Le leadership de demain appartiendra à celles
et à ceux qui prendront la mesure des changements qui
affectent les citoyens.
Edie
Wiener
Président de Wiener, Edrich, Brown
Inc., Minneapolis,
World Future Society, 29 juillet 2001.
En prospective, il faut être obsédé par la
vérité.
Marc Hollogne
prospectiviste, dans Hasards ou coïncidences de Claude
Lelouch
Film avec Pierre Arditi et Alessandra
Martines, 2000.
Plaider pour une prospective collective, participative et
démocratique aux niveaux régional ou local nécessite d'appréhender
l'ensemble du système. In fine, une double perspective sera
considérée pour chaque question : le contexte extérieur et
la dynamique interne. La première porte sur l'évolution
extérieure de Région wallonne, dans la mesure où ces variables
externes peuvent porter effet au sein de la région [1].
Certes, le monde n'existe pas, c'est une réalité abstraite,
comme le soulignait Riccardo Petrella dès le premier congrès La
Wallonie au futur en 1987 : c'est au niveau des réalités
micro-locales que les grandes mutations se
font, sont vécues, assumées, interprétées et peuvent devenir sources
de projet
[2].
Ces réalités doivent être appréhendées globalement, non seulement
pour leur compréhension mais aussi parce qu'il importe de prendre
conscience du fait que ce qui nous porte, nous touche ou nous affecte,
fait aussi partie du vécu d'autres régions, d'autres populations.
La phase de construction de la base analytique que constitue la
présente étude représente un premier effort d'intégration verticale de
la Wallonie par rapport aux niveaux mondiaux et européens. Ainsi que
l'écrit Pierre Gonod, l'intégration "verticale" est elle aussi
[comme l'intégration horizontale], spécifique à chaque région. Bien
qu'aucune région ne constitue un système clos, elles sont plus ou
moins ouvertes, et elles sont plus ou moins opérées par différents
niveaux de leur environnement
[3].
Il faut rappeler également ici une ambiguïté, c'est que la Wallonie
est une région, mais qu'elle est aussi plus qu'une région. Entité
fédérée porteuse de souveraineté par ses compétences exclusives et la
capacité juridique internationale dont elle dispose ‑ indépendamment
de l'Etat belge ‑, elle se manifeste également politiquement et
socialement y compris sur la scène internationale. La déclaration
officielle du Ministre-président Jean-Claude Van Cauwenberghe au
lendemain des attentats du 11 septembre 2001
[4]
était significative à ce point de vue. Elle s'est inscrite sur le même
plan que les déclarations officielles faites lors d'autres événements
à portée internationale, comme par exemple celle du ministre fédéral
belge des Affaires étrangères Louis Michel concernant l'Autriche de
Jörg Haider ou
celle du ministre-président de la
Communauté Wallonie - Bruxelles, Hervé Hasquin à propos des Grands
Lacs. De même, le groupe prospective "Dynamique de la société
wallonne" animé par Hugues de Jouvenel et réuni à l'Institut
Jules-Destrée en 2001 s'est-il interrogé avec raison sur une question
géopolitique, telle celle du rapprochement diplomatique entre l'URSS
et les USA après le 11 septembre 2001 .
Cette question, qui semblait précédemment périphérique aux
préoccupations wallonnes, méritait pourtant d'être envisagée compte
tenu des impacts qui furent identifiés. C'est ce qu'écrit Alexandre
Adler, lorsqu'il analyse l'importance de cet événement, en
mêlant temps de l'hypothèse et temps de l'histoire, et en
souhaitant donner une boussole à ceux qui savent que la planète ne
s'arrête pas aux frontières de l'Hexagone, ni aux étroits parapets de
la vieille Europe
[5].
Du reste, on peut appliquer à la Wallonie ce que la Cellule de
Prospective de la Commission européenne disait de cette même Europe :
la frontière entre la politique intérieure et la politique
extérieure n'existe plus [6].
Comme le Vieux Continent, la Wallonie est vouée à un dilemme :
exporter sa stabilité relative, ou importer l'instabilité du dehors, –
à tout le moins, ce qui apparaît tel.
Rappelons, avec Jacques Lesourne
[7],
que l'intérêt de la réflexion prospective est d'abord de prendre
conscience des trois types de phénomènes différents que le changement
met en œuvre. Ainsi, l'avenir est-il fait de la nécessité de
rencontrer les impacts des tendances lourdes, du hasard frappant les
Hommes ou les événements mais surtout de la volonté individuelle ou
collective des Hommes.
La prospective aide à comprendre les systèmes complexes et permet
d'appréhender les changements. Elle intègre les temps longs qui
viennent du passé, traversent le présent et peuvent se poursuivre dans
le futur. Toutefois, en prospective territoriale, on sait –
écrit Pierre Gonod – que la démocratie participative peut […]
se polariser sur le court terme
[8]
.
Le regard préliminaire posé consiste donc à rechercher les axes et
lignes de forces temporels qui traversent
les sociétés avec une vision spatiale aussi large que possible. Il
s'agit de rechercher, comme le souhaite Fernand Braudel, ce qui se
maintient, au delà des tempêtes du temps court
[9].
Notre temps ex-ante n'est pas limité, celui que nous percevons se
poursuit jusqu'aujourd'hui au moins. Selon les prospectivistes, il
prévaut avant toute chose de percevoir les changements présents et les
développements qui nous paraissent durables. Comme l'écrivent les
auteurs du rapport réalisé sous la direction de Philippe
Hugon et Olivier
Sudrie, la flèche du temps est celle de l'irréversibilité
(l'histoire intervient comme un facteur structurant des devenirs
possibles) et des cheminements pluriels (liés aux incertitudes, aux
stratégies d'adaptation des agents, aux erreurs…)
[10].
Ces dimensions temporelles intègrent aussi les espaces, et donc des
rythmes, que les analystes de la prospective
africaine ont bien définis :
Les mouvements économiques s'éloignent des
mécaniques horlogères. A l'image de la technique des sols, les
formations sociales sont constituées de couches géologiques ou de
strates qui se déplacent selon des vitesses différentes. D'un côté
il existe des structures "réalités que le temps use et véhicule
lentement" (Braudel) et, de l'autre, des inventions, des
innovations, ou des accommodements aux chocs extérieurs qui
créent des ruptures et des réversibilités.
Les variables évoluent à des vitesses différentes ;
elles sont ainsi sources de tensions et de crises conduisant à des
régulations, à de nouveaux agencements structurels ou à des
révolutions. Ainsi, la diffusion de modèles occidentaux peut-elle
créer de nouvelles aspirations et des besoins de consommation
incompatibles avec les structures de pouvoir ou les modes de
production. Elles peuvent conduire aussi à des pratiques de rejets
(ex. intégrisme), à des accommodations des systèmes productifs ou,
le plus souvent à des syncrétismes, à des réinterprétations et à
des réappropriations des modes de consommation.
