREBOUT E., Das Archiv des Kreises Eupen (1815-1921), Bruxelles, 1994.
(14) Une synthèse historique sur l'industrie textile d'Eupen manque. Une approche sociologique de cette industrie au XIXéme siècle est tentée par RULAND H., "Gott segne die christliche Arbeit". Ein Lesebuch zur Geschichte der Eupener Arbeiterschaft in französischer und preußischer Zeit (1792-1910), Aix-la-Chapelle, 1988.
(15) Cfr par ex. : NILLES L., Der Bau von Eisenbahnen im Lande zwischen Venn und Schneifel – Projekte, Enttäuschungen und Verwirklichungen, Schriftenreihe des Geschichtsvereins Zwischen Venn und Schneifel, t. 4, St. Vith, 1970.
(16) Cfr surtout : DOEPGEN H., Die Abtretung des Gebietes von Eupen-Malmedy an Belgien im Jahre 1920, Rheinisches Archiv. Veröffentlichungen des Instituts für geschichtliche Landeskunde der Rheinlande an der Universität Bonn, t. 60, Bonn, 1966; COLLINET R., L'annexion d'Eupen et Malmedy à la Belgique en 1920, Verviers, 1986; PABST K., Das Problem der deutsch-belgischen Grenze in der Politik der letzten 150 Jahre, dans Zeitschrift des Aachener Geschichtsvereins, t. 77, 1965, p. 183-210.
(17) Cfr par ex. : VEITHEN P., Die Volksbefragung in Eupen-Malmedy-St. Vith und ihre unmittelbaren Folgen, dans Fédération archéologique, historique et folklorique de Belgique, XLIIème congrès, Malmedy, 1972, Annales, t. II, Malmedy, 1974, p. 155-163.
(18) Sur les années 1920-1940, cfr surtout : PABST K., Eupen-Malmedy in der belgischen Regierungs- und Parteienpolitik 1914-1940, dans Zeitschrift des Aachener Geschichtsvereins, t. 76 (1964), p. 206-515; ENSSLE M.J., Streseman's Territorial Revisionism, German-Belgium an the Eupen-Malmedy Question, 1919-1929, Wiesbaden, 1980; LEJEUNE C., Die deutsch-belgischen Kulturbeziehungen, 1925-1980, Cologne, 1992. Sur le rôle, très important, de la presse à cette époque : CHRISTMANN H., Presse und gesellschaftliche Kommunikation in Eupen-Malmedy zwischen den beiden Weltkriegen, Munich, 1974.
(19) Cfr BARIETY J., Le projet de rétrocession d'Eupen-Malmedy par la Belgique à l'Allemagne, et la France (1925-1926). Un cas d'utilisation de l'arme financière en politique internationale, dans Les relations franco-belges de 1830 à 1934, Metz, 1974, p. 325-348.
(20) L'ouvrage de référence pour les années 1940-1944 reste : SCHÄRER M.W., Deutsche Annexionspolitik im Westen. Die Wiedereingliederung Eupen-Malmedys im Zweiten Weltkrieg, Bern-Frankfurt am Main-Las Vegas, 1975, 2e éd., 1978.
(21) Sur cet épisode, cfr : Der verhängnisvolle Irrtum, Eupen, 1984.
(22) MAXENCE P., Les atouts gaspillés ou le drame des Cantons de l'Est, St-Nicolas, 1951, p. 52.
(23) Cfr GILISSEN J., Etude statistique sur la répression de l'incivisme, dans Revue de droit pénal et de criminologie, n° 5 (1951), pp. 535, 537 et 564.
(24) Sur la période 1945-1963, cfr surtout GRECC, Grenzland ..., op. cit., biblio-cassettes 2 et 4; CREMER F., Annexion, Assimilation, Autonomie. Zur Geschichte der Deutschsprachigen Gemeinschaft, dans Informationen und Meinungen aus Deutschbelgien, 3-4, Eupen, 1994.
(25) Cfr Industrie- und Handelskammer zu Eupen, 1804-1979, Eupen, 1979.
(26) Cfr surtout GRECC, Grenzland ..., op.cit., biblio-cassette 4.
(27) Cfr BERGMANS B., Die rechtliche Stellung der deutschen Sprache in Belgien, Louvain-la-Neuve, 1988 (également paru en français : Le statut juridique de la langue allemande en Belgique) et Deutsch als Umgangs- und Muttersprache in Belgien. Akten des Kolloquiums in Arel vom 17. bis 18. Januar 1987, Bruxelles-Eupen, 1988.
(28) Le statut de la Communauté germanophone est par ex. étudié par VAN DE VELDE E., De Duitstalige Gemeenschap, dans Liber Amicorum R. Senelle : vraagpunten van Publiekrecht, Bruges, 1986, p. 53-67 et BRASSINNE J., Les nouvelles institutions politiques de la Belgique, Dossiers du CRISP, 30, Bruxelles, 1989.
Cfr. aussi deux brochures éditées par les instances de la Communauté germanophone : Zu Haus im neuen Belgien, Deutschsprachige Gemeinschaft in Belgien, 1984-1994, Eupen, 1994 et Der Rat der Deutschsprachigen Gemeinschaft, Eupen, 1993.

Alfred Minke, La Communauté germanophone : l'évolution d'une terre d'entre-deux, dans La Wallonie, une région en Europe, CIFE-IJD, 1997


 

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