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La démographie wallonne
: Histoire et perspective d'une population vieillissante (1/2)
Frédéric
Docquier
Economiste, Service des Etudes et de la
Statistique,
Ministère de la Région wallonne
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Introduction
Dans le dernier quart du XIXe
siècle, la Wallonie abritait quelque 2,7 millions d'habitants,
soit un peu plus de 42% de la population du Royaume. En 1991,
cette proportion est tombée à son minimum historique de 32,6%
et ce, malgré un accroissement considérable de son effectif
(près de 3,3 millions). En fait, c'est principalement dans le
courant du siècle dernier que la population wallonne a connu son
expansion la plus forte, le nombre de Wallons ayant pratiquement
doublé de 1830 à la fin du siècle. Depuis lors, la croissance
a été faible, plus faible encore qu'en Flandre et à Bruxelles,
de sorte que le processus de "minorisation" wallonne
n'a cessé de s'accentuer au fil des ans
(1).
Une autre particularité, bien
plus préoccupante encore, est sans conteste, l'augmentation
progressive du nombre de personnes âgées. A l'instar des pays
industrialisés, les progrès en matière de mortalité
conjugués à la réduction de la natalité ont entraîné un
double vieillissement de la population wallonne. Les démographes
parlent de vieillissement "par le haut" et "par le
bas" pour schématiser ces modifications profondes des
pyramides des âges. Il s'agit là d'un phénomène commun à
tous les pays voisins. Il n'en demeure pas moins qu'il s'est
développé en Wallonie avec une acuité toute particulière à
tel point qu'à la fin des années quatre-vingts, la population
wallonne était considérée comme l'une des plus vieilles du
monde.
Les perspectives réalisées par
l'Institut national de Statistique confirment ce mouvement, mais
avec une nuance importante. En effet, depuis la première
moitiédes années 1980, l'indice de fécondité wallon remonte.
Pour la première fois depuis une vingtaine d'années, le nombre
moyen d'enfants par femme a dépassé le cap des 1,7, ce qui est
largement supérieur à la moyenne européenne
(2).
Même si le spectre de la
dépopulation apparaît comme inévitable à terme, la tendance
récente de la natalité pousse à croire que la baisse de la
population ne s'effectuera qu'aux alentours de 2030. Cet élan
nouveau ne fera toutefois qu'atténuer légèrement un processus
de vieillissement bien en cours. Les projections démographiques
de l'Institut national de Statistique (INS) font état d'un
doublement probable de l'indice de vieillissement
(3) dans les cinquante prochaines années.
Ce sont toutes ces questions que
nous développerons dans ce chapitre. Dans un premier temps, nous
commencerons par retracer l'évolution démographique depuis
l'indépendance. On s'attardera ensuite sur les facteurs qui ont
guidé cette évolution, ce qui revient à expliquer le mouvement
naturel et le mouvement migratoire. La troisième partie
présente les particularités démographiques de la Wallonie dans
le contexte de la Communauté européenne. Enfin, nous
terminerons par évoquer les implications des projections
établies par l'INS en termes d'effectif et de répartition par
âge. Dans chacune de ces sections, un apport cartographique
important met en exergue des diversités subrégionales très
marquées.
I. La population wallonne depuis
l'indépendance
L'accentuation d'une
minorisation wallonne
C'est donc principalement dans la
deuxième moitié du siècle dernier que la population wallonne
s'est accrue. De 1830 à 1900, le nombre de wallons a presque
doublé, passant de 1,504 à 2,742 millions d'habitants. Durant
ces septante années fastes, le taux moyen annuel d'accroissement
fut proche de 0,9% (Tableau 1). Cette tendance s'est toutefois
largement ralentie au cours du XXè siècle puisque, durant les
90 dernières années, le taux de croissance annuel moyen a
fluctué autour de 0,2%, tombant même à environ 0,1% pour la
dernière décennie.
Tableau 1. Evolution de la
population wallonne depuis l'indépendance
Année |
Population wallonne |
En pourcentage de la population belge |
Pourcentage annuel moyen de variation |
1831 |
1504228 |
39,7 |
- |
1846 |
1776825 |
41,0 |
1,12 |
1856 |
1915331 |
42,3 |
0,75 |
1880 |
2357165 |
42,7 |
0,87 |
1900 |
2742157 |
41,0 |
0,76 |
1920 |
2867037 |
38,7 |
0,22 |
1930 |
3060841 |
37,8 |
0,66 |
1947 |
3003732 |
35,3 |
-0,11 |
1961 |
3102543 |
33,8 |
0,23 |
1970 |
3159225 |
32,8 |
0,20 |
1981 |
3221225 |
32,7 |
0,18 |
1991 |
3255271 |
32,6 |
0,11 |
Source : Institut de
Démographie, UCL.