Les pratiques quotidiennes ont des temporalités
propres par rapport à la sphère du marché, de l'Etat et du
capital. L'horloge ne tourne pas à la même vitesse dans les
espaces ruraux et dans les villes, au niveau des
Etats-nations ou à l'échelle mondiale.
Il y a coexistence de techniques ancestrales et de pointe pour
produire les mêmes biens ; les modes d'organisation sont fortement
contrastés. La locomotive n'écrase pas la brouette comme le
capitalisme détruirait les modes de production co- ou
pré-capitalistes.
Les lunettes de l'historien de la longue durée
montrent la permanence des relations de l'homme à son milieu, des
organisations sociales, des rapports de parenté ou des
appartenances ethniques c'est-à-dire des inerties, des viscosités
et des structures permettant de spécifier les cultures et les
civilisations
[11].
Ainsi, déterminer les tendances ne constitue pas encore l'appréhension
du futur, même si elle y mène. Comme le soulignait déjà John
Naisbitt en 1984, le moyen le plus
fiable de préfigurer l'avenir, c'est de comprendre le présent
[12].
Lui-même basait son analyse sur les tendances lourdes ou les
orientations majeures qui sont appelées à redéfinir le profil, entendu
au sens large, de la nouvelle société
[13]
Il exprimait aussi cette idée en disant qu'il s'agissait de savoir
dans quel sens la poussée s'exerce
[14].
Il ajoutait : les tendances nouvelles s'exercent de bas en haut ;
les routines se propagent de haut en bas
[15].
Suivant un point de vue explicatif et pédagogique, l'attention doit
être portée également sur les tendances de la
macrohistoire, c'est-à-dire l'examen de l'évolution de
l'histoire en considérant les larges changements de civilisations
[16].
De même, pour John H. Lienhard, les
tendances font appel à l'histoire davantage qu'à un futur qui reste,
par définition, mystérieux
[17].
Dressant un inventaire des travaux de prospective sur l'Afrique et des
méthodes utilisées, Philippe Hugon et
Olivier Sudrie relevaient que
l'histoire raisonnée conduit à envisager l'avenir en fonction des
tendances lourdes de la longue durée et de la possibilité de ruptures
dans les trends antérieurs
[18].
Comment les prospectivistes définissent-ils les concepts de
tendance et de tendance lourde ?
Dans Crise de la prévision, Essor de prospective (1977), Michel
Godet voit la tendance lourde comme un mouvement affectant un
phénomène de telle manière que l'on puisse prévoir son évolution dans
le temps
[19];
précisant que les faits porteurs d'avenir constituent des facteurs
de changements, à peine perceptibles aujourd'hui mais qui
constitueront les tendances lourdes de demain
[20].
Dans son Manuel de prospective stratégique (1997 et 2001), le
professeur au Conservatoire national des Arts et Métiers ajoute à sa
définition de la tendance lourde le fait que le mouvement affecte le
phénomène sur une longue période
[21].
Dans Why Futures
Studies ? (1993) ainsi que dans
l'adaptation en français de cet ouvrage de référence par Fabienne
Goux-Baudiment sous le titre de Penser le futur (2000),
Eleonora Barbieri
Masini rappelle que le terme tendance fait à l'origine
référence au cours d'une rivière ou d'un torrent. Il est utilisé pour
décrire la manière dont les événements évoluent dans le temps
[22] .
Professeur-affilié
à l'Ecole de Commerce de Paris, Philippe
Gabilliet nous apporte deux définitions précises et complètes
des concepts de "tendance" et de "tendance lourde" :
Tendance : Transformation mesurable ou observable au
sein d'un système donné, et qui porte en germe les dynamiques et
comportements futurs de ce système. Une tendance peut être économique
ou sociale, individuelle ou collective. C'est la direction apparente
et prévisible que prennent les phénomènes et les événements. Selon sa
visibilité et son antériorité, une tendance pourra être qualifiée de
longue, lourde, en germe (fait porteur d'avenir) ou contingente
[23].
Philippe Gabilliet relève qu'une
tendance est toujours prévisible (même imparfaitement), durable
(sinon ce n'est pas une tendance), porteuse d'implications pour
l'ensemble du corps social
[24].
Enfin, il définit une tendance lourde :
Une tendance lourde constitue un mouvement affectant un
phénomène de façon suffisamment significative et sur une période
suffisamment longue pour que l'on puisse prévoir son évolution dans le
temps
[25].
Notons que, dans la critique de fond qu'il dresse des matrices
structurelles, Pierre Gonod relève que les variables retenues dans ces
matrices ne font généralement pas de différences entre variables
d'état et processus. A cette occasion, Pierre Gonod souligne que la
notion de processus est absente de la prospective de référence et
qu'elle lui est assimilée à celle plus vague de tendance
[26].
La notion de processus – corrélative de celle d'évolution – y est
définie comme une séquence de phénomènes dynamiques, en mouvement.
C'est tout changement dans le temps, de matière, d'énergie ou
d'information qui se produit dans le système traitant ces variables
d'entrée et menant aux variables de sortie. Pour Pierre
Gonod, un processus existe quand des événements discontinus sont
perçus comme liés ensemble. Il s'agit dès lors, d'un
enchevêtrement, une torsade de faits, d'événements ou de phénomènes.
Le processus est ainsi le triplet
système-temps-acteurs, qui résulte de l'état du système,
de sa mise en mouvement passée, présente, future, par des acteurs au
cours du temps. Et Pierre Gonod de conclure que le concept de
processus est plus riche que la notion de tendance qui désigne
généralement le mouvement affectant un phénomène sur une longue
période, du moins pour les "tendances lourdes". Car il pénètre la
composition de ce mouvement : l'agrégation des événements et de
phénomènes, sa nature objective ou subjective, les acteurs concernés
[27].
Dans Les Mille sentiers de l'avenir, publié en 1981, Jacques
Lesourne, inscrit à la fois la prospective dans le temps et dans la
complexité. Le professeur au CNAM place les tendances lourdes au
milieu du système qu'il observe :
Car, pour moi, l'attitude adulte est d'employer
l'avenir au pluriel puisqu'il n'est que l'éventail des futurs
possibles qu'annoncent les heurts et les convergences des plans
d'innombrables acteurs, les gouvernements, la presse, les partis
politiques, les grandes entreprises, les peuples, les scientifiques,
les prophètes, les écrivains et les artistes […]. Certes, je
pressens des tendances lourdes, engendrées par des comportements qui
ne s'infléchissent que lentement; certes j'envisage des continuités,
multiples et régulières, mais je localise aussi des risques de rupture
qui peuvent donner naissance à des divergences cumulatives dans les
évolutions. Aussi l'avenir doit-il être le domaine de la prospective,
une prospective qui va au delà de la prévision, au delà de l'histoire
et qui ne se conçoit que comme une réflexion préparatoire à l'action [28].