Figure 1. Evolution comparée des populations par
région depuis l'indépendance
En fait, ce ralentissement dans la
croissance de la population a été beaucoup plus rapide en
Wallonie que dans les autres régions du pays. Il s'est opéré
en Flandre aux alentours des années soixante et la population
bruxelloise, quant à elle, a continué de croître au même
rythme jusqu'à l'année 1968 (Figure 1). Ces disparités
régionales expliquent pourquoi, depuis le début du siècle, la
proportion de Wallons n'a cessé de baisser dans la population
belge. Ainsi, à la fin du siècle dernier, l'effectif wallon
était approximativement équivalent à l'effectif flamand. La
part de la population wallonne atteignait son maximum de 42,5%
aux alentours de 1880. Cette part s'est alors progressivement
amoindrie pour atteindre, ces dernières années, un niveau
proche des 32,5%, soit une diminution de 10 points de pourcentage
en un siècle. Ce phénomène, qualifié parfois de
"minorisation" wallonne traduit des différences de
comportement importantes entre les régions.
Une répartition
géographique relativement stable
La répartition actuelle de la
population wallonne demeure très proche de celle observée au
lendemain de la révolution industrielle. Les cartes 1A et 1B
présentent la densité par commune en 1846 et 1991. On constate,
en effet, de grandes similitudes entre ces deux dates, sans
toutefois perdre de vue que l'on est passé d'une densité de 112
habitants par km2 en 1846 à 193 aujourd'hui.
A titre illustratif, on notera que
la Flandre était déjà nettement plus peuplée au siècle
passé (175 habitants par km2 en 1846). De sucroît, son effectif
de population a connu une augmentation plus prononcée au cours
du temps. Actuellement, sa densité approche les 430 habitants
par km2 pour environ 330 sur l'ensemble de la Belgique.
Carte 1.
Evolution de la densité de la population
On distingue en fait trois grandes
zones de densité relativement homogènes en Wallonie :
-
tout le sud de la Wallonie
avec le Condroz, les Ardennes et la Gaume où, en 1846 et
maintenant encore, la densité ne dépasse généralement
pas les 100 habitants par km2. L'exploitation agricole et
forestière occupe une grande partie de l'espace et la
plupart des communes restent même en dessous des 50
habitants par km2;
-
la moyenne Belgique, au nord
du sillon Sambre-et-Meuse, qui se caractérise par une
densité d'environ 150 habitants par km2;
-
le sillon Sambre-et-Meuse,
s'étendant de la Haine à la Vesdre, qui regroupe les
grandes agglomérations urbaines de Wallonie avec, en
moyenne, plus de 200 habitants par km2. La concentration
y culmine à 2804 habitants par km2 à Liège, 2020 à
Charleroi, 1767 à Mons ou 1617 à Verviers.
L'évolution de la densité entre
1846 et 1991
(4) est
représentée sur la carte 1C. On y observe des zones de forte
croissance, principalement les bassin industriels de Liège et du
Hainaut et, dans une plus faible mesure, celui d'Athus à
l'extrême-sud. A ceux-ci viennent s'ajouter le Brabant wallon et
toute la zone périurbaine de Bruxelles. A l'opposé, plusieurs
zones ont vu leur densité décroître. Il s'agit premièrement
du Hainaut occidental, spécialisé jadis dans une industrie
textile florissante et qui, suite à la crise économique dans ce
secteur, a subi un exode rural important. Il s'agit ensuite de la
Hesbaye (namuroise, liégeoise et à l'est du Brabant wallon),
région d'agriculture extensive, et de certaines zones des
Ardennes, victimes d'un dépeuplement pouvant atteindre, pour
certaines communes, 50% de la population.
Pour illustrer encore ce
phénomène, Debuisson et Poulain (1994) répartissent les
communes wallonnes en cinq groupes, chacune de ces catégories
étant caractérisée par un profil d'évolution relativement
homogène entre 1831 et 1981 (Carte 2B) : le premier groupe
connaît un accroissement exponentiel depuis 1831, le second
connaît un profil de croissance plutôt linéaire, le troisième
se caractérise par une croissance marquée au XIXe siècle avec
un ralentissement important après 1910, le quatrième reprend
les communes qui n'ont pas connu de profondes modifications
d'effectifs et enfin, le cinquième rassemble les communes à
faible croissance au XIXe siècle et à forte décroissance au
XXe siècle.
Carte 2.
Croissance spécifique des communes wallonnes (de 1831 à 1991)
La carte 2A présente la
répartition des communes wallonnes par groupe :
-
les communes dont l'effectif
s'est accru de manière exponentielle (Groupe 1) sont
relativement peu nombreuses (18). Elles se situent en
général en périphérie urbaine des grandes villes. On
répertorie principalement le Brabant wallon, les
communes à l'ouest de Liège et quelques unes au sud de
Charleroi;
-
celles qui ont augmenté de
façon quasi-linéaire (Groupe 2) se répartissent plus
uniformément sur l'ensemble de la Wallonie. On y
retrouve plusieurs grandes villes régionales comme Namur
et Mons, des communes du Brabant wallon qui profitent,
ces dernières années, de l'exode bruxellois, mais aussi
des communes du sud autour de Rochefort, Libramont et
Bastogne;
-
le troisième groupe reprend
les agglomérations de deux grandes régions urbaines de
Wallonie : la périphérie de Charleroi et La Louvière
d'une part, celle de Liège d'autre part. Pour ces
communes, le ralentissement important qui s'est opéré
dans le courant de ce siècle débouche même, entre 1970
et 1980, sur une diminution nette de leur population;
-
parmi celles dont la
population est restée stable (Groupe 4), on retrouve
principalement des communes situées en marge des grands
centres urbains, à l'exception de la région de Tournai.
Elles se situent en majeure partie dans l'arrondissement
de Neufchâteau, de Philippeville, au sud de
l'arrondissement de Dinant, au nord de l'arrondissement
de Bastogne et dans l'arrondissement de Huy;
-
le cinquième groupe reprend
les communes de l'est du Brabant wallon, dans le Hainaut
occidental, autour d'Ath, au sud de Thuin, dans la
vallée de la Semois et aux environs de La
Roche-en-Ardenne. Dans ces communes, la diminution de
population est essentiellement due à des causes
économiques et, plus précisément, à l'éloignement
des principaux bassins d'emplois.
Un vieillissement par le haut
et par le bas
Une autre composante importante de
la démographie wallonne est sa structure par âge et par sexe. A
l'instar des autres pays industrialisés, la Wallonie connaît un
vieillissement progressif de sa population depuis près d'un
siècle. La transformation des pyramides des âges de 1856 à
1991 traduit bien ce rétrécissement progressif de la base au
profit du sommet (Figures 2A à 2D).
Figure
2A. Population de la Wallonie (recensement de 1856)
Figure
2B. Population de la Wallonie (recensement de 1910)
Figure
2C. Population de la Wallonie (recensement de 1961)
Figure
2D. Population de la Wallonie (recensement de 1991)
La pyramide de 1856 (Figure 2A) a
une forme triangulaire parfaite, caractéristique d'une
fécondité et d'une mortalité importantes
(5). Toutefois, à partir de 1880, la baisse
progressive de la fécondité va entraîner un rétrecissement
progressif de la base. La pyramide de 1910 (Figure 2B) traduit
déjà ce processus. On peut en effet percevoir un creux
prononcé dans les classes de 0-4 ans et 5-9 ans. La forte
croissance du siècle dernier provoque une dilatation évidente
en termes absolus.
La pyramide de 1961 se
différencie fondamentalement des pyramides précédentes. Deux
creux perceptibles dans les classes d'âge 20-24 ans et 45-49 ans
traduisent les réductions de natalité pendant les deux guerres
mondiales.
Ceci est également renforcé par
le fait que les cohortes "déficitaires" de la
Première Guerre mondiale sont arrivées en âge de procréer
pendant la Seconde Guerre mondiale. Néanmoins, la pyramide de
1961 révèle déjà un phénomène crucial pour l'avenir
démographique wallon : le baby boom de la fin des années
quarante qui ne s'arrêtera qu'au milieu des années soixante.
La baisse de mortalité se
poursuit entre 1961 et 1991, jumelée cette fois avec une baisse
de fécondité impressionnante depuis la fin des années soixante
- on parlera de baby bust, par opposition au baby boom
des quinze années précédentes -. Cette baisse conjuguée de la
mortalité et de la fécondité renforce le vieillissement
progressif de la structure par âge. Notons toutefois que la
pyramide de 1991 traduit une légère reprise de la fécondité
en Wallonie, déjà perceptible dans la classe des 0-4 ans.
II. Comprendre les mouvements
démographiques
L'évolution de la population
d'une commune, d'une région, d'un pays est déterminée par un
double mouvement. Il y a d'une part le mouvement naturel, rythmé
par l'évolution des naissances et des décès. Il y a ensuite le
mouvement migratoire des entrées et des sorties.