En fait, comme le souligne Michel Albert en évoquant cet ouvrage à
l'occasion de l'hommage rendu à son collègue d'Interfuturs,
il faut moins de mille sentiers pour se perdre dans la complexité
du monde contemporain. Cela ne donne guère envie d'entrer dans le
labyrinthe. En fait, le paysage est fort vaste mais bien balisé
[29].
Sans pouvoir, et de loin, tenter l'exhaustivité, on peut en effet
s'interroger, à titre de balisage méthodologique, sur le type et la
nature des tendances lourdes identifiées par quelques prospectivistes,
dont quelques Américains, particulièrement enclins à cet exercice
[30].
Ainsi, dans Megatrends
(1982), que son éditeur francophone a préféré traduire Les Dix
commandements de l'Avenir (1984), John
Naisbitt recherche dix orientations majeures nouvelles (certains,
écrit-il, les nomment tendances lourdes)
[31]
.
– De la société industrielle à la société
informatique;
– L'intrusion technologique et la réponse humaine compensatoire.
– De l'économie nationale à l'économie mondiale.
– Du court terme au long terme.
– La dynamique décentralisatrice.
– De l'assistance institutionnelle au renouveau de l'initiative.
– De la démocratie de représentation à la démocratie de
participation.
– Des hiérarchies aux réseaux.
– Le déplacement Nord-Sud [au sein des
USA].
– De l'alternative simple à la société
multi-optionnelle.
En 1992, dans The Future :
Trends into the
Twenty First
Century, Joseph
Coates et Jennifer
Jarratt décrivent quatre tendances
générales (global trends) appelées à devenir très critiques
dans les vingt ans :
– Le statut de la femme.
– Les relations internationales.
– La croissance de la population.
– L'impact des technologies de l'information.
Dans ce travail, Joseph Coates identifie
également quatre prolongements qui vont affecter les Etats-Unis dans
la même période :
– L'approfondissement de la crise de la gouvernance
et de l'autorité.
– Le déclin de la qualité de l'éducation.
– Les efforts pour une diversification accrue de la population.
– Le déficit de mécanismes pour définir des objectifs à long terme
[32].
Dans son Manuel de Prospective stratégique (1997), Michel Godet
décrit douze tendances probables
[33]
:
– Des déséquilibres démographiques et des flux
migratoires Sud-Nord.
– Des menaces sur l'environnement physique et l'héritage négatif de
la croissance passée.
– Un contexte international déréglé et turbulent.
– Une croissance lente, irrégulière, inégale et interdépendante.
– De nouveaux renchérissements énergétiques.
– L'irruption de nouvelles technologies : une nouvelle donne
compétitive.
– La déréglementation associée à de nouvelles réglementations
internationales et communautaires.
– Une compétition économique à l'échelle mondiale où les Etats
jouent un rôle clé.
– La course à la productivité de l'agriculture et ses effets
pervers.
– La chute des emplois industriels et la marée montante des
services.
– La crise de l'Etat protecteur.
– Les rigidités et la panne de l'ascenseur social
[34].
Lors de la conférence annuelle 2000 de la World Future Society à
Houston, Linda Groff,
, a examiné successivement les tendances dans les différents
domaines, les modèles de changements qui
soutendent ces tendances et les paradigmes ou visions mondiales
sur lesquels ces modèles et ces tendances s'appuient
[35].
En ce qui concerne les tendances elles-mêmes, la
professeur à la California State
University Dominguez
Hills en distinguait quatre types :
– Des tendances de crises globales (population,
alimentation, énergie, environnement, climat, extinction des
espèces).
– Des tendances technologiques (la révolution de l'information et
internet, l'espace, l'ingénierie génétique et les nanotechnologies).
– Des tendances institutionnelles (mondialisation et localisation,
la science économique, la science politique, la famille,
l'éducation et la religion).
– Des tendances culturelles donnant des visions du monde.
Dans Demain est déjà là, Prospective, débat, décision publique,
Jean-Paul Bailly relève une dizaine de tendances, s'appuyant notamment
sur les travaux d'Hugues de Jouvenel, d'Alain Touraine, de Michel
Godet, Jean-Louis Beffa, Armand Braun,
Laurence Douvin, François
Ascher, Jérôme Vignon, Thierry Gaudin,
Jean-Jacques Duby, etc. : nous reformulons ces tendances, plus ou
moins formalisées
[36]
:
– Un processus simultané de globalisation et de
fragmentation à l'échelle planétaire.
– Un accroissement des tensions et des conflits dont la
majorité des victimes sont parmi la
société civile.
– L'absence d'institutions et de procédures de régulation au niveau
mondial.
– Une économie dominée par trois pôles (ALENA tiré par les
Etats-Unis, ASEAN emmené par le Japon et les "dragons" asiatiques,
l'Union européenne animée par le couple franco-allemand) en y
intégrant le rôle de la Chine.
– La transition amorcée en Europe centrale et orientale, qui
présente encore de grandes incertitudes.
– La complémentarité conflictuelle qui se développe entre le marché
mondial et les intégrismes ou nationalismes culturels, entre une
économie globalisée et des cultures fragmentées attachées à
l'affirmation de leur identité.
– Les flux migratoires Sud-Nord.
– La persistance d'une croissance lente, irrégulière, inégale et
interdépendante.
– La nouvelle donne compétitive déclenchée par l'irruption des
nouvelles technologies.
– La course à la productivité dans le secteur agricole.
– La chute de l'emploi industriel et la marée montante des services.
– L'accroissement de la population active à un moment où l'économie
ne crée presque plus d'emplois.
– Le vieillissement des sociétés européennes entraînant un
déséquilibre croissant entre le nombre d'actifs cotisants et le
nombre d'inactifs allocataires.
– La montée des interdépendances aux plans commercial, économique et
financier, résultant entre autres du développement des technologies
de l'information et de la communication, transforme les conditions
et la répartition géographique de la création de richesses.
– L'économie, organisée en réseau à l'échelle planétaire,
s'identifie de moins en moins à la logique territoriale sur laquelle
repose le principe de souveraineté nationale et induit un déphasage
des politiques publiques dans le cadre de l'Etat-nation.
– La montée des services et l'importance des investissements
immatériels favorisent un mouvement mondial d'urbanisation, moteur
de développement mais aussi risques de déséquilibres.
– Le renforcement du cadre européen, économique mais aussi politique
et social.
– Les technologies de l'information et de la communication
connaissent de tels réels développement : leur diffusion est telle
qu'elles transforment complètement le paysage des acteurs et
affectent directement la vie quotidienne des personnes.
– etc.
Le National Intelligence Council (NIC)
[37]
a lancé l'initiative Global Trends 2015 avec l'objectif
d'inciter les décideurs politiques américains à penser au delà de
leurs boîtes aux lettres
[38].
Ce travail fait suite à Global Trends 2010, publié en 1997. Il
s'agit, pour les auteurs – une équipe d'experts non gouvernementaux –
d'identifier des "pilotes/moteurs"-clefs mondiaux (global "key-drivers")
et d'estimer leur impact sur le monde pour les quinze années suivantes
afin d'aboutir à une vision explicative du monde en 2015. Sept
tendances-clefs (drivers or trends) ont été identifiées, dont
aucune ne semble dominer l'avenir du monde en 2015 :
– L'accroissement démographique et l'allongement de
la durée de vie.
– L'adéquation des ressources naturelles avec à l'accroissement de
la population sauf en Afrique subsaharienne.
– Le développement des technologies de l'information et des
nouvelles biotechnologies vers le sommet de la vague.
– La globalisation de l'économie contribuant à renforcer la
stabilité politique.
– Le maintien des Etats comme acteurs mondiaux, avec une baisse de
contrôle des gouvernements sur de nombreux secteurs, parallèlement à
l'accroissement de l'action du monde des affaires et des ONG.
– Le maintien du faible risque de conflit entre les pays développés
ainsi que de l'insécurité liée aux tensions régionales, liées
notamment aux rivalités en Asie et au Moyen-Orient.
– Le rôle des Etats-Unis comme puissance mondiale prépondérante et
sans rivale
[39].
Enfin, le Groupe de Prospective de la Datar
Temps et territoires a, lui aussi, en fonction de ses
préoccupations, identifié six principales tendances qui traversent
nos sociétés. La Datar en a fait la
recension en décembre 2001 :
– La mondialisation de l'économie qui pousse les
entreprises à fonctionner 24 heures sur 24.
– Le mouvement d'individualisation (libération individuelle) qui
affecte les modes de vie.
– L'abandon des modes anciens de synchronisation par le travail, la
flexibilité.
– L'entrée massive des femmes dans le salariat depuis les années
soixante.
– Le développement de nouveaux types de mobilités multiformes.
– Le développement de masse des technologies de l'information et de
la communication
[40].
Les tendances lourdes décrites ici sont essentiellement générales ou
globales. Notons que les tendances peuvent également être
sectorielles, technologiques
[41]
ou éducatives [42],
par exemple.
Après avoir défini ce qu'est une tendance lourde, la question
primordiale était de savoir comment décrire les tendances qui peuvent
avoir une action sur la Wallonie, les tendances auxquelles la Wallonie
participe, celles sur lesquelles la société wallonne ou ses
gouvernements peuvent influer et agir.
La prospective offre la possibilité de faire émerger les tendances par
un travail collectif et préconise de les faire valider de la manière
la plus large possible, pour favoriser leur appropriation
[43].
De plus, ces tendances, qui se révèlent extrêmement nombreuses,
doivent être classées, triées et choisies, de manière à en limiter le
nombre car les sociétés, comme les individus, ne peuvent
s'accommoder simultanément que d'un nombre limité de préoccupations
[44].
Trois phases ont permis d'atteindre l'objectif défini.
– Une phase d'écoute des lieux professionnels de la
prospective
Cet exercice a nécessité la participation du Pôle
Prospective à de nombreux séminaires, de niveaux et d'ampleur
différents en 2000 et 2001, une réflexion menée avec des experts
internationaux, la participation à plusieurs grands événements de la
prospective internationale [45]
et aux travaux de l'Internet Society et de l'Internet Societal Task
Force [46],
la rencontre d'acteurs de terrain de la prospective publique
française [47]
, européenne [48]
et mondiale [49]
,la participation à plus d'une dizaine de séminaires
de formation [50],
l'implication de l'Institut Jules-Destrée dans le réseau Millenium
Project, initié et porté par l'American
Council de la
United Nations University à Washington (Jérôme Glenn et
Elizabeth Florescu) , la participation de l'Institut Jules-Destrée
au réseau mis en place par le GEIE euroProspective dont il
est co-fondateur avec Fabienne Goux-Baudiment, directeur général de
proGective à Paris.
Les collaborateurs du Pôle Prospective de l'Institut
Jules-Destrée ont ainsi voulu s'inscrire dans la logique que Jacques
Lesourne a rappelée lors de sa participation au colloque de
Cerisy, estimant que la prospective,
comme outil d'intelligence collective, c'est certainement la
connexion des savoirs [51].
Au delà des contact humains, nombreux et d'une grande qualité,
cette connexion a surtout pris la forme d'échanges ou de travaux
multiples, qui ont accompagné, puis poursuivi les rencontres
décrites ci-dessus [52].
–
La mise en œuvre de l'analyse systémique
Le nombre des tendances identifiables dans la
société contemporaine est considérable. Le groupe Louis
Dirn, anagramme des réunions du lundi
soir de quelques sociologues parmi lesquels Henri
Mendras et Michel
Forsé, s'y est essayé en publiant en 1990 La Société
française en tendances [53].
Cet ouvrage présente soixante tendances du changement social dans
l'Hexagone depuis 1965. Quelques années plus tard, une nouvelle
équipe, plus internationale, recensait soixante-quinze tendances
décrivant les sociétés post-industrielles des deux côtés de
l'Atlantique [54].
La question méthodologique essentielle de ce travail consistait à
s'interroger sur le niveau de détail où se placer pour analyser les
tendances d'évolution et sur les liens et regroupements potentiels.
Cette question est apparue également cruciale dans la présente
démarche. Elle a trouvé une réponse satisfaisante par l'analyse
systémique. Celle-ci permet de décrire un objet (évolution des
tendances) sous la forme d'un jeu de relations complexes entre ses
variables (facteurs utilisés pour décrire un système) et entre
celles de son environnement (ensemble des facteurs qui interviennent
dans la compréhension des relations d’un système mais qui sont en
dehors de l'influence de ses variables). L'analyse systémique
dynamique met aussi en évidence les interactions non seulement entre
l’environnement et l’objet lui-même, mais surtout entre l’ancien et
le nouvel objet du système [55].