Après le baby boom,
limitation volontaire des naissances
Le nombre des naissances est
déterminé par deux facteurs : la fécondité, d'une part,
c'est-à-dire le nombre moyen d'enfants auxquels une femme donne
naissance et le nombre de femmes en âge de procréer, d'autre
part. Afin d'appréhender le ralentissement prononcé des
naissances du milieu des années soixante, il est intéressant de
se pencher sur l'indice synthétique de fécondité, lequel
mesure uniquement le premier facteur.
Tableau 2 : Indice
synthétique de fécondité en Belgique et en Wallonie
Année |
Indice wallon |
Indice belge |
1979 |
1,6513 |
1,7055 |
1980 |
1,6726 |
1,6973 |
1981 |
1,6496 |
1,6738 |
1982 |
1,6024 |
1,6142 |
1983 |
1,5375 |
1,5597 |
1984 |
1,5653 |
1,5333 |
1985 |
1,5716 |
1,5060 |
1986 |
1,6173 |
1,5425 |
1987 |
1,6218 |
1,5403 |
1988 |
1,6897 |
1,5641 |
1989 |
1,7007 |
1,5803 |
Source : INS, statistiques
démographiques
La dynamique wallonne en matière
de fécondité a suivi, dans une large mesure, celle des pays
industrialisés voisins. Après la Seconde Guerre mondiale,
l'indice synthétique de fécondité a augmenté
considérablement dans la majeure partie des pays de l'OCDE. La
Belgique et la Wallonie, n'ont pas fait exception à la règle.
L'indice wallon, généralement inférieur à l'indice belge, a
culminé à 2,7 enfants par femme au début des années soixante
après une stagnation autour de 1,8 et 2,0 avant la guerre
(6).
Dès le milieu des sixties,
les comportements se sont toutefois diamétralement inversés. Le
taux de fécondité a chuté de manière drastique pour
atteindre, au milieu des années quatre- vingts, un plancher
historique proche de 1,5 enfants par femme (Tableau 2).
Sur l'ensemble de la période, le
taux de fécondité wallon a généralement été inférieur au
taux moyen du Royaume. Depuis le début des années
quatre-vingts, cette constatation semble s'inverser. Même s'il
est encore trop tôt pour oser parler de reprise de la
fécondité, on observe une augmentation significative en
Wallonie où, pour la première fois depuis près d'une vingtaine
d'années, l'indice a dépassé le cap des 1,7 enfants par femme.
Ce chiffre est largement supérieur à la moyenne européenne
(1,57 en 1988) tout comme pour l'ensemble de la Belgique (1,56 en
1988).
Carte 3.
Fécondité et mortalité par commune (période 1989-1992).
Toutefois, ces chiffres cachent
des différences marquées entre communes. La carte 3B donne une
estimation du nombre moyen d'enfants par femme par commune sur la
période 1989-1992. Il apparaît que des zones comme le Hainaut
ou l'ouest de la Province de Liège se caractérisent par une
fécondité faible. Il en va d'ailleurs de même pour la plupart
des grandes métropoles urbaines. A l'opposé, les Ardennes, le
Condroz, une partie du Luxembourg ainsi que l'est de la Province
de Liège révèlent un indice de fécondité beaucoup plus
important.
Une augmentation progressive
de l'espérance de vie
La mortalité est le deuxième
facteur intervenant dans le mouvement naturel de la population.
De nouveau ici, le niveau de mortalité est influencé par deux
facteurs : les tables de mortalité par classe d'âge, d'une
part, et la structure par âge, d'autre part. Les démographes
observent d'ailleurs que la cartographie des taux bruts de
mortalité (mesurant le nombre de décès pour 1000 habitants)
est généralement très proche de celle de la proportion des
personnes âgées de 65 ans et plus. Depuis près d'un siècle,
les taux de mortalité ont diminué progressivement dans
l'ensemble des pays industrialisés et ce, pour toutes les
catégories d'âge. Cela se traduit par des progrès énormes en
matière d'espérance de vie. Ainsi, de 1950 à 1980, la durée
de vie moyenne s'est accrue de 7,6 années pour les femmes et 6,1
pour les hommes
(7).
Ici encore, cette évolution en
matière de mortalité cache des diversités subrégionales très
marquées. La carte 3A compare les espérances de vie à la
naissance constatées dans les différentes communes de Wallonie
(8). Cette variable appréhende, en fait, la
durée de vie moyenne des individus indépendamment de la
structure par âge en vigueur.