La première étape de cette deuxième phase a constitué
en un exercice de mapping (ou
cartographie) – plus souple que les matrices structurelles [56]
– effectué afin d'organiser les variables repérées et de tenter
d'identifier des tendances. Le mapping a
permis de cartographier les objets (tendances, facteurs et
variables) sous forme d’un schéma de relations dont certaines
peuvent être neutres (pas d'impact ou de changement structurel à
plus de dix ans), avoir un impact positif de la variable sur l'objet
à l'horizon de temps (c'est-à-dire renforcer la tendance) ou avoir
un impact négatif.
La deuxième étape a consisté à utiliser le
mapping pour identifier des
problématiques générales construites sur la base de questions
spécifiques. La tendance a interpellé parfois plus par son
accélération (mondialisation du commerce) que par sa naissance
(internet). Pour chaque tendance, un enjeu du moment a été
identifié. Quand c'était utile, la distinction a été faite entre le
mondial et le local (la sécurité alimentaire a des évolutions
différentes selon les grandes régions du monde). Les tendances ont
été, si nécessaire, testées au moyen de
données complémentaires. Enfin les sources ont été recherchées en
convenant qu’une convergence d'au moins trois sources de
prospectivistes, indépendantes l'une de l'autre, permettent de
considérer une tendance donnée comme étant fiable.
Trente-huit tendances ont ainsi été recensées, trente
ont été retenues dans un premier temps pour, finalement aboutir à un
choix de douze, puis de dix tendances lourdes. Ont été privilégiées
celles qui répondaient aux critères suivant
:
– relever d'un travail sur des données solides et
factuelles ;
– faire l'objet d'une approche prospective, systémique et
pluridisciplinaire ;
– rencontrer un minimum de consensus parmi les prospectivistes ;
– favoriser la réflexion ultérieure sur les enjeux.
– Le travail de synthèse et l'articulation des tendances
lourdes
- Le travail
de synthèse et l'articulation des tendances lourdes
La phase finale a consisté à réaliser un travail de
synthèse en articulant ces dix tendances lourdes, comme les grands
axes selon lesquels l'Europe et le monde sont en train de se
structurer. Ainsi, nous avons regroupé les dix tendances en cinq
axes ou zones car, ainsi que l'indique Jacques Lesourne, l'esprit
humain peine à raisonner sur plus de cinq ou six axes différents [57].
Le rapport décrit ainsi un système, un environnement, un cadre dans
lequel il faudra, dans un second temps, se situer en tant que
société wallonne. La créativité a sa place dans cette structuration
et en fait son originalité. Le regard est mondial mais le lieu de
départ du regard est celui de la Wallonie, celui de Wallonnes et de
Wallons.
Ce travail demande à être discuté, ajusté et validé par un regard plus
ample et plus collectif. Il s'agira notamment de mesurer si ces
tendances lourdes sont non seulement valides mais encore pérennes. En
cela, cette analyse est un point de départ et un outil pour le futur
exercice de prospective. Il s'adresse bien évidemment par priorité au
décideur public. Ainsi, Raymond Barre, préfaçant un important travail
sur la prospective catalane soulignait l'importance de la prise de
conscience d'évolutions tendancielles qui appellent la mise en œuvres
de politiques régionales, nationales, européennes
[58].
C'est dans cette optique qu'un effort devra être réalisé pour faire
suivre les analyses des tendances lourdes par une formulation d'enjeux
globaux.
Le concept d'enjeu est propre à la prospective, plus particulièrement
normative. Ainsi que le souligne Fabienne Goux-Baudiment, l'enjeu doit
être compris dans le sens américain de
challenge,
et au sens français de
changement.
L'enjeu est ce que la tendance porte de changement (pour son public
cible et non pour la tendance en elle-même), que ce soit positif
(opportunités) ou négatif (menaces). Ce concept d'enjeu est
pédagogique et sert à expliquer pourquoi on choisit d'observer ou de
détailler telle tendance plutôt que telle autre. Pourquoi, par
exemple, on observe la tendance mondiale relative à l'éducation
depuis quelques années, bien sûr parce qu'elle est porteuse d'enjeux
en termes de mondialisation numérique, mais surtout de développement
(alimentation, hygiène, alphabétisation, accès au savoir) pour les
deux tiers du globe
[59].
Cette étude fait l'objet des travaux 2002 du Pôle Prospective.
L'analyse de Pierre Gonod sur L'amont de la prospective
territoriale nous permet de compléter cette approche en
distinguant le "problème" de l"'enjeu"
:
Le "problème peut être défini comme "l'état de
tension entre les fins poursuivies et l'image de l'environnement",
en d'autres termes comme l'état de tension entre la situation
voulue et la situation perçue. Il y a différents types de
problèmes. Les "enjeux" introduisent par rapport aux "problèmes"
la notion de risque, à gagner ou à perdre, risques négatifs
auxquels sont antinomiques les risques positifs, c'est-à-dire les
chances
[60].
Ainsi, par exemple, le Millenium Project a-t-il actionné des
stratégies portant sur le mondial, le local et le régional pour
construire quinze enjeux portant sur le changement [61].
Tendances lourdes et enjeux pour l'avenir : notre espoir est que ce
travail permette de se doter d'un premier système de représentation
explicite de la réalité, ce qui est la vocation principale du
travail de prospective
[62].
Après s'être interrogé sur la méthodologie, la qualité, la fiabilité,
la pérennité de la présente analyse, on ne peut que s'interroger sur
son contenu. Sera-t-il appropriable ? A l'heure du
think positive ! régional,
on se souviendra des travaux du Club de Rome posant la question, en
1982, de l'avenir même du monde, si les tendances analysées alors se
maintenaient ‑ et le Club de Rome les percevait comme catastrophiques
[63].
Optimisme et pessimisme constituent une fausse question, ainsi que le
souligne la prospectiviste italienne Eleonora
Barbieri Masini, c'est l'acte prospectif
qui rend optimiste car, en étudiant le futur, on peut croire qu'on
saura l'appréhender et le surmonter, quelles que soient les tendances
que l'on y discerne : je crois, dit
Eleonora Masini, que c'est
seulement en apprenant à regarder devant et en étudiant afin de
conceptualiser et de comprendre le futur comme un tout complexe
d'alternatives – parmi lesquelles on peut choisir librement – que
nous pouvons penser le futur de manière optimiste
[64].
Alors que la prospective constitue, par définition, une réflexion
collective, ce premier travail n'a été mûri que par un petit noyau au
sein du Pôle Prospective de l'Institut Jules-Destrée et avec les
conseils, trop ponctuels, de Fabienne Goux-Baudiment et de Michel
Quévit, au titre d'experts.