On observe que la mortalité est
plutôt forte dans les régions d'Ath, Dinant, Tournai et
Bastogne, dans les zones frontalières de Givet et Bouillon. Au
contraire, le Brabant wallon, l'arrondissement de Neufchâteau,
la région de Beauraing et les cantons de l'est révèlent une
espérance de vie élevée.
Les différences entre ces deux
catégories de communes peuvent atteindre près de six années,
ce qui s'avère impressionnant étant donné l'exiguïté du
territoire wallon.
Un faible mouvement naturel
La carte 4A présente le mouvement
naturel des communes wallonnes sur la période 1989-1992. Il
s'agit de la différence entre le nombre de naissance et le
nombre de décès pour 1000 habitants. Il est clair qu'ici, la
mesure est influencée par la structure par âge et par sexe des
régions. Le mouvement naturel est devenu très faible ces
dernières décennies avec, toutefois, une hétérogénéité
communale importante.
Carte 4.
Mouvements démographiques récents
Ainsi, l'axe lotharingien, qui
s'étend du Brabant wallon à Arlon, connaît un accroissement
naturel positif important. Il en va de même pour l'ensemble de
la région germanophone et tout l'est de la Province de Liège.
D'autres zones, par contre, présentent un excédent des décès
sur leurs naissances : il s'agit du Hainaut occidental, de la
Hesbaye liégeoise ainsi que de la Basse- Semois.
La Wallonie, terre d'accueil
En plus du mouvement naturel lié
aux naissances et aux décès, la population wallonne est
influencée par les mouvements migratoires. Contrairement à la
plupart des autres pays industrialisés, l'évolution
démographique de la Wallonie a été fortement marquée par les
mouvements avec l'étranger, principalement entre 1960 et 1975.
De surcroît, lorsqu'on se place au niveau des sous-régions,
provinces et communes, la mobilité des individus revêt une
importance prépondérante. Ainsi, Eggerickx et Poulain (1990)
dégagent que les migrations sont les principales responsables de
l'évolution actuelle du chiffre de la population des communes.
Dans 75% des cas (121 communes sur 162 étudiées), l'impact du
solde migratoire sur l'évolution de l'effectif communal
l'emporte sur celui du bilan naturel.
La carte 4B met en exergue un
accroissement important dans toute la frange méridionale de
Bruxelles (Chaumont-Gistoux 2,6%, Grez-Doiceau 2,1%) et, plus
généralement dans toutes les communes périphériques des
grandes métropoles wallonnes (Stoumont 2,2%, Wasseiges 2,1%,
Nandrin 2,0% ou Burdinne 2,0%). La Lorraine belge est également
touchée par ce phénomène (Etalle 1,6%).
Inversément, les grandes
métropoles que sont Liège et Charleroi, ainsi que certaines
communes en difficulté ou isolées (sillon Sambre-et-Meuse,
Hainaut occidental, cantons de l'est, certaines communes
ardennaises) connaissent des soldes migratoires négatifs. A
titre d'exemple, citons Farciennes -0,6%, Charleroi -0,1%, Liège
-0,2%, Saint-Nicolas -0,5% ou encore Visé -0,7%.
Notes
1. Plusieurs facteurs expliquent cette
diminution progressive de la part wallonne dans la population du
royaume : un solde migratoire externe moins favorable jusque la
Seconde Guerre mondiale, une mortalité relativement plus
élevée et une natalité plus faible.
2. Celle-ci étant de 1,57 en 1988.
3. Mesurant le rapport des "65 ans et
plus" aux "15 ans et moins".
4. Evaluée par le logarithme du rapport
des densités.
5. La pyramide des âges de 1856 a été
construite sur base de la répartition par âge des provinces
wallonnes auxquelles a été ajoutée une répartition de la
population de l'arrondissement de Nivelles. Cette dernière a
été établie sur base de la répartition par âge de la
province du Brabant à laquelle avaient été préalablement
soustraites les villes de Bruxelles et Louvain.
6. Notons qu'on considère souvent qu'il
faut un indice de 2,1 enfants par femme pou assurer le
remplacement de la population.
7. L'accroissement moyen étant de 8,5
années pour les femmes et 5,9 pour les hommes pour l'ensemble
des pays de l'OCDE.
8. Il s'agit ici d'estimations réalisées
par l'Institut de Démographie de l'U.C.L.
.../...
Frédéric Docquier, La
démographie wallonne : Histoire et perspective d'une population
vieillissante, dans
Wallonie.
Atouts et références d'une Région,
(sous la direction de Freddy Joris), Gouvernement wallon, Namur, 1995.
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