La prospective n'exonérant pas la responsabilité, chacun assume la
synthèse qu'il a produite et les informations qu'il a recueillies à
partir des réseaux qu'il anime ou auxquels il participe. Marie-Anne
Delahaut, Conseillère Pôle Information, a donc pris en charge la
tendance liée au développement des technologies de l'information,
Jean-François Potelle, Conseiller Pôle Citoyenneté, celle portant sur
le vieillissement démographique et Ida Dekeyser, assistante
scientifique, celles sur les questions européennes, que Pascale Van
Doren, nouvelle Conseillère Pôle Prospective a bien voulu revoir.
Philippe Destatte a assumé la coordination du travail et
s'est chargé des autres tendances.
Ce travail d'écoute de la prospective mondiale, au départ de la
Wallonie, ne constitue, on l'a vu, que la toute première étape de la
dynamique prospective engagée. Celle qui permet de commencer à
constituer un socle d'information, une base pour engager le dialogue
avec les acteurs régionaux. Ce sont eux qui, in fine,
produiront la prospective en s'interrogeant sur les tendances ici
décrites, en les validant ou en les rejetant, en se positionnant par
rapport à elles et en en dégageant collectivement les enjeux. Ce n'est
qu'alors que des recommandations pourront être faites au Gouvernement
wallon.
Ce Gouvernement – comme chacun des acteurs d'ailleurs – gardera à
l'esprit la conviction de Michel Godet, selon lequel le
développement d'un territoire est d'abord le fruit de son dynamisme
propre. C'est la multiplicité des initiatives locales et leur
fécondation mutuelle qui stimulent l'activité et l'emploi. Les
contraintes extérieures, la mondialisation, les changements techniques
sont moins des obstacles à surmonter que des opportunités
[65].
Répétons-le : les tendances présentées ici ne sont que des stimuli.
C'est comme tels qu'il faut les aborder.
[1]
Hugues de JOUVENEL, Maria-Angels ROQUE,
Catalogne à l'horizon 2010, p. 8, Paris,
Economica, Institut catala d'Estudis
mediterranis, 1994.
[2]
Riccardo PETRELLA, Quatre messages à
la Wallonie, dans La Wallonie au futur, Vers un nouveau
paradigme, p. 541, Charleroi, Institut Jules-Destrée, 1987.
[5]
Alexandre ADLER, J'ai vu finir le monde ancien, p. 308-310
, Paris, Bernard Grasset, 2002. Agrégé d'histoire, Alexandre
Adler est directeur éditorial de Courrier international.
[7]
Jacques LESOURNE, intervention dans
Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Edith HEURGON
et Josée LANDRIEU
coord.,
Expertise, débat public : vers une intelligence collective,
p. 351, La Tour d'Aigues, L'Aube, 2001.
[8]
Pierre GONOD, L'amont de la
prospective territoriale…, p. 18.
[9]
Fernand BRAUDEL, Ecrits sur l'histoire, p. 301, Paris,
Flammarion, 1969.
[10]
Philippe HUGON et Olivier
SUDRIE, Un bilan de la prospective
africaine, vol. 1, p. 21, Paris, Ministère des Affaires
étrangères, 2000.
[11] Philippe
HUGON et Olivier
SUDRIE, Un bilan de la prospective africaine…, p. 22.
[12]
John NAISBITT, Les Dix commandements
de l'avenir (Megatrends), p. 25,
Paris-Montréal,
Sand-Primeur, 1982.
[13]
John NAISBITT, op.
cit.,
p. 24.
[14]
John NAISBITT, op.
cit., p. 35.
[15]
John NAISBITT, op. cit.,
p. 25.
[16]
Linda GROFF, The Big Picture : Trends in
Macrohistory, Global Civilizations, and Peace,
Annual Conference of the World Future
Society, Future Focus 2000, Changes, Challenges & Choices,
Houston, 24 juillet 2000. –
ibidem, XVII World Conference of the
World Futures Studies Federation, Many Cultures, One World, Local
Development and Globalisation, Brasov,
Romania, 5-6 septembre 2001.
[17]
John H. LIENHARD, The Engines of our
Ingenuity,
Annual Conference of the World Future
Society, Future Focus 2000, Changes, Challenges & Choices,
Houston, 23 juillet 2000. – John H.
Lienhard
est
professeur au Mechanical Engeeering
Department, University of Houston, Houston, Texas.
[18]
Philippe HUGON, Prospective de
l'Afrique subsaharienne, Une synthèse générale des travaux de
prospective récents, dans Futuribles, n°257,
Octobre 2000, p. 23. – Voir aussi Jacques GIRI,
Le Sahel au XXIème siècle, Un essai de réflexion sur les sociétés
sahéliennes, Paris, Karthala, 1989.
[19]
Michel GODET, Crise de la prévision, essor de la prospective,
p. 85, Paris, Puf, 1977.
[21]
Une tendance lourde est un mouvement affectant un phénomène sur
une longue période. Michel GODET, Manuel de prospective
stratégique, t.2, L'art et la méthode, p. 91, Paris,
Dunod, 1997. – Ibidem, 2ème
éd, 2001, p. 103. – Dans Creating
Futures, Scenario Planning as a
Srategic Management
Tool, p. 90, Londres, Paris, Genève,
Economica, 2001, Michel Godet utilise le terme
Megatrends qu'il définit comme
Movement
affecting a phenomenon
over a long period.
Exemples : urbanization,
globalization. – En 1991, Michel
Godet utilisait le terme strong
trends en le définissant comme
A movement
affecting a
phenomenon in such a
way that
its development
in time can be
predicted.
Example
:
urbanisation.
Michel GODET, From anticipation to
action, A handbook of strategic prospective, p. 58, Paris,
Unesco, 1994.
[22]
Eleonora Barbieri
MASINI, Why Futures
Studies ?,
p. 76, Londres, Grey Seal, 1993. –
Eleonora Barbieri
MASINI, Penser le futur, L'essentiel de la
prospective et ses méthodes, p. 104, Paris,
Dunod, 2000 (Il s'agit de la traduction et de l'adapation
de l'anglais par Fabienne Goux-Baudiment de l'ouvrage précédent).
[23]
Philippe GABILLIET, Savoir anticiper,
Les outils pour maîtriser son futur, p. 167,
Issy-les-Moulineaux, ESF, 1999.
[24]
Philippe GABILLIET, op.
cit.,
p. 78.
[25]
Ph. GABILLIET,
op. cit.,
p. 79. – Aliette
Delamarre et Marie-Claude Malhomme
donnent une définition proche : une tendance lourde est une
tendance qu'on juge bien établie. Un mouvement observable qui
affecte un phénomène de telle manière qu'on puisse envisager avec
certitude son évolution dans le temps.
Aliette DELAMARRE, La
prospective territoriale, p. 109, Paris,
Datar, 2002.
[26]
Pierre GONOD, Dynamique des systèmes
et méthodes prospectives, coll. Travaux et recherches de
prospective n°2, p. 19, Paris, Futuribles International -
LIPS - Datar,
1996.
[28]
Jacques LESOURNE, extrait de Les
Mille Sentiers de l'avenir, Paris, Seghers, 1981.
reproduit dans Jacques
LESOURNE, Un homme de notre siècle,
De polytechnique à la prospective et au journal Le Monde, p.
508, Paris, Odile Jacob, 2000.
[29]
Michel ALBERT, Interfuturs vingt ans
après, dans Jacques THEPOT, Michel
GODET, Fabrice ROUBELAT,
Assaad E SAAB, Mélanges en l'honneur
de Jacques Lesourne, p. 307, Paris, Dunod,
2000.
[30]
voir le commentaire d'Hugues de JOUVENEL,
dans Michel DRANCOURT, Etats-Unis :
cinq tendances majeures, dans Futuribles, n°247, novembre
1999, p. 41.
[31]
John NAISBITT, op.
cit.,
p. 24 et 34. – A propose de cet ouvrage, voir Philippe DESTATTE,
Evaluation, prospective et développement régional, p. 31sv,
Charleroi, Institut Jules-Destrée, 2001. – Voir aussi le site de
Megatrends Limited
: http://www.naisbitt.com/ - 28/12/01 et le Trends
Research Institute
(Gerard Celente)
www.trendsresearch.com/
-
28/12/01.
[32]
Joseph COATES and Jennifer JARRATT,
The Future : Trends into the Twenty-First Century,
dans The Annals of the American
Acacdemy of Political and Social Science,
Sage Publications, vol. 522, July 1992, p. 1-151.
[33]
Michel GODET, Manuel de Prospective stratégique, t. 1. Une
indiscipline intellectuelle, p. 176-196, Paris,
Dunod, 1997.
[34]
A noter que, à l'exception de la tendance relative à la course à la
productivité de l'agriculture, cette liste est la même que celle
retenue pour l'ouvrage de Michel GODET, From
anticipation to action…, 1994, p. 254-266.
[35]
Linda GROFF, Trends, Models and Paradigms of Change : Preparing
for Life in the 21st Century, Annual Conference of the World
Future Society, Future Focus 2000, Changes, Challenges & Choices,
Houston, 23 juillet 2000. – Richard S.
KIRBY & Jim MANN, Six Changing Paradigms for the 21st Century,
Annual Conference of the World Future Society,
FutureScope 2001, Exploring the 21st Century,
Minneapolis, 30 juillet 2001.
[36]
Jean-Paul BAILLY, Demain est déjà là, Prospective, débat,
décision publique, p. 57-64, La Tour d'Aigues, Editions de
l'Aube, 1999.
[38]
John GANNON, préface à Global Trends
2015 : A Dialogue About the Future
With Nongovernement
Experts, National Intelligence Council,
Décembre 2000. – John Gannon est
président du National Intelligence Council.
[40]Temps
et territoires, Prospective et expérimentations, Groupe de
Prospective n°6,
p. 21-24, Paris, Datar, Décembre 2001.
[41]
Joseph F. COATES, Long-term Technological Trends and their
Implications for Management, dans
International Journal of Technology Management, 14, 6-9, 1997,
p. 579-595.
[42]
Gary MARX, Ten Trends Educating Children for a Profoundly
Different Future, Arlington, Educational Research Service, 2000.
[43]
Jim BURKE, Global Trends Integration, Annual Conference of
the World Future Society, FutureScope
2001, Exploring the 21st Century, Minneapolis, 29
juillet 2001.
Jim Burke est senior analyste chez
Coates & Jarratt.
[44]
John NAISBITT, op.
cit.,
p. 27.
[45]
On peut citer Les Assises de la Prospective tenues à
l'Université Dauphine à Paris les 8 et 9 décembre 1999 (Organisation
par Futuribles International et le LESOD)
; le Colloque Décision, Prospective,
Auto-organisation organisé par le Conservatoire
national des Arts et Métiers en l'honneur de Jacques Lesourne,
Paris, 11 janvier 2000 ; la Convention annuelle de la World Future
Society à Houston, Texas, 23-25 juillet 2000 Future
Focus 2000 : Changes, Challenges and
Choices ; le séminaire restreint
Les Avancées de la Prospective territoriale organisé par l'OCDE
à Paris les 11 et 12 décembre 2000 ; le Congrès mondial des Systèmes
productifs locaux organisé par l'OCDE et la DATAR, Paris, les 23 et
24 janvier 2001 ; le Forum de l'OCDE Développement durable et
nouvelle économie tenu à Paris, 14-16 mai 2001 ;
Finland Futures
Research, Scenario
Building à Turku (Finlande), 6 et 7 juin 2001 ; la Convention
annuelle de la World Future Society à Minneapolis, Minnesota, 28
juillet - 1er août 2001 FutureScope
2001, Exploring the
21st Century ; Budapest Future
Course 2001 organisé par la World Futures
Studies Federation en partenariat
avec l’UNESCO, 25 août-8 septembre 2001 ; La
XVIIème Conférence mondiale de la World Futures
Studies Federation,
Many Cultures, One World,
Local Development and Globalisation
à Brasov, Roumanie, 5-9 septembre 2001, la conférence
The Role
of foresight in the
selection of
research policy
priorities, Commission européenne,
Séville, 13-14 mai 2002; Foresight
to Scenarios Workshop, Bruxelles,
Commission européenne, 4-5 juillet 2002.
[46]
Particulièrement à l'INET 2001 A Net Odyssey
Mobility and the
Internet, du 5 au 8 juin 2001 à Stockholm ; la réunion du
Conseil des chapitres européens de l'ISOC, sous la présidence du
chapitre Wallonie, Information Society
Policies ‑ Bruxelles, CE, DG Société de l'Information, 7
décembre 2001 ‑ et eGovernment and Administrative Simplification
‑ à Namur, le 8 décembre 2001.
[47]
Limousin Prospective 2017 à Limoges le 26 mai 2000, à
l'initiative de Benoît Lajudie, chef de
projet et rapporteur général de l'exercice de prospective ‑; le
séminaire de l'OCDE sur le Développement des régions intermédiaires
‑ à Châlons en Champagne, Conseil
régional de Champagne-Ardenne, 13 avril 2001 ‑; Millénaire 3 à Lyon
‑ les 28 et 29 juin 2001, avec Patrick Lusson,
secrétaire général de la Mission Prospective de la Communauté
urbaine de Lyon ‑; le séminaire du Groupe prospective de la DATAR,
France 2020 ‑ à Lille les 15 et 16 octobre 2001 ‑; ainsi qu'un
entretien avec M. Jean-Louis Guigou, Délégué, à la
Datar, le 20 juin 2001.
[48]The
Role of Foresight in the selection of research policy priorities,
Seville 13-14 May 2002.
[49]
Par exemple, le
séminaire organisé par
euroProspective à Bruxelles le 26 Juin
2002 : A new future for the Futures
Studies networks, autour de Rick
Slaughter, directeur de
l'Australian Foresight Institute et
president of the World Futures Studies Federation (WFSF).
[50]
Introduction à la veille et à la démarche prospective, Concepts,
méthodes et applications pratiques; Tendances lourdes, signaux
faibles et enjeux du futur en Europe occidentale à l'horizon
2010-2030, organisé par Futuribles International, Paris, 25-26
janvier 2000. – Méthodes et outils de la prospective stratégique,
organisé par Futuribles International en collaboration avec le
Laboratoire d'Investigation prospective et stratégique (LIPS)
du Conservatoire national des Arts et Métiers (CNAM), Paris, 26-27
avril 2000. – Séminaire de formation : La prospective de
l'Europe : tendances et enjeux économiques, sociaux et politiques
de l'Union européenne à l'horizon 2010-2030, organisé par
Futuribles International, Paris, 22-23 juin 2000.–
World Future Society Professionnal
Members' Forum, The
Futures Field : Building Professional Networks, Houston, Texas, 26
juillet 2000. – Les perspectives géopolitiques et
géo-économiques mondiales à l'horizon
2010 et 2025, animé par Jacques Lesourne, Paris, Futuribles, 28
février 2001. – Méthodes et outils de la prospective stratégique,
Paris, organisé par Futuribles International en collaboration avec
le Laboratoire d'Investigation prospective et stratégique (LIPS)
du Conservatoire national des Arts et Métiers (CNAM), Paris, 7 et 8
mars 2001 et les 23 et 24 octobre 2001. – La prospective
territoriale et le développement local, organisé par Futuribles
International, Paris, 25-26 avril 2001 et les 4-5 décembre 2001. –
Introduction à la veille et à la démarche prospective,
organisé par Futuribles International, Paris, 16 et 17 mai 2001. –
Prospective socio-démographique,
organisé par Futuribles International, 21-22 novembre 2001.
[51]
Fabienne GOUX-BAUDIMENT, Edith HEURGON
et Josée LANDRIEU
coord.,
Expertise, débat public : vers une intelligence collective,
p. 349, La Tour d'Aigues, L'Aube, 2001.
[52]
Pour ne prendre qu'un exemple, peut-être le plus marquant,
le Pôle Information de l'Institut
Jules-Destrée a pris part à de nombreux thèmes de discussion et de
travail concernant les NTIC. L'une de ses contributions a été la
constitution d'une base de données reprenant tous les organismes
cités (avec activation du lien vers chaque site internet) sur le
site de l'ISOC Wallonie. Cette base de données est la seule
référence de ce type pour le groupe de discussion sociétale de
l'Internet Society. La consultation de cette base de données donne
une idée sur l'ampleur des travaux de recherche en cours au sujet
des NTIC sur un plan mondial. A titre d'information, les éléments
constituant cette base de données (courriers électroniques) sont au
nombre de 872 pour 1999, 3533 pour 2000 et 4267 pour 2001, 508 au
1er juillet 2002 : conservés et classés par le Pôle Information de
l'Institut Jules-Destrée, ils constituent une source de premier
ordre méritant une analyse construite.
[53]
Louis DIRN, La société française en
tendances, coll. Sociologie d'aujourd'hui, Paris,
Puf, 1990.
[54]
Michel FORSE & Simon LANGLOIS
dir., Tendances comparées des sociétés
post-industrielles, coll. Sociologie d'aujourd'hui,
Paris, Puf, 1995.
[55]
On se souviendra de la définition de Joël de Rosnay : un système
est un ensemble d'éléments en interaction dynamique organisés en
fonction d'un but. J. de ROSNAY,
Le Macroscope, Vers une vision globale, p. 91, Paris, Seuil,
1975. – Pierre PEYRE, Compétences
sociales et relations à autrui, Une approche complexe, p. 204,
Paris-Montréal, L'Harmattan,
2000.
[56]
Pierre GONOD, Dynamique des systèmes
et méthodes prospectives…, p. 23 et 55sv. Pierre Gonod
caractérise le mapping d'abord comme
un positionnement d'éléments, ensuite comme une représentation de
leurs relations (p. 55).
[57]
Jacques LESOURNE, Un homme de notre
siècle, De Polytechnique à la prospective et au journal Le Monde,
p. 478, Paris, Odile Jacobs, 2000.
[58]
Raymond BARRE, Préface dans Hugues de JOUVENEL et
Maria-Angels ROQUE, Catalogne à
l'horizon 2010… , p. 8.
[59]
Note de Fabienne Goux-Baudiment à Philippe Destatte du 24 décembre
2001.
[60]
Pierre GONOD,
L'amont de la prospective territoriale…, p. 15. – Voir aussi
Pierre F. GONOD, Problématique de la
maîtrise sociale de la technologie, dans Analyse des systèmes,
vol. 16, 3, septembre 1990.
[61]
Jerome C. GLENN, Theodore J. GORDON, What we can do about Global
Change,
Annual Conference of the World Future
Society, Future Focus 2000, Changes, Challenges & Choices,
Houston, 24 juillet 2000. –
International Regional Perspectives on the State of the Future,
Annual Conference of the WFS, 25
juillet 2000. – Futures Research around
the World, Annual Conference of the World Future Society,
FutureScope 2001, Exploring
the 21st Century, Minneapolis,
30 juillet 2001. -
Jérome C. GLENN et Theodore J. GORDON, 2002 State of the
Future, p. 8-54, Washington, American
COuncil for The United Nations University, 2002.
[62] Jacques LESOURNE, Plaidoyer pour
une recherche en prospective, cité par Hugues de JOUVENEL,
Pour une recherche en prospective, dans Futuribles, n°137,
Novembre 1989, dans Jacques THEPOT,
Michel GODET, Fabrice ROUBELAT,
Assaad E SAAB, Mélanges en l'honneur
de Jacques Lesourne, p. 238, Paris, Dunod,
2000.
[63]
Dennis L. MEADOWS
ea, Limits to
growth, Londres,
Earth Island Ltd,
1972. – Dennis L. MEADOWS
ea, Halte à la croissance
?,
Paris, Fayard, 1972.
[64]
Eleonora Barbieri
MASINI, Why Futures
Studies ?, p. 14,
Londres, Grey Seal, 1993.
[65]
Michel GODET, Prospective et dynamique des territoires : quelques
leçons d'expériences, Séminaire de réflexion sur la prospective
territoriale, Paris, OCDE - 11 et 12 décembre 2000,
draft, p. 1.